Québec est une ville d’hiver et il y a longtemps que ses habitants ont appris à vivre avec cette saison qui n’en finit plus de finir. La pratique de sports a facilité de beaucoup cette adaptation au rigoureux climat de la capitale. Ce n’est pas d’hier qu’on patine et qu’on skie à Québec, mais au fil du temps, la pratique des sports d’hiver a beaucoup évolué. Un petit voyage dans le temps s’impose donc. Chaussez vos patins et suivez-nous!
1) Le hockey
Hockey sur la terrasse Dufferin, entre 1941 et 1970, fonds Office municipal du tourisme, Archives de la Ville de Québec, M07-03-N025965.
La ville de Québec a ses Remparts et a eu ses Nordiques, mais le hockey dit professionnel y a commencé en 1878 avec le Quebec Hockey Club. Auparavant, le hockey se pratiquait sur des patinoires extérieures, puis dans un modeste hangar du quai de la Reine. Le nouveau club s’installe au Quebec Skating Club, près de la porte Saint-Louis, puis à partir de 1889 de l’autre côté de la Grande-Allée, où se trouve l’actuelle entrée des plaines d’Abraham et la Croix du Sacrifice.
Ça jouait dur durant les parties. Les joueurs frappaient plus souvent les adversaires que la rondelle; ce qui entraînait souvent des bagarres générales. De plus, les spectateurs s’en mêlaient aussi en sautant sur la glace pour s’en prendre aux joueurs ou à l’arbitre. En 1895, l’équipe fut suspendue tout le reste de la saison parce que les spectateurs avaient intimidé, insulté et maltraité l’arbitre. Vainqueure de la Coupe Stanley en 1912 et en 1913, l’équipe surnommée les Bulldogs devient le Quebec Athletic Club et joue ses parties à l’aréna du parc Victoria avant de déménager à Hamilton en 1920.
D’autres équipes professionnelles ont animé la fièvre du hockey à Québec : en 1928, l’Anglo-Canadian Employees de la compagnie Anglo-Canadian Pulp, les Aces. Pour les francophones de Québec, l’acronyme Aces deviendra les «As de Québec». D’une équipe d’employés industriels, elle joint la ligue sénior de Montréal en 1936, la ligue sénior de Québec en 1944, la ligue de hockey du Québec en 1953, puis la ligue américaine de hockey en 1959. Elle remporte la coupe Allan en 1944, la coupe Alexander en 1952 et le trophée Edinburgh en 1957. Elle devient l’équipe-école des Flyers de Philadelphie en 1967, et ce, jusqu’en 1971 alors qu’elle déménage à Richmond en Virginie. Une équipe junior évolue en parallèle aux Aces, les Citadelles de Québec, qui a connu ses belles heures avec Jean Béliveau dans ses rangs.
Il faut souligner le passage des Citadelles, équipe-école des Canadiens de Montréal et des Rafales de Québec, qui ont succédé aux Nordiques au Colisée de Québec, et les Harfangs de Beauport qui ont occupé l’espace du hockey junior durant l’éclipse des Remparts. Il y a aussi le Tournoi international de Hockey Pee-Wee qui fait la joie des petits et des grands depuis 1961, mais surtout les nombreuses patinoires et les arénas de la ville qui offrent la possibilité à tous de s’amuser sur patins ou en bottes dans les rues.
2) La raquette

Des raquetteurs sur le terrain de l’ancien «Drill Shed», derrière l’actuel Manège militaire, vers 1900, J.E. Livernois, BANQ P560,S1,P1022.
D’abord un moyen de locomotion chez les Premières Nations, rapidement adoptée autant par les Européens francophones qu’anglophones, la raquette devient également un loisir à la fin du XIXe siècle. Une première course se déroule à Québec sur l’Esplanade en 1854. En 1879, la ville compte une douzaine de clubs de raquettes. En 1885, deux mille membres du club Le Trappeur de Montréal viennent en excursion à Québec et entraîne dans leur sillage d’autres personnes qui se sentent attirées par cette activité. C’est l’engouement. Le «défilé de la procession» des raquetteurs de Québec, de Montréal et d’Ottawa dans les rues de Québec attire plus de vingt mille personnes. C’est d’ailleurs le succès de cet événement qui incite le président du club de raquettes l’Union Commerciale de Québec, M. H.-A. Bédard, à tenir un carnaval d’hiver à Québec sur le modèle de celui de Montréal.
En 1889, ce sont 200 raquetteurs qui escortent le traîneau de la cantatrice Emma Albani, en visite à Québec, de la gare du Palais au Château Frontenac, puis au Parlement où elle est reçue par le premier ministre Honoré Mercier. L’Union des raquetteurs de Québec est créée en 1908; on y reçoit le congrès annuel de l’Union canadienne en 1908 et en 1962.
De raquettes en babiche à l’origine, celles-ci sont maintenant en divers matériaux, notamment en aluminium. La région offre plusieurs sites pour pratiquer ce sport dès que la neige couvre le sol.
3) Le patinage

