L’ONU fustige les «conditions de détention horribles» dans les prisons du Gabon

Une délégation onusienne a mené des visites inopinées dans dix-huit lieux de privation de liberté du pays, et constaté la surpopulation et des conditions de détentions « horribles et déplorables ».

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Une mission du sous-comité de l’ONU pour la prévention de la torture rentre d’une mission d’évaluation à Libreville, effectuée du 10 au 16 mars dernier. Elle remettra un rapport au gouvernement, qui aura le choix de le publier ou non.

Les six représentants du sous-comité ont mené des visites inopinées dans des prisons, des commissariats, des gendarmeries, à la direction générale du contre-espionnage et de la sécurité militaire (la fameuse B2), mais aussi dans un établissement psychiatrique et un centre gériatrique.

Pas d’améliorations depuis 2013

Partout, ils ont rencontré des « conditions de détention horribles » écrit le chef de délégation, le Marocain Abdallah Ounnir, qui pointe « le recours systématique à la détention provisoire et sa durée excessivement longue. Les droits fondamentaux des personnes présumées innocentes sont ainsi bafoués, notamment par la lenteur de la justice ». La mission de l’ONU souligne en effet « le recours systématique à la détention provisoire et sa durée excessivement longue ».

Le Gabon a ratifié en 2010 la convention des Nations unies contre la torture. Une première inspection avait eu lieu en 2013, et depuis, le comité ne note pas d’améliorations, mais plutôt le « manque de mise en oeuvre de mesures visant à lutter contre la surpopulation carcérale, l’impunité des auteurs d’actes de torture et de mauvais traitements ». Il demande aux autorités de « mettre fin aux traitements cruels, inhumains et dégradants infligés aux personnes en détention ».

Un nouveau code pénal à l’étude

Ces conclusions ne surprennent pas Lionel Engonga. Le président de l’ONG SOS Prisonniers décrit par exemple une situation chaotique à la prison centrale de Libreville : « Aujourd’hui, les détenus dorment en turn-over : certains dorment de 14h à 17h, d’autres de 17h à 20h, parce qu’il n’y a plus de place. Malgré cela, on continue à envoyer des personnes en prison, même pour des motifs pour lesquels on peut vous mettre en liberté provisoire. Nous pensons que le code de procédure pénale doit être revu parce que dans l’état actuel, il est essentiellement répressif. »

Sa révision est justement en cours, promet le ministre de la Justice, Paul-Marie Gondjout : « Nous avons présenté en conseil des ministres le projet de loi portant la révision du code de procédure pénale. Le code pénal est aujourd’hui à l’étude de la commission sur la révision des textes. Il y a une commission ad hoc sur tous les prévenus qui sont au-delà de la durée légale de détention et qui doivent être libérés. Je pense que nous sommes en train de faire des efforts importants pour faire baisser la surpopulation carcérale qui devient insoutenable et dégradante. »

Désengorger les prisons est une recommandation du symposium de la justice organisé en décembre dernier par le gouvernement.

Rare note positive, le comité salue la mise en place de la future commisison nationale des droits de l’homme, qui sera en charge du sujet. De son côté, Lionel Engonga, désormais député de la transition, accueille favorablement l’annonce d’une grâce présidentielle pour un millier de détenus.

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