De Prince à Aretha Franklin, de Charles Mingus à Stromae, notre sélection de coffrets et belles rééditions pour faire plaisir à ses proches… ou à soi.
Pour le dixième anniversaire de l’album de Stromae « Racine carée », l’artiste sort une superbe édition en coffret. Photo Dati Bento/Universal Music
Publié le 28 novembre 2023 à 09h00
POP/ROCK
Prince and the New Power Generation, “Diamonds and Pearls”
En 1991, « Diamonds and Pearls » marque le retour gagnant de Prince. Photo Randee St. Nicholas
Personne ne sait quand les archives de Prince se refermeront. Pour l’heure, la pénurie n’est pas au programme. La réédition de Diamonds and Pearls, l’album du retour au R’n’B, en 1991, est agrémentée d’une cinquantaine d’inédits— ébauches ou compositions épiques — et d’enregistrements live en surchauffe. Prince avait alors besoin de se refaire et courtisait la jeune Amérique noire en lui promettant une fête funk digne de l’âge d’or de 1999. Orgiaque.
Warner, coffret 7 CD + 1 Blu-ray + 1 livre, 147 €.
Télérama présente : “Le Son des séries noires” et “Queer Sounds”
Deux volumes pour lancer une collection conçue par Télérama (Laurent Rigoulet et Hugo Cassavetti) de compilations thématiques haut de gamme, dotées de pochettes élégantes et de notes développées. Une vingtaine de titres chacun, le premier est consacré à des chansons qui, au-delà de les illustrer, ont porté les meilleures séries noires anglo-saxonnes (des Soprano à Peaky Blinders), où l’on retrouve Nick Cave, The Cramps, Van Morrison ou Lana Del Rey. Le second, à l’heure où la question du genre est désormais sur toutes les lèvres, honore ces artistes précurseurs qui, depuis les 60’s, ont osé chanter, dans un monde alors moins tolérant, leur différence et leur liberté d’être et d’aimer. Au programme, les Kinks, Lou Reed, Klaus Nomi, Ezra Furman et tant d’autres à découvrir.
Pias, 1 CD, 23 €, ou 2 vinyles, 35 €.
Soft Cell, “Non-Stop Erotic Cabaret”
En 1981, Marc Almond et Dave Ball allument dans l’Angleterre de Margaret Thatcher un feu de joie près duquel les jeunes pousses de la pop électronique, de Bronski Beat aux Pet Shop Boys, apprennent à danser et à penser. Porté haut par une perle soul méconnue (Tainted Love, de Gloria Jones), Non-Stop Erotic Cabaret est un merveilleux album de pure débauche. Sous les néons de Soho, les plages d’ivresse synthétique se fondent aux ballades vénéneuses dans les derniers feux de l’avant-sida. Tout ça vaut bien une célébration dans les grandes largeurs, avec versions longues et remix, dont le medley Tainted Love/Where Did Our Love Go qui n’en finira jamais de nous mettre à genoux.
Universal, coffret 6 CD + 1 livret, 53 €, ou 2 vinyles, 37 €.
Devo, “50 Years of De-Evolution” et “Art Devo 1973-1977”
Devo, le groupe le plus barjo qu’ait produit l’Ohio. Ici, en 1981. Photo Moshe Brakha/Warner Music Group
Deux recueils pour célébrer le groupe le plus dingo d’Amérique, que le grand public a découvert en 1978 avec une reprise robotique du (I Can’t Get No) Satisfaction, des Rolling Stones. À l’époque, David Bowie les présentait comme « le groupe du futur », le boss de Virgin leur proposait d’accueillir en leur sein le chanteur des Sex Pistols et ils secouaient les foules avec un mélange de théories dadaïstes, d’hymnes loufoques et de morceaux survitaminés qui filaient à vitesse grand V, des années punk à celles de la new wave synthétique.
Art Devo 1973-1977, Futurismo, coffret 3 vinyles, 110 €.
