De la Guyane à Marmande, le destin à la Rasta Rocket de Jean-Michel, patineur de l’extrême

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Il est ce qu’on pourrait appeler un patineur de l’extrême. Pourtant, rien ne prédestinait Jean-Michel Bruxelles à exceller sur la glace. « Je suis né en Guyane française. J’ai passé mon enfance principalement en région parisienne où un ami m’a initié au hockey, c’est comme ça que ça a commencé. »

Et de poursuivre : « Je me suis installé à Marmande (Lot-et-Garonne) il y a deux ans pour me rapprocher de ma compagne », explique le jeune homme qui en plaisante lui-même : « Bon, ce n’est pas forcément la première ville à laquelle on pense pour les sports de glace, mais ça ne m’empêche pas de faire de bons résultats ! »

C’est le moins qu’on puisse dire puisque que Jean-Michel a été sacré le 10 décembre 2023 champion de France Élite de saut de barils. Le principe ? Il s’agit d’une sorte de saut en longueur sur glace au-dessus d’une série de barils de 40 cm de diamètre, collés les uns aux autres. « Le record du monde actuel est de 17 barils. Moi j’en ai sauté 15 aux championnats de France Élite de Vaujany (Isère). »

Vers un record du monde en 2024

Jean-Michel en est convaincu, en 2024, il égalera ou battra le record du monde. « J’étais parti pour sauter 16 barils à Vaujany, mais un de mes patins a plié au 15e. Il est littéralement cassé donc tout est sur pause actuellement car il faut que je rachète une paire qui coûte 1300 €

Et parce qu’il s’agit d’un sport méconnu, le trentenaire finance tout son matériel, ses déplacements et ses défraiements. « J’ai lancé une cagnotte en ligne pour remplacer mes patins et je viens de finir mon dossier de demande de sponsoring pour m’accompagner vers un titre de champion du monde en 2024. »

Le lot-et-garonnais Jean-Michel Bruxelles pratique le saut de barils, une discipline de patinage extrême répandue dans les années 1960, et qui semble revenir en force. ©Document remis au Républicain Lot-et-Garonne

La Fédération française des sports de glace (FFSG) a créé il y a seulement cinq ans sa section « sports extrêmes ». Outre le saut de barils, on y trouve le saut en hauteur avec tremplin, le saut en hauteur sans tremplin et la discipline reine : le Ice Cross, une course opposant quatre patineurs sur une piste gelée.

Bien que sa spécialité soit le saut de barils, Jean-Michel pratique tous les sports de glace extrêmes… avec une petite faiblesse pour le Ice Cross. « J’adore l’adrénaline que cette course procure, la sensation de glisse, de liberté, de vitesse. Le contact avec la concurrence, ça booste ! On joue des coudes, des épaules, le tout pouvant aller jusqu’à 80 km/h ! », raconte-t-il.

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Nulle part où s’entraîner

Mais il y a un problème de taille. Il n’existe aucune piste permanente de Ice Cross en France. Aucun moyen de pratiquer, donc. « La FFSG avait prévu d’en installer une puis le Covid est passé par là et tous les projets sont tombés à l’eau », regrette-t-il.

Jean-Michel ne dispose pas non plus d’une patinoire près de chez lui pour ses entraînements. « De Marmande, ma seule solution c’est d’aller à la patinoire de Bordeaux ou celle d’Anglet. Mais ce n’est pas non plus l’idéal car elles sont tous publics et ça peut vite être dangereux », souligne-t-il.

Pour compenser, le jeune père de famille s’entraîne via le roller ou le surf. Véritable infatigable, il entretient également sa forme physique avec d’autres disciplines comme le football qu’il pratique à Beaupuy, ou le rugby à Virazeil.

En route pour les JO d’hiver ?

Dans sa vie professionnelle aussi, le sport est au centre de ses préoccupations puisqu’il est éducateur sportif dans un centre éducatif renforcé près de Langon.

Il s’agit d’une structure d’accueil sur plusieurs mois pour des jeunes qui font l’objet d’un contrôle judiciaire ou d’une condamnation. « J’y transmets les valeurs du sport qui m’accompagnent depuis toujours », dit-il. « On les aide à se réinsérer et on travaille sur le dépassement, la confiance en soi, le courage, la ténacité… »

Des valeurs que Jean-Michel veut porter haut et fort dans l’espoir, aussi, de démocratiser le patinage extrême. Et avec l’arrivée des Jeux olympiques de Paris 2024 et des Jeux olympiques d’hiver des Alpes françaises en 2030, le jeune athlète espère que les infrastructures pour les sports de glace vont se développer. Et il rêve même d’un retour du saut de barils parmi les sports olympiques, comme c’était le cas dans les années 1960.

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