Qui a réellement inventé les pistes finlandaises, appréciées des coureurs à pied ?

Tous les trois mois, le magazine Zatopek fait la démonstration qu’on peut parler de course à pied de façon surprenante, instructive, drôle et même émouvante quelques fois. A découvrir absolument pour tous ceux qui sont déjà coureurs. Et tous ceux qui ambitionnent de le devenir.

Lors de la crise du covid, un grand nombre d’infrastructures sportives indoor ont été obligées de mettre provisoirement la clé sous le paillasson pour cause de confinement.

Pour faire un peu de sport tout de même, on était obligé de trouver près de chez soi des lieux extérieurs où s’entraîner et c’est ainsi que beaucoup de gens ont découvert l’existence de “pistes finlandaises” souvent localisées en bordure des grandes agglomérations.

Leur spécificité ? Elles sont dédiées à la course à pied, gratuites et accessibles 24 heures sur 24.

Les vertus de ces infrastructures nées lors du premier boom de la course à pied dans les années’70 sont nombreuses. Mais, paradoxalement, rares sont les personnes à en connaître leurs origines. Même en Finlande, beaucoup de spécialistes ignorent cette étymologie.

Le Zatopek de février-mars-avril 2024. ©Zatopek Magazine

Zatopek Magazine, dans son dernier numéro, a tenté de remonter à leurs origines dans son numéro de février-mars-avril 2024. En voici un condensé.

Où trouver une réponse ? Dans la documentation du prestigieux musée des sports d’Helsinki ? En vain ! On a aussi posé la question aux historiens du sport. Peine perdue. Personne n’était en mesure de nous offrir autre chose que des bribes à propos de ces “pururatas”, leur nom dans la langue du pays. Cela signifie “aggloméré” en français. C’est donc que les sols de ces pistes sont traités avec des matériaux agglomérés. Mais lequel ? Mystère !

D’où viennent ces pistes finlandaises ? Nous allions lâcher l’affaire lorsque la lumière vint finalement des milieux industriels et de l’obligation pour eux de valoriser les déchets de production. D’après les spécialistes de l’industrie papetière, la toute première de ces “pururatas” serait née aux abords de l’une de ces grandes usines qui avaient ainsi trouvé le moyen de recycler leurs tonnes de sciure de bois laissées par la découpe des troncs d’arbres utilisés pour fabriquer du papier.

Le regard technique de John Rooms : “Les avantages et les défis de la course pieds nus”

Longue de 2,3 kilomètres, la première “pururata” aurait servi de terrain pour l’entraînement estival des fondeurs. Ce n’est donc pas un hasard si on retrouve des formes géométriques communes entre ces pistes et certains stades de course de fond. En revanche, il semble qu’à l’époque, elles aient été boudées par les athlètes qui s’entraînaient presque exclusivement dans les stades à l’instar du plus célèbre d’entre eux, Paavo Nurmi.

La revanche d’Oslo

Dès la fin des années 40, l’apparition de ces “pururatas” aux abords des usines n’étonnait plus personne en Finlande. L’attention que leur portèrent les autres nations est venue plus tard.

Après les succès des Finlandais aux Jeux olympiques à Oslo en 1952, le monde entier voulut alors connaître les secrets de préparation de ces champions finlandais. Et voilà comment on s’est mis à parler de ces fameuses pistes d’entraînement qui présentent l’avantage de recréer sous le pied les mêmes sensations agréables que l’on éprouve lorsqu’on marche ou que l’on skie sur quelques centimètres de neige fraîche.

Plutôt faciles à construire

Les autres pays ont aussitôt copié leur mode de construction. Pas vraiment compliqués. On commence par débroussailler un sentier d’environ deux mètres de large. On le creuse légèrement sur 30 à 50 centimètres. Puis on le tapisse de grosses branches de conifères (10 à 15 centimètres de diamètre). Par-dessus, on ajoute des branches plus petites qui procurent cette sensation d’amortie. Ensuite, on comble avec de la sciure ou des copeaux de bois. Selon les endroits, on peut aussi y préparer une base de sable pour favoriser une meilleure évacuation de l’eau. Quant à la longueur de ces pistes, cela varie en Europe entre 380 mètres, comme en forêt du Waldeck près de Mulhouse, et 1000 mètres, comme à Font Romeu.

Sauf au centre sportif de Roukko, en périphérie de Valkeakoski, où il existe désormais cinq pistes de dimensions impressionnantes (1 km, 2 km, 5 km, 7 km et 10 km). Des bornes sont placées tous les 100 mètres pour aider les coureurs à régler leur allure. C’est très pratique.

En Belgique aussi !

L’Allemagne s’est empressée de copier la recette. Et dans les années 70, on a assisté à une prolifération des “Finnenbahn” dans la langue du pays.

Ensuite, dans un même élan, ce fut le tour de la France, de la Belgique et surtout de la Suisse. Sans doute le pays qui compte le plus de pistes finlandaises au kilomètre carré, hors Finlande évidemment.

Crédit: Lien source

Les commentaires sont fermés.