50 Years of De-Evolution, Rhino/Warner, 2 vinyles, 36 €.
The Who, “Who’s Next/Life House”
Pour beaucoup, Who’s Next, publié en 1971, reste le chef-d’œuvre de Pete Townshend et de sa clique. Mais avec ses classiques — Baba O’Riley, Behind Blue Eyes et Won’t Get Fooled Again —, cet album n’était que la pointe d’un colossal iceberg : le conceptuel Life House, à travers lequel Townshend, qui avait écrit des dizaines de titres, ambitionnait de projeter le rock dans une autre dimension. Un coffret dantesque de dix CD, époustouflant par sa qualité, en
relate la genèse et les ramifications. Pour accro fortuné, certes. Les autres se contenteront de la version digest en 2 CD.
Polydor/Universal, 10 CD + 1 Blu-ray, 2 livres et des objets divers, 225 €.
Aretha Franklin, “A Portrait of the Queen”
La discographie d’Aretha Franklin est un parcours accidenté qui, selon les humeurs des producteurs, l’a menée du gospel au disco, de la fadaise à la transe. Au milieu du chemin, le début des années 1970, que documente ce coffret, est une période stable et consistante pendant laquelle elle enregistre ses derniers chefs-d’œuvre de soul pure et dure (Spirit in the Dark et Young, Gifted and Black) et des albums restés méconnus où la grâce la visite de manière fulgurante, comme sur Angel, écrit par sa sœur Carolyn, ou sa reprise de Stevie Wonder Until You Come Back to Me. Quelques standards en bonus.
BMG, 5 CD + 1 livret, 52 €.
Fun Boy Three, “The Complete”
Quel meilleur hommage rendre au regretté Terry Hall, bouleversante voix des Specials, disparu l’hiver dernier, que de se replonger dans cette intégrale de Fun Boy Three, groupe qu’il forma en 1981 avec Neville Staple et Lynval Golding ? Cinq CD bien garnis, plus un DVD de clips, de prestations télé et d’un concert font le tour de la pop tribale et captivante de ce trio d’une divine causticité. Une passionnante exploration de l’univers musical joyeusement alarmiste ouvert avec Ghost Town.
Chrysalis, 5 CD + 1 DVD, 56 €.
Stevie Nicks, “Complete Studio Albums and Rarities”
Stevie Nicks sur scène au Los Angeles Forum, à Inglewood (Californie), le 6 décembre 1979. Photo Bob Riha, Jr./Getty Images
On lui doit quelques-unes des meilleures chansons de Fleetwood Mac (de Dreams à Sara). Mais Stevie Nicks, avec son unique timbre voilé et envoûtant de femme-enfant, a aussi publié des disques solo de qualité — malgré une production 80’s assez datée —, qui n’ont fait que renforcer son aura de sensuelle sorcière hippie. Ses huit albums, complétés d’un double CD de raretés, sont réunis dans un coffret dont on regrettera seulement l’absence de livret. Il y aurait eu de quoi faire pourtant.
Rhino, Warner, 10 CD, 90 €.
The Teardrop Explodes, “Culture Bunker”
Julian Cope n’a pas attendu de publier une trentaine d’albums solo pour devenir le plus dément et attendrissant des excentriques du rock anglais. L’érudit rock de Liverpool émergea dès la fin des 70’s avec son groupe The Teardrop Explodes, injectant une solide dose de psychédélisme et de krautrock dans sa new wave sous influence de grands aînés comme Scott Walker ou Syd Barrett. Une œuvre protéiforme, capable de perfection pop (Treason, When I Dream, Ha Ha I’m Drowning…) comme de digressions néo-progressives hallucinées, qui remplit un superbe coffret de six CD agrémenté d’un copieux et riche livret. Passionnant pour les initiés.
Universal (import), 6 CD, 90 €, ou 7 vinyles, 180 €.
