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En France, les agriculteurs n’en veulent pas. En pleine crise, ce jeudi 1ᵉʳ février 2024, alors que les tracteurs menacent de bloquer Paris, le Premier ministre, Gabriel Attal, vient d’annoncer une série de mesures censée sauver le monde agricole. Le nouvel occupant de Matignon a aussi réaffirmé son opposition au Mercosur pour apaiser les tensions.
Mais, quel est ce Marché commun du Sud, abrégé Mercosur ? En théorie, une immense zone de libre-échange entre l’Union européenne et l’Amérique du Sud, en négociation depuis plus de 20 ans.
Que contient l’accord ?
Un premier accord de principe a été conclu le 28 juin 2019. Il souhaite « encourager et accroître les relations commerciales », rapporte le site viepublique.fr. Pas encore voté, et encore moins ratifié par les États membres, le traité n’est pas encore actif. La France, les Pays-Bas et l’Irlande, notamment, ont signalé leurs oppositions.
« En clair, ce traité prévoit de baisser les droits de douane entre les deux zones pour que l’Europe exporte toute son industrie comme des voitures », résume auprès d’actu.fr Bruno Parmentier, ingénieur, économiste et auteur du livre « Nourrir l’humanité » aux éditions La Découverte.
Côté Amérique du Sud, sur le volet alimentaire, le texte prévoit l’instauration de quotas annuels pour les principaux pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay). 99 000 tonnes de viande bovine, 100 000 tonnes de volailles ou par exemple 180 000 tonnes de sucres pourront, en théorie, être exportées.
En contrepartie, le Vieux continent obtient des droits de douane supprimés ou réduits pour le vin, le chocolat, les spiritueux ou encore le fromage. Mais aussi sur les voitures, les pièces détachées, les équipements industriels et les produits pharmaceutiques.
S’il venait à être ratifié, ce serait le plus important accord de libre-échange conclu par l’Union européenne. « Il concerne 780 millions de personnes et, en termes de volumes d’échanges, couvre entre 40 et 45 milliards d’euros d’importations et exportations », résume le gouvernement sur son site.
Pourquoi les agriculteurs y sont opposés ?
Après deux semaines de mobilisation, la fureur des éleveurs, des céréaliers et des maraîchers s’estompe sur les points de blocage, mais la grogne est toujours là. Et, outre la baisse du revenu, la restriction de l’accès à l’eau, la multiplication des normes, le Mercosur cristallise leur colère.
Contacté par actu.fr, Stéphane Charbonneau, représentant de la section viande du syndicat de la Coordination rurale, indique que cet accord serait synonyme de « grosses pénalités » pour les agriculteurs. « Nous ne pouvons pas concurrencer des poulets qui sont un à deux euros moins chers le kilo », déplore-t-il.
Il existe un terrible décalage entre les normes européennes et celles d’Amérique du Sud. Entre l’exploitation XXL des animaux, l’utilisation des antibiotiques, les maïs OGM et la déforestation, les exploitants voient d’un mauvais œil ce traité.
Quelles conséquences pour l’environnement ?
Selon le rapport Stefan Ambec de 193 pages, publié en septembre 2020, les effets d’un tel accord sur l’environnement seraient catastrophiques. La synthèse du document indique que « les dispositions offrent des garanties relativement fragiles » par rapport au « respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris« .
Pire, le rapport souligne l’accroissement « de manière non ambiguë des émissions de gaz à effet de serre » mais aussi de la « déforestation due à la hausse des exportations sud-américaines de viande bovine ».
Quel avenir pour cet accord ?
La Commission européenne n’a pour l’instant pas prévu de prochain cycle de négociations. Les enjeux économiques d’un tel traité sont énormes. L’accord, une fois conclu, doit être approuvé par le Parlement européen et par les 27 membres, à la majorité qualifiée.
« Le Mercosur révèle, qu’au sein de l’Europe, les intérêts sont contradictoires », reprend Bruno Parmentier, l’économiste et spécialiste du sujet. Selon lui, il serait judicieux d’augmenter la qualité des productions européennes. « Produire moins, mais mieux, dans un monde où de toute façon la consommation de viande est en chute libre. »
Autre manière de protéger les exploitants européens ? « Exiger des contrôles sur les produits importés qui respectent des normes environnementales aussi exigeantes qu’en Europe », indique-t-il. Une façon d’ouvrir le marché tout en élevant le niveau global des productions.
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