Selon le dernier bilan du Citepa, la France enregistre une baisse de ses missions des gaz effet de serre dans tous les secteurs, sauf dans celui du transport arien. Elle respecte ainsi les objectifs de sa Stratgie nationale bas carbone 2019-2023.
Les tendances enregistres durant l’anne 2022 se confirment: l’empreinte carbone de la France est bel et bien en cours d’allgement. Ce jeudi 21 mars, le Citepa, l’organisme charg des inventaires officiels des missions, a publi sa premire estimation des rejets de gaz effet de serre du pays en 2023, base sur les donnes de son baromtre mensuel. Premire constatation: avec un total de 384,5 millions de tonnes quivalent CO2 (Mt CO2e) produites, les missions de la France ont diminu de 4,8% par rapport l’anne 2022, ce qui correspond une conomie, certes modeste, de 19 Mt CO2e. La France descend ainsi en dessous de son total de 2022 (404 Mt CO2e) et de celui de 2020 (492 Mt CO2e); un record de baisse l’poque, attribuable l’pidmie de Covid-19 et un hiver exceptionnellement doux.
nergie, industrie et btiment: l’exclusion des transports, les principaux secteurs se sont amliors en la matire, ce qui permet au pays d’tre en conformit avec les objectifs de sa dernire Stratgie national bas carbone (SNBC): non seulement en 2023, mais galement sur la priode 2019-2023, en moyenne. Pour ces cinq dernires annes, son budget carbone s’levait 422 MtCO2e/an. Sous rserve de la consolidation de ses calculs, en y intgrant notamment l’agriculture et les dchets, le Citepa estime 405 Mt CO2, le volume effectivement consomm頻. Pour 2023, la tranche indicative annuelle tait de 397 Mt CO2e, le bilan s’tablit 384,5 Mt CO2e.
nergie et industrie jouent les bons lves
Affichant une diminution de 14% de ses missions de GES en 2023 (- 6,4 Mt CO2e), la production d’nergie se place en tte des secteurs les plus performants dans ce domaine. Un rsultat mettre notamment sur le compte d’une hausse des volumes d’lectricit bas carbone produite, d’origine nuclaire (plus 41,5 TWh) et hydraulique (plus 9,2 TWh). Ce constat est toutefois relativiser, puisque l’indisponibilit de nombreuses tranches nuclaires et un recours plus important au gaz et au charbon avait engendr, en 2022, une hausse des missions de CO2e de 8%.
Sur la deuxime marche du podium, on trouve l’industrie, forte d’une rduction de ses missions de 8%, aprs une conomie de 6% l’anne dernire. Cible prioritaire de la prochaine SNBC avec les transports, ce secteur a ralis de gros efforts en matire de dcarbonation grce aux dispositifs proposs par France 2030. L encore, ce bilan positif est cependant nuancer. En 2023, le pays a en effet connu de fortes baisses de sa production, notamment dans l’industrie des minraux non mtalliques (- 7% pour le ciment), de la chimie (- 9% pour la chimie organique et inorganique) et de la sidrurgie (- 6% pour l’acier brut). Sa consommation de gaz naturel a galement chut de 19%en raison de la rduction de ses activits, associe des contraintes d’approvisionnement. Sa marge de progrs reste importante, puisqu’avec un bilan de 74 Mt CO2e mis par an en moyenne entre 2019 et 2023, le secteur dpasse son budget carbone, fix 72 Mt CO2e/an par la SNBC.
Le btiment se consolide
Vient ensuite le btiment rsidentiel-tertiaire, avec un allgement de 6% (- 3,9 Mt CO2e) l’anne dernire. Dans un contexte d’inflation des prix de l’nergie, d’efforts de sobrit et de rnovation thermique, auxquels il faut ajouter l’essor des pompes chaleur, ce secteur a atteint en 2023 son niveau le plus bas depuis 1990. La SNBC lui fixait une limite 78 Mt CO2e/an pour la priode 2019-2023, il est rest 60 Mt CO2e/an, avec une moyenne de 69 Mt CO2e/an depuis 2019.
Le cas du secteur des transports est un peu part, puisqu’il faut distinguer le volet routier, en progrs, du volet arien, de plus en plus missif. Concernant la route, le Citepa enregistre une lgre baisse de 3%, ce qui permet cette catgorie d’atteindre son plus bas niveau depuis 2009, hors priode Covid. Cette tendance s’explique par la hausse du prix des carburants, particulirement incitative en matire de consommation, par des volutions comportementales des usagers (sobrit, report modal, covoiturage) et, dans une moindre mesure, par le renouvellement encore trs progressif du parc de vhicules en dfaveur du diesel, mais au profit des modles lectriques et hybrides.
L’arien plombe les statistiques
Les Franais se montrent en revanche beaucoup moins responsables en matire de transport arien. En 2023, les missions des vols nationaux, y compris vers les territoires d’outremer, ont en effet dcoll de 21%. Le niveau atteint l’anne dernire dpasse ainsi celui enregistr avant la crise sanitaire de 2020. Pour les vols internationaux, cette augmentation est de 27%, sans atteindre toutefois le niveau de 2019. Le budget carbone de la SNBC pour l’ensemble du secteur des transports a malgr tout t respect. Il tait de 128 Mt CO2e/an en moyenne. Il en a atteint 127 Mt CO2e. Le total n’en reste pas moins trs lev: le plus important de tous.
Une analyse plus approfondie devrait permettre de dterminer la part des mesures de sobrit et des politiques () gouvernementales dans les rductions missions de GES , prcise le Citepa. Les rsultats des secteurs de l’agriculture et des dchets seront prsents au mois de juin prochain. Reste savoir si ces petits progrs suffiront permettre la France de s’inscrire dans une trajectoire adquate pour respecter l’Accord de Paris. Pour nombre d’associations environnementales comme pour la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc), la rponse est clairement non.
Article publi le 21 mars 2024
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