Joni Mitchell, “Archives, volume 3 : The Asylum Years (1972-1975)”
Ce coffret couvre une phase essentielle d’un parcours qui, en trois ans, a vu l’autrice du déjà classique Blue affirmer son indépendance, évoluant de sirène folk surdouée (For the Roses) en musicienne et arrangeuse affranchie de tout carcan stylistique, brassant jazz et world music sur le visionnaire The Hissing of Summer Lawns. Au long de cinq disques de versions alternatives, de sessions live ou de jams récréatives, on reste scotché par la fraîcheur et l’intensité de chaque performance d’une artiste intègre à la douceur inouïe. Son rire craquant, entre les morceaux, ne fait que renforcer la gravité et à la profondeur de ses textes.
Rhino/Warner, 5 CD + livret, 75 €.
CHANSON
Nino Ferrer, “Nino rebel”
Comme Aznavour, Nino Ferrer s’offre un coffret en trois volumes thématiques : Dandy, Groovy et Rebel. Dans cette collection, chaque double CD contient hélas le même best of en guise de premier disque, ce qui dissuade d’acheter les trois… Puisqu’il faut choisir entre les multiples facettes du chanteur qui tenta de décoller son étiquette d’artiste rigolo à la suite du succès des Cornichons ou de Mirza, on penche sans hésiter pour Nino Rebel. Parce que Ferrer s’y affranchit des formats de l’industrie dans les années 1970 et plonge dans les délices du rock progressif.
Panthéon/Barclay, 2 CD, 16 €.
Yves Simon, “Intégrale Albums studio (1973-1985)”
Au pays des merveilles d’Yves Simon : gauloises bleues et diabolos menthe. Ici, en décembre 2007. Photo Éric CATARINA/GAMMA
Le plus discret des grands, qui imprima sa marque, et pas seulement chez ses héritiers folk-rock les plus évidents. Ce n’est pas une intégrale complète, mais celle de sa période RCA, de 1973 à 1985, la plus longue, avant son passage chez Barclay. La plus fructueuse aussi, puisqu’elle contient tous ses succès : Au pays des merveilles de Juliet, J’ai rêvé New York, Les Héros de Barbès… Voyageur, écrivain, Yves Simon a chanté les diabolos menthe, mais plus encore les villes, les marginaux, les paumés.
RCA, coffret 9 vinyles, 175 €.
“Brel-Brassens, les voisins magnifiques”
À la fin des années 1960, Jacques Brel et Georges Brassens furent voisins d’immeuble. L’anecdote est prétexte à un coffret qui retrace en cinq volumes la proximité autant que les divergences de ces deux amis. Proximité ? S’en tenir à l’essentiel : l’amour, l’amitié, le temps qui passe… Des thématiques qui permettent de regrouper leurs œuvres et de voir à quel point les deux hommes portaient un regard différent sur le monde. Calme et bonhomme pour Brassens l’anticlérical qui moque les bassesses, ironise, mais garde la foi. Fiévreux et inquiet pour Brel, qui n’aime rien tant que mettre du sel sur la plaie et la soigner au son d’un accordéon virevoltant.
Panthéon/Universal, 5 CD, 20 €.
“Starmania”
Le succès de la reprise par Thomas Jolly redonne des ailes à l’opéra rock de Michel Berger et Luc Plamondon et l’envie de la comparer aux plus marquantes des précédentes versions, l’originale enregistrée en 1979, puis celle de 1988, qui révéla Maurane au grand public. Aux synthétiseurs maigrelets de 1988, on préfère évidemment l’orchestration tout en chaleur de la première. Elle accompagne à merveille des voix (Daniel Balavoine, Fabienne Thibeault, Diane Dufresne, France Gall) qui cherchent moins la puissance que les nuances. Le livret contient les paroles, rappelle les intentions des auteurs et offre de touchantes photos.
Warner Music France, coffret 5 CD + 1 Blu-ray, 33 €.