Patinage sur la rivière Saint-Charles, 30 décembre 1975, Archives de la Ville de Québec, Q-C-14-N013631.
L’historien jésuite Pierre François-Xavier de Charlevoix rapporte en 1720 que le patinage fait partie des amusements des gens de Québec. En 1748, l’intendant Bigot émet une ordonnance défendant de glisser dans les rues de la ville en traînes, en patins ou autrement. Mais, les rares archives sur le sujet permettent de prétendre que le patinage est peu pratiqué avant le début du XIXe siècle, même si les journaux rapportent des accidents impliquant des patineurs.
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les lieux de patinage se situent sur les lacs, les rivières, les champs, les rues et le fleuve Saint-Laurent. Les patineurs des deux rives envahissent le fleuve lorsqu’un pont de glace se forme entre Québec et Lévis. On se rappelle également la patinoire de la rivière Saint-Charles de 1976 à 1998. Une première patinoire couverte apparaît en 1856 dans le même hangar du quai de la Reine où se pratique le hockey à partir de 1878.
Après le passage de l’Américain Jackson Haines en 1864 qui donnait des spectacles de patinage artistique, plusieurs patineurs se mettent à démontrer leur habileté sur la glace. Au fil du temps, les différents arénas donnent aux patineurs la chance de pratiquer leur sport. Il n’y a qu’à penser à l’Anneau Gaétan-Boucher du Centre de glaces qui permet aux athlètes de la région d’y demeurer et d’attirer des compétitions de patinage de vitesse.
4) Le curling

Une joute de curling au Château Frontenac, 1924, Archives du CPR, Fairmont Le Château Frontenac.
Ce sport a été introduit à Québec dès 1760 par des soldats écossais ayant participé à la bataille des plaines d’Abraham. Pendant plusieurs décennies, le curling s’est pratiqué sur les ponts de glace jusqu’à ce qu’un premier club de curling voit le jour en 1862, le club Stadacona. Dans les années 1880, ce sont les femmes qui se mettent aussi à jouer au curling. L’engouement pour le curling se développe rapidement. Même le Château Frontenac a déjà eu ses glaces de curling. D’ailleurs, depuis 1914 s’y tient le Bonspiel international de Québec réunissant des équipes d’un peu partout en Amérique du Nord et d’Europe dans des rassemblements sportifs et sociaux; les parties de ce bonspiel se jouent désormais dans trois clubs de la région de Québec.
Dans les années 1960, on comptait neuf clubs de curling à Québec. Les deux clubs actuels, le Jacques-Cartier, qui soulignera son centenaire en 2025, et le Victoria vont s’unir dans le nouveau centre qui sera construit pour les Jeux d’hiver du Canada de 2027. Soulignons le tournoi Jackie Caron réunissant des équipes féminines qui a tenu sa 50e édition en novembre dernier.
C’est en 1867 qu’on a ouvert une première salle de curling à Québec, sur la rue Saint‐Charles (aujourd’hui Saint-Vallier Est), en face de la ruelle des Bains, immédiatement sous la côte Dinan. En effet, on transforme une ancienne salle de quilles pour y accueillir le curling. Elle sera en service jusqu’en 1916 alors qu’on déménage vers une nouvelle salle située sur la rue Fraser du quartier Montcalm. Elle sera démolie en 1985 pour faire place à des immeubles à logements.
5) Le canot à glace

