Ce texte fait partie du cahier spécial Coopération internationale
Le projet de 16 millions de dollars financé par le Canada vise à promouvoir le rôle des femmes dans cette lutte.
La biodiversité est grande dans les savanes arborées et les forêts galeries du parc national du Moyen-Bafing, inauguré en 2017. Le secteur constitue notamment un important sanctuaire pour 4000 chimpanzés d’Afrique de l’Ouest, une sous-espèce considérée comme en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le parc est également situé au coeur d’un pays considéré comme le « château d’eau » de l’Afrique de l’Ouest. Comptant de nombreux cours d’eau, la Guinée est située à la tête du fleuve Niger, troisième fleuve du continent, qui irrigue de nombreux pays en Afrique de l’Ouest.
L’état des écosystèmes en Guinée peut ainsi avoir des conséquences à l’échelle régionale, note Amadou Mouctar Balde, directeur de la programmation du projet Femmes Pro-Forêts pour l’Union des producteurs agricoles Développement international (UPA DI). « Ces efforts de protection, cela peut aider à assurer la pérennité et le débit de ces cours d’eau », illustre-t-il. Et cela est particulièrement important dans un contexte de réchauffement climatique.
Le pays contribue proportionnellement peu à l’émission de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. Comptant environ 14 millions d’habitants (un peu moins de la moitié de la population canadienne), la Guinée émet moins de 1 % des émissions de CO2 du Canada selon les chiffres de la Banque mondiale pour l’année 2020. Malgré tout, le pays doit jongler avec de nombreux bouleversements liés au climat.
« Il y a plus de sécheresses et plus d’inondations, un retard des pluies, une baisse du débit de la rivière Bafing, une baisse des rendements agricoles, une recrudescence des maladies hydriques et fongiques », énumère Caroline Mailloux, chargée de programmes, experte en changements climatiques à l’UPA DI.
Ces effets touchent disproportionnellement les femmes du monde rural, dont la subsistance dépend de l’agriculture, de l’élevage ou de la cueillette, note Mamadou Tafsir Diallo, chargé de la gestion globale du projet avec l’UPA DI. Mais selon lui, les femmes peuvent aussi avoir un rôle prédominant à jouer afin d’accroître la résilience de leur communauté dans un monde en transformation. Le projet Femmes Pro-Forêts mise d’ailleurs sur les femmes et les jeunes femmes vivant à l’intérieur et à proximité du parc national du Moyen-Bafing pour faire d’une pierre deux coups : préserver la biodiversité et s’adapter aux changements climatiques.
Le projet est mis en oeuvre par l’UPA DI en association avec la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais (CRCEE-UQO). Plusieurs autres partenaires canadiens et guinéens participent également à l’effort, y compris la firme écologique Habitat, le centre international d’éducation aux droits humains Equitas, le West African Science Service Centre on Climate Change and Adapted Land Use (WASCAL) et la Confédération nationale des organisations paysannes de Guinée (CNOP-G). Femmes Pro-Forêts bénéficie d’un investissement de 16 millions de dollars entre 2023 et 2026 de la part d’Affaires mondiales Canada dans le cadre des initiatives Partenariat pour le climat.
Protéger la biodiversité, un gage de résilience
« L’une des activités que l’on va réaliser, c’est la cartographie participative, explique Julie Lafortune, directrice de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais. Cela permettra d’identifier les ressources naturelles dont les femmes dépendent le plus, de mieux comprendre leur utilisation du territoire et des ressources comme le bois ou les noix de karité. Cela nous permet de prioriser nos actions dans ces zones-là. »
Le projet mettra de l’avant des pratiques liées à l’agroforesterie ou à l’agroécologie, l’entrepreneuriat vert et la valorisation de produits forestiers non ligneux comme le karité, le miel ou le néré (un arbre fruitier important dans l’alimentation et la médecine traditionnelle), précise Caroline Mailloux. Les partenaires canadiens permettront également de transférer les connaissances et les compétences pour la gestion du parc à long terme, comme la mise en place de systèmes de paiement pour les services écosystémiques ou des plans de suivi de la biodiversité.
« Nous allons voir les besoins qui se font ressentir dans les communautés pour mettre en oeuvre des réponses adaptées et concrètes, poursuit Mamadou Tafsir Diallo. Nous allons promouvoir des pratiques de collecte de karité qui sont respectueuses pour l’environnement et des pratiques agricoles permettant d’augmenter la productivité et d’éviter de brûler les champs. Nous allons aussi mettre en place des pépinières pour le reboisement ou encore, des foyers améliorés nécessitant moins de bois pour la cuisson du riz. » Le projet essaie aussi de développer la masculinité positive. Il a les femmes pour première cible, mais, dans les bénéficiaires indirects, il y a aussi les hommes et les familles. »
« C’est un projet important qui permet aux femmes d’appliquer de nouvelles connaissances sur la nature et qui permet aux femmes de participer à la gouvernance de ces ressources, apprécie M. Diallo. Ici, les impôts des citoyens canadiens apportent un changement en faveur du développement des femmes. Et en Afrique, lorsque le niveau de vie et de formation des femmes change, ça a un effet direct sur le développement et l’éducation des prochaines générations. »
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.
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