Disiz, “L’Amour…”
La réédition d’un des succès surprises de l’année 2022, agrémenté de cinq morceaux inédits à la hauteur. Sur le bien nommé L’Amour…, le rappeur Disiz (ex-Disiz la Peste) aura donc attendu de dépasser la quarantaine pour s’assumer pleinement comme chanteur. Pour aller au fond des sentiments, parfois de leur laideur, avec cette voix de tête, il faut du courage. La rencontre avec le talentueux musicien et producteur sonore LUCASV a rendu possible cette aventure, dans une ambiance post-soul envoûtante, quelque part entre le Marvin Gaye des années 1970 et les dernières tendances du rap le plus ouvert façon Tyler, The Creator. Un coup de maître.
Sublime/Capitol, édition deluxe, 1 CD, 14 €, ou 2 vinyles, 48 €.
Stromae, “Racine carrée”
Stromae fête les 10 ans de son album « Racine carrée », son plus grand succès. Photo Jérôme Bonnet pour Télérama
L’objet est superbe, comme souvent chez Stromae, attaché à l’image autant qu’à la musique. Un grand coffret blanc taille vinyle avec son profil, garni d’un épais livret fourni en textes et photos de coulisses. L’artiste, qui a dû se mettre au repos forcé en plein milieu de sa dernière tournée, offre ici un résumé de ce qui reste à ce jour son plus grand succès : Racine carrée, son deuxième album, et la tournée extraordinaire qui le suivit. Elle l’était de par sa scénographie, ses chorégraphies, son énergie à la hauteur du phénomène d’alors.
Édition limitée (10e anniversaire), 1 CD + 1 livret, 35 €, ou 2 vinyles + 1 livret, 138 €.
Serge Gainsbourg, “L’Homme à tête de chou (Mix 2023)”
On connaît le chef-d’œuvre avec la voix de Gainsbourg très en avant, qui en deviendra la marque. Et pour cause, le mixage d’origine n’avait pas pu, pour des raisons techniques liées à l’époque, capturer la richesse instrumentale présente dans le studio de Londres en 1976, quand il s’était entouré des meilleurs musiciens d’alors, sauf à baisser la voix et à perdre l’esprit de l’album. En permettant de ne pas choisir entre les deux, ce nouveau mixage offre le privilège inouï de se croire dans la cabine au moment de l’enregistrement et de découvrir des subtilités inaudibles jusqu’ici, très clairement expliquées dans le livret. D’autant plus que le deuxième CD offre les versions instrumentales.
Panthéon/Universal, 2 CD, 25 €.
“Barbara au Théâtre des Capucines”
Parmi une série de soirées données en novembre 1963, fondatrices dans la carrière de Barbara, la première, le 5 novembre, fut la seule enregistrée et décida Denise Glaser, alors grande prêtresse de la chanson dans son émission télévisée Discorama, à inviter la jeune chanteuse. Surtout, Barbara y joua pour la première fois Nantes, chanson d’amour et de deuil adressée à son père. L’écouter en livrer une interprétation déjà impeccable, tout en émotion contenue, continue de bouleverser tout amateur de la dame en noir. Dommage qu’à l’occasion de cette réédition, importante pour les plus jeunes générations, aucune de ces informations ne figure sur la pochette.
BMG, 1 CD, 9 €, ou 1 vinyle, 21 €.
Yves Duteil, “Chemin d’écriture, l’intégrale des chansons”
Son regard doux et les mots gentils de ses chansons l’ont définitivement classé dans la catégorie des naïfs faciles à dézinguer. Cette impressionnante intégrale — deux cents chansons, livret avec paroles, analyses — rappelle qu’Yves Duteil a manié des sonorités plus modernes (Virages) que son Petit Pont de bois ou sa Tarentelle, titres stars des dimanches télévisés dans les années 1980. Ou que ce bucolique a grandi dans le très urbain quartier parisien des Batignolles auprès d’un père taiseux. Pas de quoi convertir les réfractaires à sa béatitude, mais assez pour l’écouter d’une oreille plus curieuse.
