Auto Infos : La Fiat 600e ne propose que deux finitions, une seule batterie, et peu d’équipements. Pourquoi avez-vous adopté cette stratégie ?
Guillaume Clerc : Nous avons fait le choix, il y a deux ans environ, d’avoir une offre automobile extrêmement simple, pour deux raisons : du point de vue des clients, nous voulions leur rendre la vie plus facile dans toutes les phases de choix, que ce soit sur internet comme en concessions. Nous souhaitions gagner en lisibilité, car l’offre automobile dans sa globalité n’est pas compréhensible par tous. La raison secondaire est liée à notre management industriel et commercial. En tant que constructeur, nous cherchons évidemment à optimiser les coûts et rentabiliser l’ensemble de nos investissements. Simplifier la gamme va permettre de réduire le nombre de pièces dans les usines, et ainsi améliorer la gestion de nos stocks. Pour l’instant, nous lançons les versions Red et La Prima, et nous verrons dans 6 mois si nous aurons besoin de l’adapter en fonction des besoins, mais toujours en gardant cette idée de simplicité maximale. De même que pour l’ajout d’une autre batterie, nous y réfléchissons, mais nous n’avons pas prévu de le faire pour l’instant. À ce stade, si je devais faire quelque chose, je réduirai plutôt que d’ajouter.
A. I : Pourquoi avez-vous choisi de positionner la 600e sur le segment B ?
G. C : Le segment B représente 4 millions de voitures en Europe par an, c’est donc un potentiel de 4 millions de clients face à nous. Hormis cela, le segment B est le territoire de Fiat. La marque en est sortie petit à petit depuis quelques années pour des raisons de gestion économique. La création de Stellantis a redonné une capacité d’investissement extrêmement forte à la marque Fiat, qui en bénéficie avec le plus grand bonheur, mais à sa façon. La simplicité en est un parfait exemple. Le segment B est le cœur de notre histoire. Il représente la mobilité urbaine, notamment dans les villes italiennes où les rues sont étroites. Donc les segments A et B sont nos territoires. Nous avons fait le choix de revenir avec la 600 qui est une grosse berline. On est entre le monde de la berline et celui du SUV car elle ne va pas emprunter tous les codes agressifs du SUV. Le SUV fonctionne évidemment, je ne suis pas là pour le critiquer, mais ce n’est pas ce que nous avons voulu faire.
A. I : Pour quelle stratégie commerciale avez-vous opté ?
G. C : Après la France, l’Italie et l’Allemagne en 2023, la Fiat 600 électrique arrivera l’année prochaine sur le reste de l’Europe, mais aussi en Turquie, en Israël et au Maroc. Fiat a une forte présence sur le marché européen, en Afrique & Moyen-Orient, et en Amérique du Sud. Grâce à cela, la marque est numéro chez Stellantis en termes de volumes. Mais 90 % des volumes de la 600 seront européens. Pour 2024, nous avons décidé de faire la bascule électrique + mild hybrid. En revanche, il n’y aura pas de moteur à combustion classique non électrifié. Notre vrai challenge réside sur la version 100 % électrique et de réussir à booster les ventes de cette technologie. La France est un des marchés les plus matures d’Europe, car le gouvernement pousse cette transition. Notre défi sera de faire aussi bien avec la 600 que la 500 électrique, qui est numéro 1 du segment A et segment B. Pour autant, elles ne se feront pas concurrence car la 600 a une vocation familiale.
A. I : La Fiat 600e démarre à 35 900 euros, comment avez-vous établi la grille tarifaire ?
G. C : Nous regardons toujours ce que fait Renault. Nous sommes plus petits qu’une Captur, plus gros qu’une Clio. On ne s’interdit pas de regarder des offres un peu plus haut de gamme également. Nous nous positionnement en fonction de la concurrence, mais aussi du pouvoir d’achat de nos clients afin qu’ils puissent prendre le chemin du tout électrique. La mensualité est extrêmement importante à travailler, notamment en France où l’électricité n’est pas chère comparé à d’autres pays européens. L’approche TCO y est majeure, car nous parvenons à montrer aux clients qu’une alternative aux offres thermiques est possible avec l’électrique.
A. I : Quelle est la cible clients de la Fiat 600 ?
G. C : Nous visons des couples sans enfant ou avec un enfant. C’est une voiture parfaite pour ce type de familles qui auront en moyenne entre 40 et 50 ans. Je pense aussi aux retraités qui ont du pouvoir d’achat, qui ont eu par le passé des voitures des segments C et D, mais qui souhaitent revenir sur quelque chose de plus contenu en taille. Dans notre communication, nous allons nous adresser à une clientèle jeune, mais avec ce type d’offre, la cible est multiple.
A. I : Quel est l’avenir de Fiat au sein de Stellantis ?
G. C : Fiat va lancer un nouveau modèle chaque année. Stellantis a la volonté de mettre Fiat dans un rythme de renouvellement conséquent. Stellantis a fait le choix de croire en Fiat, d’investir beaucoup et tout de suite. Même si le portefeuille de marques est important, en règle générale, la couverture internationale et le positionnement des marques sont complémentaires. Aussi, dans la mesure où Stellantis a choisi une empreinte carbone neutre en 2038, cela ne pourra pas se réaliser qu’avec des grosses voitures. Et qui est le roi de la petite voiture ? C’est Fiat ! Pour rappel, nous réalisons 40 % de nos ventes en Europe, 40 % en Amérique du Sud et 15 % en Afrique & Moyen-Orient.
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