Viande argentine dans un camion à Villeroux: « En Amérique du Sud, ils utilisent tout un tas de choses interdites ici depuis plus de 20 ans »
La colère des agriculteurs continue de gronder, surtout après leur trouvaille d’hier, mardi matin, à Villeroux (Vaux-sur-Sûre). Avant 9 heures, l’un des camions, a priori bloqué, a tenté de se faire la malle, avec une cargaison qui n’a pas plus aux manifestants. En effet, ce camion transportait de la viande venue d’Irlande et du Danemark. Mais la colère des agriculteurs s’est davantage portée sur des colis de viande venant tout droit d’Argentine.
« Nous sommes tous révoltés »
Les agriculteurs présents depuis plusieurs jours ne s’attendaient peut-être pas à faire une telle découverte, et dans de telles circonstances. « Ce matin, un camion venant d’une salaison présente sur le même site que le dépôt d’Aldi a essayé de sortir par un chemin de terre, explique l’un des manifestants. Malheureusement pour lui, il est resté embourbé. Cela nous a semblé louche et du coup, nous sommes allés voir. » Les agriculteurs ont ensuite demandé au chauffeur de regarder ce qu’il transportait, chose que ce dernier a acceptée. « En vérifiant les étiquettes, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des morceaux de viande de cheval d’Argentine. On ne sait pas comment cette viande est arrivée ici et s’il y a eu des contrôles. Nous avons ensuite bloqué le camion avec des tracteurs.«
L’importation de viande fait justement partie de ce pourquoi les agriculteurs manifestent. Ici, ils en ont eu un bel exemple. « Nous ne savons pas si l’Irlande et le Danemark ont les mêmes normes que nous. Mais le pire reste cette viande qui vient d’Argentine. On sait qu’en Amérique du Sud, ils utilisent encore des antibiotiques, des hormones et tout un tas de choses qu’on nous interdit ici depuis plus de 20 ans.«
Cette trouvaille n’a fait qu’accentuer la colère de ceux qui se lèvent chaque matin pour nourrir la population, avec des normes strictes.
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« Nous sommes une centaine d’agriculteurs ici, et nous sommes tous révoltés de voir ça. Tous les jours, ces gens se lèvent tôt et se couchent tard pour produire des produits de qualité et des produits qui sont contrôlés. Et puis nous tombons sur ça. C’est révoltant. »
Le ministre Willy Borsus est descendu sur place
À 5 heures du matin, accompagné du bourgmestre Yves Besseling, le ministre wallon de l’Agriculture, Willy Borsus, est descendu sur place alors que la viande argentine n’avait pas encore été découverte. « On m’a rapporté les faits et c ela montre qu’il y a encore du boulot, dit-il. Cela me renforce dans le fait qu’il faut un contrôle effectif de l’entrée des produits sur notre marché. Il faut une démarche qui permette de privilégier les produits européens mais il faut aussi que les commerces fassent le choix de la proximité. Je comprends l’éleveur qui habite à un jet de pierre de lieux de distribution et qui voit que la viande a traversé la moitié de la planète pour arriver jusqu’ici. C’est un non-sens d’un point de vue économique et environnemental.«
La rencontre de mardi matin avec les agriculteurs fut agrémentée de dialogues « très directs et très francs, reprend le ministre. Certains messages étaient directement liés à la rémunération du travail mais aussi aux complications administratives, à la concurrence déloyale et à trop de contrôles. » Dès aujourd’hui, le gouvernement wallon restreint examinera l’ensemble de ces revendications ainsi que les mesures qui pourraient être apportées. L’étape suivante se déroulera au niveau européen avec une réunion de la commission, jeudi. Vendredi, en concertation avec le Fédéral, le gouvernement wallon rencontrera toutes les organisations syndicales agricoles du pays, entre autres pour proposer des mesures de simplification administrative.
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