Bayard Musique, 16 CD, 105 €.
MONDE
Rachid Taha, “Cétoului”
Rachid Taha à Paris, en 2012. Photo Mathieu Zazzo / Pasco&co
Pas de livret, seulement la discographie au complet d’une figure majeure du rock hexagonal, additionnée d’un album live et de remix. De Rhorhomanie, qui révéla le groupe Carte de séjour en 1984, à Je suis africain, paru un an après sa mort en septembre 2018, on se replonge dans la douce France d’un Algérien aussi trash qu’attachant, qui arabisa Charles Trenet et les Clash avec la même verve visionnaire.
Universal, coffret 14 CD, 45 €.
Omar Sosa, “An AfroCuban Excursion”
Chez le Cubain Omar Sosa, pianiste mystique et nomade de l’afro-latin jazz, il est toujours question d’un voyage. Cette nouvelle excursion, qui compile des enregistrements des années 1990 et 2000, tient ainsi du pèlerinage. Au menu : un florilège de rencontres (le trompettiste Paolo Fresu sur Afreecanos West, l’oudiste Dhafer Youssef et le clarinettiste Paquito D’Rivera sur l’exaltant Ternura…) et de pulsations expérimentales. Prière à la divinité Elegguá, ballade au rythme des tablas indiens… tout s’agrège dans son groove unique, hanté par la santería.
G-Three/Jazz Amnesty Sound System, 2 vinyles, 36 €.
Fela Kuti, “Box Set #6”
La réédition de l’œuvre titanesque de l’icône nigériane se poursuit, avec un coffret parrainé par le rappeur et producteur (entre autres) Idris Elba. Ce dernier a sélectionné les albums Open & Close (1971), l’exultant Opposite People (1977), Stalemate (1977), Music of Many Colors (1980), le fabuleux Live in Amsterdam (1984) et I Go Shout Plenty !!! (1986). Le livret, de l’historien de l’afrobeat Chris May, est épais et les six pochettes originales, pour la plupart conçues par l’artiste Lemi Ghariokwu (un poster est inclus), ont été recréées à l’identique.
Knitting Factory/Partisan Records, coffret 6 vinyles, 111 €.
JAZZ
Sonny Rollins, “Go West ! The Contemporary Records Albums”
Sonny Rollins à son arrivée à l’aéroport d’Orly le 3 novembre 1965, à l’occasion du Paris Jazz Festival. Photo Jean-Pierre Leloir/GAMMA RAPHO
Attention à ne pas placer ce coffret trop en évidence sous le sapin : le Père Noël risquerait de vous le piquer. Deux classiques indispensables, un album entier de prises alternatives et un livret de 45 pages, le tout restitué avec le meilleur son et de belles photos, sûr que ce n’est pas du bricolage de lutins lapons. Au cas où vous ne sauriez rien de l’œuvre de Sonny Rollins, porte d’entrée très indiquée.
Craft, coffret 3 CD + 1 livret, 33 €.
Charles Mingus, “Changes”
Si les dernières années de la vie de Charles Mingus furent marquées par la progression d’une maladie qui le paralysa peu à peu avant de l’emporter, tant que ses doigts purent tenir une contrebasse et qu’il put indiquer comment jouer sa musique, son génie ne connut pas d’éclipse. En témoigne ce coffret qui rassemble ses sept derniers albums, enregistrés pour Atlantic entre 1974 et 1978. Un Mingus moins féroce peut-être, pas moins ambitieux ni moins surprenant, et toujours aussi bien entouré (George Adams, les frères Brecker, l’indéfectible Dannie Richmond…). En supplément, quelques prises alternatives bienvenues et un livret détaillé pour tout savoir de ces sessions.
Atlantic, coffret 7 CD + 1 livret, 42 €.
