Ces femmes brésiliennes qui traversent l’Amérique latine pour avorter
La main d’une femme est posée contre le hublot d’un avion. Le ciel est bleu au moment où ses passagers parcourent les 3 000 kilomètres qui séparent le Brésil de l’Argentine. Parmi eux, Cristina, 35 ans, enceinte de onze semaines. Souhaitant avorter, elle a dû quitter “son pays chrétien conservateur” – le Brésil – où cet acte est illégal, pour se rendre, la peur au ventre, dans un pays plus souple, raconte le quotidien américain The Washington Post dans un article qui fait la une.
“Il n’y a pas si longtemps, un tel voyage aurait signifié une sortie de l’Amérique latine, (continent) qui a toujours eu des politiques d’avortement parmi les plus restrictives du monde”, note le journal de la capitale fédérale.
Mais les choses ont changé depuis que “certains des pays les plus peuplés de la région ont dépénalisé ou légalisé la procédure (avec plus ou moins de semaines autorisées)” – l’Argentine en 2020, la Colombie en 2022, le Mexique en 2023. De quoi “reconfigurer la géographie de l’avortement” dans le continent.
Un réseau informel
Le Brésil, qui “représente la moitié de la population et du territoire” de l’Amérique du Sud, “n’a pas bougé sur la question”, poursuit l’article. La procédure y est toujours illégale, sous peine de “trois ans de prison” – sauf en cas de viol ou de risque pour la vie de la mère.
Encore aujourd’hui, les avortements clandestins pratiqués “dans des conditions dangereuses” tuent une femme tous les deux jours, selon les autorités sanitaires du pays.
Ces risques ont décidé Cristina à faire le voyage. Mais, par peur du jugement de ses proches, eux aussi “chrétiens conservateurs”, elle s’était juré de ne rien dire. C’est le poids de la solitude qui l’a poussée à contacter une association de défense du droit à l’avortement. Elle a été assistée tout au long du parcours, financement compris.
Il existe aujourd’hui un “réseau informel de militants, d’ONG et de cliniques” qui aide les femmes comme Cristina à “accéder à des services d’avortement légaux sur le continent”, autant sur le plan psychologique que pratique, explique l’article.
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