Producteur, songwriter, DJ, Vince Clarke le pionnier britannique de la synthpop, qui vit à New York depuis vingt ans, sort son premier album solo depuis 2009, “Songs of Silence”, un opus electro-ambient 100 % instrumental.
Vous sortez votre premier album solo, parlez-nous de la genèse de ce projet.
Nous nous sommes retrouvés confinés à la fin de la dernière tournée d’Erasure. J’avais besoin de m’occuper alors je me suis mis à composer mais sans avoir de véritable projet d’album. Comme je ne travaillais pas avec Andy ou un autre chanteur, je ne voulais pas me lancer dans un projet de songwriting traditionnel (mélodie, couplet, refrain) mais juste travailler sur des paysages sonores.
Pourquoi de l’électro-ambient ?
J’ai tenu, avec un ami, pendant des années une émission sur la musique électronique sur une radio locale associative où on présentait des nouveautés toutes les deux semaines. J’ai découvert pleins de nouveaux sons et de groupes. Ces deux dernières années, j’ai écouté beaucoup de musique ambient électronique comme le travail d’Alessandro Cortini. Ce genre a beaucoup évolué et est devenu bien plus intéressant que juste de la musique de cours de yoga avec des chants de baleines derrière (rires) ! Outre la pandémie, je vivais aussi une période de ma vie personnelle assez triste et cela transparait forcément dans ma musique.
Est-ce que votre ville d’adoption, New York, vous a influencé ?
Je n’aime plus y vivre… alors peut-être que oui cela influence mon travail. Quand j’ai emménagé ici il y a vingt ans, c’était très excitant. Maintenant beaucoup moins… ça doit être l’âge. Il fait sérieusement froid ici et je déteste ça ! (Rires) Et puis, j’ai le mal du pays. Si j’avais été sur une plage au soleil, j’aurais sûrement composé quelque chose de différent. Quand j’ai fait écouter ces titres à mon ami de la maison de disques, j’ai été estomaqué d’entendre qu’il voulait en faire un album !
Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Certains titres ont démarré un peu comme des morceaux de science-fiction car je regardais beaucoup de films de ce genre pendant le confinement, notamment Blade Runner 2. J’ai commencé à porter plus d’attention aux bandes originales et cela a souvent été un point de départ pour mon travail. Quand la maison de disque a décidé de faire l’album, j’ai réécouté tous les instrumentaux et les idées de titres me sont venues très facilement.
Pourriez-vous nous donner quelques exemples ?
Le son de “Cathedral” par exemple, mon morceau préféré, a un côté grandiose et ample. Pour “Last Transmission”, je venais de regarder le film Seul sur Mars avec Matt Damon et bien sûr il y a aussi une allusion à Joy Division. La frénésie du titre “White Rabbit” m’a rappelé une voisine qui est toujours très affairée et le film Alice aux pays des merveilles. Pour “Passage”, j’ai imaginé des gens qui parcouraient un long chemin difficile vers un monde meilleur, une histoire de réfugiés. Pour “Mitosis”, je crois que l’idée m’est venue après avoir regardé des vidéos scientifiques de divisions de cellules humaines. Pour “Blackleg”, j’ai utilisé un sample que Martin Ware m’avait proposé il y a quelques années quand on bossait sur une installation multimédia et je n’avais jamais réussi à faire quelque chose avec. J’ai fait un test sur mon instrument et il collait parfaitement. C’est ce que j’appelle le karma (Rires). Le titre n’est pas un engagement politique de ma part mais plutôt une observation historique.
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