« N’hésitons plus : la France doit soutenir l’Ukraine de toutes ses forces »

LUDOVIC MARIN / AFP « N’hésitons plus : la France doit soutenir l’Ukraine de toutes ses forces » – Tribune de Anne Genetet, députée Renaissance des Français de l’Étranger
(Photo : Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron à l’Élysée, le 14 mars 2023)

LUDOVIC MARIN / AFP

« N’hésitons plus : la France doit soutenir l’Ukraine de toutes ses forces » – Tribune de Anne Genetet, députée Renaissance des Français de l’Étranger
(Photo : Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron à l’Élysée, le 14 mars 2023)

TRIBUNE – La guerre dure. L’Ukraine endure. Les soutiens perdurent. Pour combien de temps ? L’échec de la contre-offensive ukrainienne a nourri le doute. Le doute érode les soutiens internes et externes. L’érosion des soutiens prédispose au désengagement et encourage la Russie à persévérer dans son choix belliciste. Il nous faut sortir de ce cercle vicieux.

La France soutient l’Ukraine et ses buts de guerre contre la Russie. Un cessez-le-feu est une chimère. La condition d’une paix durable, c’est la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et l’accompagnement de son destin européen. Mais une guerre peut en cacher une autre. Cette guerre est de type « matriochka », avec des enjeux gigognes emboîtés. L’invasion de l’Ukraine par la Russie est aussi une offensive politique et idéologique contre les démocraties libérales, menée dans le contexte d’un ressentiment du « Sud global » contre un Occident défié tous azimuts, jusque dans sa prétention universaliste. Avec la complicité de francs-tireurs, pourtant membres de l’Union européenne et de l’OTAN, qui n’hésitent pas à jouer sur les deux tableaux. Dans cette perspective d’une guerre totale et pas seulement territoriale, les Ukrainiens se battent en première ligne pour nos valeurs communes et pour notre avenir.

Aujourd’hui, le front est figé, les armes et munitions manquent cruellement. L’Ukraine a plus que jamais besoin de notre soutien.

L’heure du choix sonne. Aujourd’hui, l’Ukraine a plus que jamais besoin de notre soutien. Le front est figé. Les armes et les munitions manquent cruellement. Jusqu’à présent, nous – la France, l’Union européenne, l’OTAN – avons tergiversé, par crainte d’un engrenage armé et d’une atrophie de notre outil de défense. Nous n’avons pas donné suite à toutes les demandes du gouvernement ukrainien pour restaurer l’intégrité territoriale, livrer des armes supplémentaires, durcir les sanctions économiques européennes, instaurer une zone d’exclusion aérienne en Ukraine.

Pour que l’Ukraine atteigne ses buts de guerre, il faut l’aider à modifier le rapport de force militaire sur le terrain. Et pour cela, il faut lui apporter, enfin, une aide militaire décisive.

Des aides quoi qu’il en coûte

Puisque la Russie a fait le choix du « quoi qu’il en coûte » en termes de pertes humaines, nous devons lui opposer un « quoi qu’il en coûte » en termes d’aides civile et militaire. Le chef de l’État français l’a récemment rappelé : « nous devons être prêts à agir pour défendre l’Ukraine quoi qu’il en coûte et quoi que l’Amérique décide », car « il n’existe aucun scénario où la Russie gagnerait et la stabilité et la sécurité de l’Europe seraient garanties ».

En matière de soutien militaire bilatéral à l’Ukraine, qu’il s’agisse de cessions de matériels d’armement, de participation aux dispositifs de formation des militaires ukrainiens ou de mécanismes financiers permettant à l’Ukraine l’acquisition de matériels, le montant de l’aide promise par les États membres de l’Union européenne s’élève à 20 milliards d’euros en 2024, après 28 milliards d’euros apportés depuis le début de l’invasion. Et les mécanismes financiers mis en place au niveau français (Fonds spécial de soutien à l’Ukraine) et au niveau européen (Facilité européenne de paix) sont largement gagnant-gagnant.

Ne pas être moteur de l’aide à l’Ukraine, c’est affaiblir la France. Il en va de notre crédibilité, de notre influence et surtout de notre propre sécurité pour la décennie à venir.

Deux ans après l’invasion de leur pays, les Ukrainiens mais aussi certains alliés de l’OTAN nous adjurent de faire correspondre nos mots et nos actions. Afin de ne pas connaître le goût de « l’étrange défaite », nous devons maintenant aller plus loin dans l’aide militaire aux Ukrainiens, pour qu’ils réussissent à modifier le statu quo sur le champ de bataille. Certes, la France a été la première en Europe à livrer des missiles à longue portée. Mais notre économie de guerre n’est pas à la hauteur de l’ambition qui doit être la nôtre, si nous voulons agir comme grande puissance. Nous devons donner l’exemple d’un engagement déterminant, sans s’embarrasser des pudeurs des « Munichois », dont les Insoumis et le RN sont les dignes successeurs.

Ne pas être moteur de l’aide à l’Ukraine, c’est affaiblir la France. Il en va de notre crédibilité, de notre influence et aussi et surtout de notre propre sécurité pour la décennie à venir. Puisqu’il s’agit aussi de notre destin, nos meilleures armes, les plus modernes et efficaces, ne seraient-elles pas plus utiles déployées à l’avant que stockées à l’arrière ? Ne laissons pas pourrir le conflit en Ukraine. C’est le moment ou jamais d’un sursaut de notre aide militaire. Les Ukrainiens paient le prix du sang pour le destin de l’Europe. Il est urgent que nous soyons lucides : pour une Europe prospère et en paix, la seule issue est une Russie de Poutine défaite.

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