Vous reprendrez bien une dose de terroir… Pour la onzième saison consécutive, M6 relance lundi 8 janvier prochain son traditionnel concours de la meilleure boulangerie. Le principe est toujours le même : aller à la rencontre d’artisans passionnés qui, partout sur le territoire, innovent pour mettre en avant le patrimoine et le savoir-faire français. On ne change pas une recette qui gagne… L’an dernier, la saison 10 avait ainsi rassemblé 1,46 million de téléspectateurs en moyenne chaque soir, soit 9,5 % de l’ensemble du public.
Un engouement qui n’étonne guère le sémiologue François Jost, professeur émérite à La Sorbonne nouvelle. « On assiste aujourd’hui à un phénomène général de repli sur soi », analyse-t-il. « Considérant que le pays est en déclin, beaucoup de Français se réfugient dans le local qui leur est plus familier. » C’est ce que confirme un sondage de Médiamétrie publié en avril 2022. 38,6 % des internautes interrogés disaient ainsi s’intéresser en priorité à l’actualité locale et régionale. De quoi pousser tout l’audiovisuel ou presque à surfer sur la vague.
L’information locale plébiscitée par les Français
À commencer par BFMTV qui a lancé pas moins de dix déclinaisons locales en l’espace de sept ans. « Quand on a démarré, il n’existait aucune chaîne d’information locale en continu », raconte Philippe Antoine, directeur général de BFM Régions. « Alors on s’est dit : tentons-le. » Avec un seul credo : faire du local, rien que du local. « On est beaucoup plus dans la vie pratique », explique-t-il. « On a notamment un bandeau déroulant sur lequel on diffuse les risques d’allergie, les informations sur le trafic, les indices et horaires des marées, la météo des plages ou des neiges selon les saisons… L’avantage d’être en proximité, c’est qu’on peut vraiment rendre service aux gens. » Et ils le rendent bien. Près de 6 millions de Français au total regardent les dix chaînes locales du groupe, soit une augmentation de +19 % sur un an.
Jean-Pierre Pernaut avait flairé le filon depuis longtemps. Arrivé à la tête du 13 h de TF1 en 1988, il a été l’un des premiers à valoriser la France des territoires dans le journal. Depuis, la chaîne est toujours sur la même ligne. « Nous sommes une télévision populaire », rappelle le directeur de la rédaction Eric Monier. « Si nous voulons raconter la France d’aujourd’hui et parler à tous les Français, nous devons aller là où ils vivent. » Pour ce faire, la Une s’appuie notamment sur un réseau d’une centaine de correspondants en région qui alimentent le 13 heures, mais aussi de plus en plus le 20 h et les journaux du week-end. Le dispositif va être renforcé, dès lundi, par onze équipes dédiées qui assureront des reportages et des directs dans la nouvelle matinale d’information animée par Bruce Toussaint, Bonjour !.
Sport, info et divertissements régionaux
Positionnée depuis sa création comme la chaîne de la proximité, France 3 entend elle aussi accélérer sa régionalisation avec le projet Tempo déployé depuis le 4 septembre. Oubliés les journaux nationaux 12/13 et 19/20, qui étaient diffusés depuis 1986. Place à de nouveaux rendez-vous d’information réalisés par les 24 antennes régionales du réseau. Le sport régional a également pris une importance stratégique. En 2019, la Trois avait capté et diffusé 30 événements sportifs locaux. En 2023, elle est montée à 123.
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Le mouvement des gilets jaunes (2018) n’est évidemment pas pour rien dans ce virage. « Beaucoup de militants, à l’époque, disaient ne pas être suffisamment représentés à l’écran. D’où un sentiment d’abandon », rappelle ainsi François Jost. Depuis, une vraie prise de conscience semble avoir eu lieu. « On assiste à un recentrement des antennes sur la vie des gens ordinaires, notamment en région », note le chercheur.
Le meilleur chant folklorique de France
La tendance s’empare même du divertissement. Après le succès des deux premières éditions consacrées à la danse régionale, France 3 revisite, ce vendredi soir, son traditionnel « Grand concours des régions » à la mode chant folklorique. « Passer des polyphonies corses aux chants de bergers basques puis au chant traditionnel alsacien avec 80 enfants comme dans le film Les choristes… C’est une vraie claque émotionnelle », promet Cyril Féraud, aux manettes de l’émission. « Originaire des Alpes-de-Haute-Provence, j’ai pleuré comme une madeleine devant les chants provençaux parce que ça a remué plein de souvenirs d’enfance. Je pense que ça va faire la même chose avec les téléspectateurs. »
« En 2023, nous avons consacré pas moins 39000 heures d’antenne aux programmes régionaux », se félicite ainsi Philippe Martinetti, directeur délégué des antennes et des programmes de France télévisions, en charge de l’offre régionale. « Cela comprend non seulement les éditions d’information mais aussi le sport, les documentaires, les émissions de débat et de décryptage, les jeux… Nous tenons beaucoup à cette pluralité de formes et de récits. »
François Jost met toutefois en garde. « Avec ces compétitions, les gens ont de plus en plus tendance à se regrouper en communautés et à devenir chauvins. » Au risque d’oublier le sentiment national.
Le grand concours des régions : quel sera le plus grand chant folklorique de France ?, France 3, 21 h 10
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