« Je suis dans mes droits » : à Plonéis, la gérante poursuit son combat pour sauver le Bar des Sports

« Je suis dans mes droits, je continuerai mon combat pour mes quatre enfants. Je ne lâcherai rien quoi qu’il arrive ». En cinq mois, la détermination de Chafia Amari, gérante du Bar des Sports de Plonéis, n’a pas changé d’un iota. Tout comme sa situation hélas. Pire, l’état du bâtiment qui abrite son outil de travail et son logement s’est considérablement dégradé. Les murs sont couverts de moisissures, d’impressionnants champignons se développent dans l’espace sanitaires, des tôles sont manquantes sur la toiture.

Pourtant, le Bar des Sports était déjà dans un piteux état début novembre 2023 et le passage de la tempête Ciaran n’avait rien arrangé. Une installation électrique obsolète, de l’eau qui s’infiltrait partout et tous les problèmes de dangerosité qui en ont découlé. En voulant actionner un interrupteur, Chafia Amari avait été victime d’une électrisation, qui l’avait projetée à terre. Elle a déposé plainte, le 12 novembre dernier, contre la mairie, propriétaire des lieux, pour mise en danger de la vie d’autrui. Malgré ses sollicitations et assignations en justice, toujours pas de travaux réalisés. En réponse, elle se heurte à un mur de silence qu’elle ne comprend pas.

« Je guette constamment les variations de lumière »

En ce mois de mars, son logement est dans un état d’insalubrité avancée. Elle a dû retirer les chauffages électriques qui ont grillé les uns après les autres à cause de l’eau qui s’infiltre. La gérante continue tant bien que mal à faire tourner son bar. Pour préparer un café, elle est obligée de le faire dans sa cuisine. « La machine fait tout disjoncter ». Elle a aussi dû stopper sa tireuse à bière, le générateur étant en proie aux ruissellements. « Heureusement que l’entreprise Cozigou me prête deux tireuses autonomes », souffle-t-elle. Sa plus grande peur reste l’instabilité électrique. « Je guette constamment les variations de la lumière, comme d’autres surveillent le ciel ou le vent. Un agent Enedis m’a prévenue que quand cela arrivait, il ne fallait surtout toucher à aucun interrupteur ni prise car je risquais l’électrocution ».

Le cabinet du Premier ministre saisi

Lasse de n’obtenir aucune réponse de son propriétaire, la Plonéisienne a saisi le chef de cabinet du Premier ministre, Gabriel Attal, le 15 janvier dernier. « Ma seule solution c’est de taper plus haut », se désole-t-elle. « J’ai reçu une réponse le 15 février. Mon dossier est à présent entre les mains du préfet du Finistère ». « Pourquoi avoir racheté le bâtiment, si c’est pour le laisser dans cet état de délabrement ? » C’est la question qui la taraude. La réponse se trouve peut-être dans le bulletin municipal de la commune datant de janvier 2023, soit quatre mois après le rachat du bar par la mairie.

Un emplacement destiné au résidentiel ?

L’acquisition de la « propriété Cornic », qui jouxte l’actuel atelier communal, y est mentionnée. Cornic étant le nom de l’ancien propriétaire du Bar des Sports. « Après le transfert de l’atelier communal, il conviendra de réhabiliter cette friche artisanale […]. Une étude devra être conduite afin de préparer ces surfaces au résidentiel […] », peut-on y lire. L’annonce d’un scénario qui induirait donc la disparition du débit de boissons. La Plonéisienne est attachée à son activité plus qu’à sa localisation. « Je suis ouverte à un arrangement à l’amiable, à condition que l’on me propose une solution de relogement et surtout un nouveau local commercial pour y poursuivre mon activité », concède Chafia Amari, qui aspire surtout à retrouver la sérénité.

Sollicité, le maire Christian Corroller n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.