Le Rwanda en accusation dans la guerre oubliée de l’Est du Congo

Cette guerre se déroule dans l’Est de la République démocratique du Congo, aux confins du Rwanda et de l’Ouganda. Elle a provoqué l’exode de millions de civils, des milliers de victimes, le viol comme arme de guerre ; elle mobilise des groupes armés multiples, plusieurs armées nationales, et même des mercenaires roumains, anciens de la Légion étrangère française. Le tout dans une région riche en minerais comme le coltan, indispensable pour fabriquer les smartphones que nous avons dans nos poches.

Ce cocktail tragique ne dit pas tout : car deux pays sont au bord de l’affrontement direct, la République démocratique du Congo, et le Rwanda. Cette crise régionale est par bien des aspects, une retombée directe du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, il y a trente ans cette année. Les génocidaires hutus avaient pris la fuite en RDC voisine, et leur présence, y compris avec un groupe armé, constitue une source de friction entre les deux pays.

Mais aujourd’hui, le conflit va au-delà : le Rwanda est ouvertement accusé d’être derrière un groupe armé, le M23, qui menace Goma, la capitale régionale ; et le Rwanda est soupçonné de piller les ressources naturelles de son voisin.

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Pendant longtemps, le Rwanda pouvait s’abriter derrière ses démentis officiels

Et personne n’osait le mettre directement en cause, à part le gouvernement de Kinshasa, impuissant. Désormais, des rapports d’experts de l’ONU, et, c’est nouveau, la France et les États-Unis, nomment précisément le Rwanda.

Dans un communiqué hier, le Ministère français des affaires étrangères condamne explicitement « la poursuite des offensives du M23 avec le soutien du Rwanda et la présence des forces rwandaises sur le territoire congolais ». La question est délicate, car la France vient à peine de se réconcilier avec le Rwanda de Paul Kagame, après un gros travail de mémoire sur le rôle de la France pendant la période du génocide.

Mais à trop tergiverser Paris risquait de perdre de tous les côtés. Lundi, des manifestants ont brûlé des drapeaux français et américain à Goma, pour protester contre ce qu’ils perçoivent comme une passivité occidentale.

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Sur place, la situation militaire est critique

Goma, la grande capitale régionale, est directement menacée par l’offensive du M23. Le gouvernement congolais est appuyé par des troupes d’autres pays, dont des centaines de soldats sud-africains tout juste arrivés et qui ont déjà enregistré deux morts.

Il y a quelques jours, les présidents Tshisekedi de la RDC, et Kagame du Rwanda se sont retrouvés en marge du Sommet de l’Union africaine à Addis Abeba, sous l’égide du négociateur angolais. Mais ce face à face a vite tourné court.

Mais trente ans de conflit en dent de scie, faisant des millions de victimes, ne se règlent pas aussi simplement. Au moment où d’autres guerres retiennent l’attention du monde, l’Afrique tente de gérer celle-ci elle-même, avec ses limites évidentes. En attendant, des millions de civils en subissent les conséquences, dans l’indifférence générale.

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