L’action se déroule sur une île non identifiée des Antilles, mais c’est bien en Guadeloupe que l’équipe de tournage a pris ses quartiers pour près de quatre mois, illustrant une tendance de fond depuis quelques années.
« J’ai discuté pendant presque deux mois avec le producteur pour expliquer à quel point la Guadeloupe était magnifique, qu’il pouvait avoir les décors qu’il recherchait », explique à l’AFP Rebecca Jean-Gilles Bering, la responsable du bureau d’accueil des tournages pour la région.
Ce jour-là, elle vient « voir si tout se passe bien, car il y avait des autorisations un peu compliquées à obtenir pour tourner sur cette plage » de la commune de Sainte-Anne.
De loin, les touristes regardent, intrigués, les allées et venues des techniciens et comédiens.
« Tourner en Guadeloupe, c’est une volonté politique, il y a des incitations », ajoute Mme Bering, citant les retombées économiques qui en découlent, entre les « hébergements, les locations de voitures et surtout le nombre de techniciens et de figurants » embauchés par les équipes de production.
Pour la série policière de TF1, provisoirement baptisée « Commandant Saint-Barth », l’équipe « tourne autour de 50 personnes, sans compter le casting, la figuration », précise Hubert Brault, le directeur de la production. Et « au moins 40% de l’équipe technique est locale », ajoute-t-il.
Cela fait « de belles additions à la cantine », sourit-il. Ce jour-là, au menu du restaurant privatisé par l’équipe, colombo de poulet ou poisson au choix.
L’archipel guadeloupéen accueille « en moyenne cinq à six tournages sur un an », souligne Mme Bering. Parmi lesquels « Meurtres au paradis », série de la chaîne britannique BBC One tournée à Deshaies (ouest) qui va entamer sa quatorzième saison.
Au total, « plus de 500 figurants sont pris sur chaque saison » de la série britannique, ajoute-t-elle. En bonus, les techniciens guadeloupéens, obligatoirement bilingues, acquièrent une expérience « qui permet d’accueillir des projets internationaux ».
« Dépaysement »
Selon le Bureau d’accueil des tournages, la série anglo-saxonne a reçu depuis 2016 trois millions d’euros d’aides de la région Guadeloupe et généré « plus de 25 millions d’euros de retombées économiques ».
Si « Meurtre au paradis » a été pionnier, « cela fait peut-être trois ans qu’on sent qu’il y a un vrai mouvement, que les productions tendent à venir travailler dans les Antilles », explique entre deux prises Carole Desfassiaux, Guadeloupéenne de 48 ans et seconde assistante-réalisateur pour la série de TF1.
« Meurtres au paradis », « Meurtre aux Saintes », « Magma », « Zétoiles Caraïbes »…: Valérie Milon, directrice de l’agence de casting Or du Temps, basée au Gosier, énumère films et séries sur lesquels elle a récemment travaillé.
Son emploi du temps n’a plus rien à voir avec ses débuts en 2008 pour la série « Baie des Flamboyants » de la chaîne France Ô, disparue depuis.
« On a aussi formé des comédiens pour que les productions puissent recruter sur place », précise-t-elle. Une cinquantaine au total ont suivi une formation d’acteur et Mme Milon assure posséder un fichier d' »environ 5.000 personnes » pour des rôles ou de la figuration.
Producteurs et réalisateurs, eux, trouvent en Guadeloupe des décors de rêve et des facilités administratives liées au statut du département français.
« Avec la particularité antillaise qu’il y a des douanes, et que c’est donc parfois un peu compliqué d’envoyer du matériel », nuance le directeur de production Hubert Brault.
Pour le réalisateur Denis Thybaud, les Antilles apportent « le dépaysement, la carte postale dont tout le monde rêve (…) surtout lorsque les téléspectateurs sont devant leur écran en plein hiver ».
Lui reconnait rechercher « des paysages un peu clichés », mais aussi des « décors beaucoup plus +roots+ comme des architectures très délavées par le soleil et par le vent ».
A l’image de ses collègues, Carole Desfassiaux croise les doigts pour que la tendance dure, alors que le secteur audiovisuel local reste en développement: « J’espère que ça va durer: on a besoin des tournages de l’extérieur pour pouvoir vivre ».
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