Compétition du Carnaval de Québec, 4 mars 1962, Archives de la Ville de Québec, N004586.
D’abord un moyen de transport utilisé par les Autochtones, le canot à glace, rapidement adopté par les colons français, permet notamment aux habitants de l’île d‘Orléans d’atteindre la côte en hiver. Ainsi, des travailleurs saisonniers deviennent rapidement des passeurs habiles acquérant du prestige. Ce métier disparaît peu à peu avec l’arrivée des traversiers et des ponts.
Ce sport a en quelque sorte recyclé cet ancien métier, lui permettant de perdurer autrement. Lors du premier Carnaval de Québec en 1894 s’est tenue la première course officielle de canot à glace. Quatre équipes de sept canotiers s’y affrontaient. C’est l’équipe Lord Dufferin qui remporte alors la course et la bourse de 50 $. Depuis 1955, cette compétition est une activité de la programmation officielle du Carnaval. Il s’agit d’un classique indémodable de la programmation de la fête d’hiver. Elle a toujours eu lieu, beau temps mauvais temps, à une exception près. En 1984, un épais et persistant brouillard en force l’annulation.
Grâce au Carnaval, ce sport extrême est devenu si populaire qu’on en a fait un circuit annuel. Ainsi, en février et mars 2024, six courses seront présentées, non seulement au Carnaval de Québec, mais également à Rimouski, à L’Isle-aux-Coudres, à Montréal, à Portneuf et à la baie de Beauport.
6) Le ski de fond et le ski alpin

Ski sur le glacis de la citadelle, mars 1917, John Boyd, Bibliothèque et Archives Canada, PA-070032.
Si le ski de fond fait son apparition à Québec à la fin du XIXe siècle avec l’arrivée d’immigrants scandinaves, c’est seulement au tournant du siècle suivant que sa pratique connaîtra une hausse marquée. En effet, au début du XXe siècle, cette discipline se popularise grâce à des Norvégiens. Aussitôt, les plaines d’Abraham deviennent le lieu de prédilection pour la pratique de ce sport. Bien des centres de ski de fond ont plus tard vu le jour en ville : le Centre de plein air de Beauport, la Base de plein air de Sainte‐Foy, le parc naturel du mont Bélair ou Ski de fond Charlesbourg et, en périphérie, le mont Sainte-Anne, le Camp Mercier, la Station touristique Duchesnay et le Mont Tourbillon.
C’est également au début du XXe siècle que le ski alpin s’implante au Québec. À l’instigation de la Chambre de commerce des jeunes de Québec, une première station de ski voit le jour dans la région. Le lieu pressenti est les plaines d’Abraham, mais suivant la proposition du skieur Herman Smith-Johannsen en 1936, le choix se porte sur le mont Murphy où naît le Relais. Deux ans plus tard, des remontées mécaniques sont installées permettant aux skieurs de ne pas se rendre au sommet à pied.
Dans les années 1960, l’engouement pour le ski alpin prend de l’ampleur avec la création des stations de ski de Stoneham en 1964 et du Mont Sainte-Anne en 1966. Cette dernière a été le site de compétitions de la Coupe du Monde à douze reprises : six pour les hommes et six pour les femmes.
7. La glissade

Glissade sur la terrasse Dufferin, entre 1922 et 1924, Archives de la Ville de Québec, N019292.
Que ce soit en luge, en traîne sauvage ou, plus tard, en crazy carpet, les Québécois ont manifesté un intérêt marqué pour la glissade comme activité familiale dès le milieu du XIXe siècle. Avant la création de centres dédiés à cette activité comme le Village Vacances Valcartier, la moindre élévation était propice à devenir un lieu de glisse. Si les plaines d’Abraham offrent de belles pentes au grand plaisir des enfants, notons qu’il y en avait déjà un peu partout en ville et en banlieue, notamment devant la villa Saint-Vincent des Pères de Saint-Vincent-de-Paul à Charlesbourg.
La glissade la plus emblématique demeure celle de la terrasse Dufferin inaugurée en 1884. Elle est apparue à l’initiative de Patrick Fitzgerald, de la rue Champlain, qui avait obtenu de l’ingénieur municipal et du Comité des chemins la permission de construire une glissoire sur la terrasse Dufferin, au bénéfice du public. D’une hauteur de 83 mètres (270 pieds), elle est accessible tous les hivers depuis cette date, sauf entre 1981 et 1991, période d’incertitude quant à son avenir.
Textes de Nicolas Lacroix pour la Société historique de Québec
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