Elles seraient peut-être passées inaperçues sous leur bonnet à pompon, mais il y a « le pouvoir de l’écharpe » ! Et l’arrivée à l’aéroport des candidates à l’élection de Miss France 2024 en rang d’oignons a fait son effet. Déluge de selfies. On voit une Miss, on photographie.
Les curieux s’attardent sur les cheveux roux de Miss Lorraine, le 1,82 mètre de Miss Auvergne, le sourire éclatant de Miss Guadeloupe, la coupe courte de Miss Nord-Pas-de-Calais, les yeux perçants de Miss Rhône-Alpes, la crinière XXL de Miss Provence. Mais, dans l’ombre, la société Miss France veille : politesse et élégance, même pendant l’enregistrement des bagages… voilà le défi.
De gauche à droite : pour Luna Lacharme (Miss Bourgogne), Emmy Gisclon (Miss Centre-Val de Loire) et Elena Faliez (Miss Île-de-France), la fête commence dès la sortie de l’aéroport de Cayenne, le 19 novembre.
© Laurent VU/SIPA
Le voyage préparatoire est une tradition. Presque une motivation suffisante pour certaines. Après Tahiti, La Réunion et la Guadeloupe, cap cette année sur la Guyane. Une première qui ne manque pas de ravir l’office du tourisme mais suscite des interrogations : les infrastructures seront-elles à la hauteur, les décors, suffisamment paradisiaques ? Est-ce qu’une Miss ne risquera pas de se faire croquer par un jaguar en sortant de sa chambre d’hôtel ? Sur ce point, c’est non… à 99 %. Pas de félin a priori, mais des araignées et des serpents sans doute.
Prêtes à tout pour la grande aventure
Dès le premier jour d’ailleurs, alors qu’elles s’apprêtaient à visiter un zoo refuge, des candidates se seraient trouvées face à un serpent se dirigeant droit sur leurs bottes sans l’intervention rapide et discrète de la soigneuse. Heureusement, elles n’ont rien vu. Elles n’auraient peut-être pas bronché tant elles sont prêtes à tout pour la grande aventure : traversée du fleuve Kourou en pirogue, excursion en forêt amazonienne à la « Crocodile Dundee », nuit en plein air dans un hamac non loin d’une matoutou, mygale velue et bleutée pouvant atteindre jusqu’à 15 centimètres de diamètre, « pas agressive », leur dit-on…

La recette de l’esprit d’équipe : Maxime Teissier (Miss Languedoc), Luna Lacharme et Agathe Toullieu (Miss Limousin) s’initient ensemble à la cuisine locale.
© BENJAMIN DECOIN/SIPA
Sans surprise, les Miss étaient plus détendues lors de leur visite du centre spatial ou pendant le cours de cuisine locale. Au-delà de promouvoir le tourisme en Guyane, ces activités visent à resserrer les liens entre les candidates et à attiser leur curiosité. Le portable, lui, n’est pas confisqué, mais on encourage à l’oublier. « Ce serait bien qu’elles vivent les choses avec leurs propres yeux », précise Frédéric Gilbert, qui a succédé à Alexia Laroche-Joubert à la tête de la société Miss France.
Se préparer au grand jour
On parle de voyage préparatoire, mais à quoi se prépare-t-on au juste ? À la grande élection nationale, qui se tiendra le 16 décembre au Zénith de Dijon… Et pour cela il ne s’agit plus d’apprendre à se maquiller, à se coiffer – il y a des tutos pour ça –, mais à jouer les Mike Horn en pleine forêt, à suivre des master class de création musicale (pour encourager à la cohésion d’équipe et au développement de leur créativité), ainsi que des cours de sophrologie.
Il est vrai qu’elles doivent s’attendre à être soumises à une sévère période de stress. Elles auront certainement besoin d’exercices de respiration pour, d’ici à trois semaines, assurer un spectacle de trois heures, devant 8 millions de téléspectateurs. Un coach a été appelé en renfort pour leur apprendre à défiler sans se prendre les talons dans leur robe pailletée, avec calme et volupté mais aussi énergie.
Frédéric Gilbert y tient – il était et reste le producteur de l’émission en plus de sa fonction de directeur. Il ne veut plus de Miss contemplatives : fini le défilé quasi muet à la Victoria’s Secret, place aux chorégraphies millimétrées et aux questions sur l’écologie et le féminisme.

