Le sous-sol de la République démocratique du Congo regorge de ressources stratégiques. Le pays couvre notamment 70% de la production mondiale de cobalt, un métal incontournable pour la fabrication des batteries, elles-mêmes centrales pour la transition énergétique. Le territoire congolais se trouve également sur des gisements de nickel, d’étain, de cassitérite et même de diamants.
La richesse de ces sous-sols ne profite toutefois pas à la population, dont plus de deux tiers vivent avec moins de deux dollars par jour. Les termes de « scandale géologique » et de « malédiction des matières premières » sont souvent utilisés pour décrire la situation.
Une grande partie de ces mines se trouve à l’est du pays, où le conflit fait rage. Les mines permettent aux groupes armés de se financer. L’exploitation est alors artisanale, et leur exportation se fait en deux temps. C’est seulement une fois que ces minerais sont sortis du Congo qu’ils sont exportés à des intermédiaires peu scrupuleux sur leur origine. « Ces intermédiaires sont à Dubaï dans les Émirats arabes unis. Et les autorités locales ferment les yeux », expliquait à TV5 Monde Philippe Chalmain, spécialiste du marché des matières premières.
Intérêts des grands groupes miniers
Les groupes armés n’ont par pour autant le monopole des mines congolaises. Les richesses des sous-sols de la RDC ont attisé depuis longtemps l’appétit des grandes multinationales étrangères. Initialement dominé par des opérateurs belges, le secteur minier des grands groupes est aujourd’hui principalement en mains chinoises, où l’industrie des batteries est particulièrement développée. L’entreprise suisse Glencore est également présente en RDC, et défraie régulièrement la chronique pour des scandales de corruption.
Il y a une instabilité suffisante qui permet de conserver des zones d’ombre pour la continuation d’exploitations illégales
L’état actuel du conflit, qui reste cantonné à certaines régions sans que l’ensemble du pays bascule dans la guerre, profite à ces grands groupes, selon Stéphanie Perazzone. « D’un côté, il y a une stabilité suffisante qui permet de signer des contrats avec un gouvernement existant et à peu près en mesure de les honorer. »
« De l’autre, il y a une instabilité suffisante qui permet de conserver des zones d’ombre (fiscales et juridiques par exemple) pour la continuation d’exploitations illégales, d’abus des travailleurs, d’opérations de blanchiment ou de trafics régionaux et internationaux en tout genre. »
L’exploitation des mines a par ailleurs un impact direct sur la santé des travailleurs. Dans le cadre son travail pour Médecins Sans Frontières, Emmanuel Lampaert a pu se rendre à Rubaya, la plus grande mine de coltan du pays. « Nous avons vu plein de conséquences. Il y a celles visibles dans le bloc opératoire, avec par exemple des hernies. Et il y a aussi toutes ces personnes qui sont juste épuisées, malmenées, dans ce système d’exploitation. »
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