Art Blakey & the Jazz Messengers, “Live in Paris, 13 mai 1961”
Le son n’est pas terrible, d’accord. Mais passé les premières mesures, plus de raison d’y songer tant la musique explose, swingue et déborde d’intelligence. Directeur musical des Messengers d’Art Blakey (batterie), le jeune et déjà génial Wayne Shorter (sax) les entraîne vers les vastes aires d’improvisation ouvertes par Miles Davis et John Coltrane, permettant à Lee Morgan (trompette), Bobby Timmons (piano) et Jymie Merritt (contrebasse) de laisser parler leur immense talent. Une fête fantastique, qui culmine dans un Night in Tunisia à forcer les portes du paradis.
Frémeaux & Associés, coffret 3 CD, 24 €.
Michel Petrucciani, “The Montreux Years”
Michel Petrucciani a-t-il jamais rien exécuté sur scène qui soit négligeable ? La question se pose tant les lives qui continuent de paraître, invariablement, laissent admiratifs. Celui-ci ne fait pas exception et prouve l’aisance du pianiste à adopter toutes les formules (solo, duo, quartet, quintet et sextet). Puisant dans divers concerts donnés à Montreux dans les années 1990, c’est un feu d’artifice constant, un pur jaillissement de vitalité, à l’image de ce musicien demeuré unique.
BMG, 1 CD, 15 €.
CLASSIQUE
Concertgebouworkest Bernard Haitink, “Complete Studio Recordings”
Le chef d’orchestre néerlandais Bernard Haitink. Photo Jérôme De Perlinghi/Corbis via Getty Images
Devant le superbe Orchestre royal du Concertgebouw, où il officia de 1961 à 1988 comme chef principal, puis de 1999 à 2019 comme chef honoraire, l’Amstellodamois Bernard Haitink (1929-2021) pouvait à bon droit se sentir chez lui. Dominée par le répertoire des XIXe et XXe siècles, dont de mémorables cycles Bruckner et Mahler, leur fructueuse collaboration produisit 1 513 concerts et cette imposante somme discographique, où tout vaut d’être (ré)écouté.
Decca, coffret 113 CD + 4 DVD, 276 €.
Ernest Ansermet, “The Stereo Years”
Ex-mathématicien, le chef suisse Ernest Ansermet (1883-1969) savait conjuguer flamme et rigueur, notamment avec son Orchestre de la Suisse romande, qu’il fonda et dirigea de 1918 à 1967. L’irruption de la stéréophonie relança son imagination et favorisa la construction de cette riche collection d’enregistrements réalisés entre 1954 et 1968. Parmi les répertoires privilégiés, beaucoup de musique française (dont de fabuleuses Nuits d’été d’Hector Berlioz avec Régine Crespin) et une place de choix pour l’ami Igor Stravinsky et les compatriotes (et contemporains) Arthur Honegger et Frank Martin.
Decca, coffret 88 CD, 217 €.
Victoria de los Ángeles, “The Warner Classics Edition”
Comme Maria Callas, la soprano Victoria López García (1923-2005), dite « de los Ángeles », aurait eu 100 ans en 2023 et méritait que l’on commémore la chaleur et la lumière de son timbre, l’élégance séductrice de sa ligne de chant, sa prononciation impeccable (quel français !) et son charisme discret. Vingt et une intégrales d’opéra y contribuent (avec d’inoubliables Manon, Mélisande et Carmen), ainsi que de nombreux concerts et récitals d’airs lyriques, de lieder, de mélodies et, bien sûr, du répertoire traditionnel espagnol.
Warner Classics, coffret 59 CD, 145 €.
Nicholas Angelich, “Hommage”
Faute de pouvoir se consoler de la disparition précoce du pianiste américain Nicholas Angelich (1970-2022), on applaudit l’initiative de son label, Erato, qui offre avec cette sélection d’enregistrements live inédits, réalisés entre 1999 et 2016, un formidable complément aux gravures de studio. Qu’Angelich soit seul ou accompagné par l’orchestre (le Philharmonique de Radio France, l’Orchestre national du Théâtre du Capitole) ou d’autres grands chambristes, on savoure, une fois encore, son jeu athlétique et sensible, aux multiples couleurs et à la sonorité pleine et ronde.