Accrobranche dans la forêt amazonienne pour des Miss de haut vol.
© Laurent VU/SIPA
Il est fier de ses candidates : elles sont volontaires pour sortir de leur zone de confort, intrépides. Même lorsqu’elles sont accrochées à plusieurs dizaines de mètres du sol elles restent des Miss : du spectacle, mais toujours… du style.
L’oeil expert de Cindy Fabre
Entre alors en jeu Cindy Fabre. Si Frédéric Gilbert veille à maintenir l’audience de TF1 pour sa plus grosse soirée de l’année, Cindy Fabre, Miss France 2005, veille au respect de l’institution et des principes. Directrice du concours national depuis l’année dernière, elle a choisi de replacer Geneviève de Fontenay au centre du village – politesse, posture, élégance – tout en ajoutant sa touche personnelle, la modernité.

Alizée Bidaut, Miss Rhône-Alpes, Sandra Bak, Miss Corse, Wissem Morel, Miss Normandie, Emma Grousset, Miss Nouvelle-Calédonie, Ravahere Silloux, Miss Tahiti, Adélina Blanc, Miss Provence, au large des îles du Salut, le 23 novembre.
© Benjamin Decoin
Si la dame au chapeau réprimandait le moindre écart, sa loyale continuatrice encourage les candidates à « se lâcher », comme lors de leur descente d’avion à Cayenne, lorsqu’elles se sont mises à danser au rythme des tambours de Kaseko (genre musical guyanais). Elle était d’ailleurs la première à tournoyer avec Indira Ampiot (Miss France 2023) et Alicia Aylies (Miss Guyane 2016 et Miss France 2017), elles aussi du voyage.
Mais en gardant l’œil bien ouvert sur les candidates. Plutôt que de les juger en séance photo ou lorsqu’elles se savent observées, Cindy Fabre traque le naturel. Le diable se cache dans les détails : qui s’investit ? Qui pose des questions intéressantes ? Qui se tient bien à table ? Qui se soucie d’une camarade qui vient de se fouler la cheville ? « Je ne ferme aucune porte et je me laisse surprendre. Ce n’est pas parce qu’une Miss va mettre quatre jours à trouver sa place dans le groupe que tout est terminé. »
Elle se garde la possibilité de changer d’avis, de l’arrivée des filles à Paris mi-novembre jusqu’aux entretiens organisés avant l’élection. Qu’on se le dise… « Tout ne se joue pas pendant le séjour », précise-t-elle. Et elle sollicite l’avis des maquilleurs, coiffeurs, stylistes, photographes et chaperonnes, « mes yeux et mes oreilles ».
Des Miss aux profils variés
Cindy Fabre et son jury de présélection, composé à 90 % de membres de l’équipe encadrante (plus deux anciennes Miss), ont pour mission de désigner le top 15, mais les cinq finalistes seront, elles, choisies lors de l’élection par le public et un jury de personnalités, présidé cette année par Sylvie Tellier.

Un dessert très show, à l’hôtel Mercure de Kourou, pour Emma Grousset, Lounès Texier (Miss Poitou-Charentes), Adeline Vetter (Miss Alsace), Adélina Blanc et Clémence Ménard (Miss Pays de la Loire).
© Laurent VU/SIPA
La première sélection doit s’assurer que les quinze premières auront les épaules suffisamment solides pour porter l’écharpe, mais les votes, le soir du prime, s’appuieront d’abord sur leur dialogue devant et avec les caméras. Une sélection plus variée attend les téléspectateurs. Les mamans et femmes mariées qui se sont présentées en région n’ont pas été retenues pour le concours national (un jour peut-être ?), mais des candidates tatouées – comme Miss Roussillon – et plus âgées ont fait leur apparition, avec, pour la première fois, un écart d’âge qui va jusqu’à dix ans : Miss Guadeloupe, Miss Bourgogne ou encore Miss Guyane ont 18 ans, quand Miss Île-de-France en a 28.
Cette consultante en cybersécurité, qui avait fait une première tentative à 20 ans, a profité de la levée de la limite d’âge qui était à 25 ans. C’est une femme « installée » qui maintenant défend ses chances : « J’ai un appartement, un compagnon, un très beau métier, mais je ne pense pas que la vie de Miss soit contradictoire avec ce qu’on considère comme une vie normale. » Ce qui n’a pas changé ? Son goût du défi. La production, en revanche, navigue à vue. « On travaille en équité, celle de 28 ans sera bien sûr traitée comme celle de 18… mais est-ce qu’il ne sera pas bizarre de voir une candidate de 28 ans en tutu rose sur le tableau années 1980 façon “La boum” ? » s’interroge Frédéric Gilbert. Réponse en décembre.
Expérimentée ou ingénue, virtuose en punchline ou artiste de l’émotion, la future Miss France sera élue, comme toujours, au coup de cœur. Et un coup de cœur, on a beau tout prévoir, tout préparer, ça reste un coup de cœur.
Crédit: Lien source


Les commentaires sont fermés.