« Quatre mariages pour une lune de miel », « Top Chef »… Les divertissements télés touchés aussi par la grève
Ils devaient filmer ce lundi 4 décembre deux « reveal », séquence de résultat qui clôt une semaine d’émissions quotidiennes de « Quatre mariages pour une lune de miel », sur TF 1. Mais, répondant au nouvel appel à la grève de quatre jours dans le secteur de l’audiovisuel, l’équipe du tournage a voté pour. Et remballé tout le matériel en début de journée. « Les postes incontournables, les cadreurs et ingénieur du son, l’édito aussi, on s’est tous arrêtés, explique un des cadreurs », joint au téléphone.
« On avait tous la boule au ventre en votant, on n’a pas l’habitude de faire grève, on n’est pas dans la rue tous les jours, mais on espère qu’ainsi les producteurs comprendront que non, ce n’est plus possible. »
Dans le cadre de négociations ouvertes, les organisations de producteurs ont proposé en fin de semaine dernière des revalorisations de 3 et 5 % selon le niveau de salaire, et réaffirment « la nécessité » de différencier les rémunérations selon la branche, « fiction, documentaire, flux et captation de spectacle vivant ». Ce que les syndicats à l’origine du préavis de grève – Syndicat des professionnels des industries de l’audiovisuel et du cinéma (SPIAC -CGT), Syndicat national des techniciens et travailleurs de la production cinématographique et de télévision (SNTPCT) et CFTC – refusent pour l’instant, maintenant leur demande de 20 % de revalorisation.
« On est loin du compte, pointe Laurent Blois, Secrétaire général du SPIAC-CGT. Le mouvement est historique, je ne sais pas s’ils jouent le pourrissement de la situation, mais ils ne pourront pas ignorer cette grève longtemps. »
« On accepte depuis longtemps des conditions souvent impossibles »
D’autant que d’autres tournages d’émission de flux – divertissement, magazine ou information – ont été pour la première fois impactés ce lundi, dont celui de « Top Chef », la compétition culinaire de M 6, arrivé au stade des quarts de finale dans les studios de la Plaine Saint-Denis, et qui a connu un débrayage d’une heure. « J’ai plus de vingt ans de métier et c’est la première fois que je vois ça sur du flux, note un des cadreurs qui a voté l’action. De peur de ne pas être repris, on accepte depuis longtemps des conditions souvent impossibles, des journées de douze heures ou plus payées huit par certaines productions, mais si on ne dit rien, on se fera bouffer. »
Le montage de « Qui veut être mon associé », diffusé sur M 6, a également été interrompu pour quatre jours, jusqu’à jeudi inclus. « Lors des négociations, il semble que les producteurs aient dit qu’on ne faisait pas peur, on s’est dit qu’ils nous prenaient pour des rigolos, mais nos revendications sont sérieuses », explique l’un des dix monteurs de l’émission, qui ont acté l’arrêt de travail de quatre jours à l’unanimité.
Après des débrayages, puis une journée de grève, et désormais ces quatre jours, l’expression du mécontentement de l’équipe prend de l’ampleur. « J’ai dix-huit ans de métier et j’ai perdu en pouvoir d’achat depuis que j’ai commencé, poursuit-il. On était un peu timides au départ, mais ils ont réveillé le lion qui dormait, on est prêt à tout arrêter et ça va finir par impacter la diffusion. Cinq jours de grève pour dix monteurs, cela représente l’équivalent de trois émissions de prime… »
« Hello, je me suis débooké de The Voice Kids ce matin »
« Cette grève s’étend et grossit, note Damien Labbé président de l’Union nationale de défense des intermittents de l’audiovisuel (UNDIA). On assiste à des grèves de plusieurs jours. » Ainsi de la postproduction de « Pékin Express », sur quatre jours, mais aussi celle de « Vendredi tout est permis », de la société « Elephant », de « Top Gear » encore. Dans le secteur de la fiction, fer de lance de la mobilisation, de nouvelles grèves ont aussi été votées. Au total, 51 tournages et équipes de post-production étaient concernés ce lundi soir.
« Ça, c’est Paris ! », la série produite par Monvoisin Productions sur les cabarets parisiens, est ainsi à l’arrêt pour quatre jours. Ce qui porte à sept le nombre de journées de grève depuis le début du tournage, pour douze jours où la fiction a pu se réaliser à peu près normalement. « Déjà d’habitude on passe notre temps à faire et défaire le plan de travail, mais là, c’est un casse-tête, souffle Emmanuel Elie, le directeur de production. Me bloquer une journée, ça peut m’en bloquer quatre, alors si tout s’arrête… Là, on vit au jour le jour. » D’autres séries sont à l’arrêt : « Marie Antoinette » ou encore « The Walking Dead »…
« Je ne sais pas combien de temps le Spect (Syndicat des producteurs et créateurs d’émission de télévision, qui rassemble les producteurs de flux) va continuer à nier l’ampleur de cette mobilisation, s’interroge Damien Labbé. On a l’impression que tant qu’on n’est pas dans le mur, on n’est pas dans le mur, et tant qu’on n’a pas le capot devant le mur, on n’y fonce pas tout droit… » Contacté, le Spect nous renvoyait ce lundi aux communiqués diffusés la semaine dernière et ce jour-ci alors qu’une réunion décidée en urgence devait réunir en fin d’après-midi certaines organisations de producteurs et certains syndicats. Pas tous.
Et les troupes de rester dans l’attente de nouvelles propositions tandis que sur les groupes WhatsApp et Telegram, qui rassemblent parfois des milliers d’intermittents, les infos circulent sur la mobilisation des uns et des autres. Avec un nouveau moyen d’action qui voit le jour au fil des messages, ce qu’on pourrait appeler « la grève de la dispo », selon Damien Labbé, les refus en bloc de propositions de tournage pour décembre et janvier. « Pige de chef op refusé aujourd’hui pour une captation », annonce l’un. « Hello, je me suis débooké de The Voice Kids ce matin », note un autre. « Tournage FTV 20h30 le samedi, j’ai pas pris »… « C’est l’un des leviers qu’ont les intermittents, rien ne nous oblige à accepter les contrats, ça peut être une manière de faire grève sans se griller. » Un rassemblement est prévu ce mercredi à 15 h devant le siège de TF1.
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