Erato, coffret 7 CD, 44 €.
Ferenc Fricsay, “Complete Recordings on Deutsche Grammophon”
Ferenc Fricsay, le chef d’orchestre hongrois à la curiosité insatiable. Photo Max Jacoby
Trop tôt disparu, Ferenc Fricsay (1914-1963) excellait autant dans le domaine du symphonique que dans l’opéra. En témoignèrent deux coffrets, en 2014 et 2015, désormais rassemblés dans cette intégrale. Qui rend compte, entre autres mérites, de l’infinie curiosité du chef hongrois et de sa complicité, de 1949 à 1961, avec les grands orchestres berlinois comme avec des artistes tels que Yehudi Menuhin, Clara Haskil ou Dietrich Fischer-Dieskau.
Deutsche Grammophon, coffret 86 CD + 1 DVD, 180 €.
“Compositrices, New Light on French Romantic Women Composers”
Le sort injuste fait aux compositrices, ignorées par leurs contemporains et/ou snobées par la postérité, ne pouvait échapper au Centre de musique romantique française du Palazzetto Bru Zane, spécialiste des redécouvertes patrimoniales. Entre 2019 et 2022, il a confié à d’excellents interprètes le soin d’y remédier. De Mel Bonis à Pauline Viardot, en passant par Marthe Bracquemond et Madeleine Lemariey, on (ré)écoutera vingt et une oubliées, à travers cent soixante-cinq œuvres, de la grande symphonie à la plus modeste mélodie.
Palazzetto Bru Zane, coffret 8 CD, 45 €.
Emerson String Quartet, “The New Complete Recordings on Deutsche Grammophon”
À l’heure où les Emerson effectuent leur tournée d’adieux, la réédition enrichie de la rétrospective parue en 2016 revient sur la carrière de ce quatuor américain, fondé en 1976 par deux violonistes de la Juilliard School : Philip Setzer et Eugene Drucker, rejoints par l’altiste Lawrence Dutton et le violoncelliste David Finckel (puis Paul Watkins après 2013). Gravé sur trois décennies, ce legs va de la musique ancienne à la création contemporaine, et inclut leurs brillantes intégrales des quatuors de Beethoven, Mendelssohn, Bartók et Chostakovitch.
Deutsche Grammophon, coffret 51 CD, 113 €.
Philippe Herreweghe, “J.S. Bach Cantatas”
Depuis les années 1970, le chef flamand Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale de Gand entretiennent une passion sans exclusive pour la musique de Johann Sebastian Bach.
En sortirent, à l’époque où Herreweghe n’avait pas encore créé son propre label Phi, et avec la collaboration de la Chapelle royale, de magnifiques enregistrements, dont ce florilège de cantates rééditées dans leur intégralité par Harmonia Mundi. On y retrouve un art de faire chanter les instruments et une recherche constante d’adéquation entre le mot et la note, qui restent profondément d’actualité.
Harmonia Mundi, coffret 17 CD, 35 €.
Leif Ove Andsnes, “The Warner Classics Edition 1990-2010”
Avant d’être signé par Sony, le pianiste norvégien Leif Ove Andsnes (né en 1970), au jeu intense et subtil, fit de brillants débuts chez Virgin Classics et EMI. En résultèrent trois décennies de gravures solistes, chambristes et concertantes, regroupées dans ce coffret où figurent, entre autres hauts faits, de superbes concertos de Rachmaninov avec Antonio Pappano, des pièces de Grieg jouées sur le piano du compositeur, des trios de Schumann avec Christian et Tanja Tetzlaff, des concertos de Mozart en joué-dirigé, et la création d’un concerto de Marc-André Dalbavie.
Warner Classics, coffret 36 CD, 100 €.
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