Dialogue national inclusif : Sur les chemins de la restauration des institutions ? | Gabonreview.com
Du 02 au 30 avril prochain, il faudra repenser l’État «afin de bâtir des Institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un État de droit, un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable (…)»
Les délégués doivent se le tenir pour dit : l’Histoire portera un jugement sans complaisance sur leur action. De ce point de vue, chacun doit songer non pas à lui-même ou à sa chapelle mais à la Nation. © Gabonreview
u 02 au 30 avril prochain, on parlera du Gabon des 30-50 prochaines années. Comme consigné dans le Mémorandum sur la Transition, il s’agira de repenser l’État «afin de bâtir des Institutions fortes, crédibles et légitimes garantissant un État de droit, un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable (…)» Ces échanges devront esquisser les contours «de réformes majeures sur les plans politique, économique, culturel, administratif et électoral», poser les bases d’un mécanisme devant conduire au «renforcement de l’indépendance de la justice et la lutte contre l’impunité» tout en définissant une pratique politique à même de garantir «la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés publiques». Même si les termes de référence sont toujours attendus, tels semblent être les objectifs du Dialogue national inclusif.
Faciliter l’identification d’objectifs précis
Pendant 28 jours, de nombreux civils devront travailler main dans la main avec des membres des Forces de défense et de sécurité (FDS), disséminés au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions mais aussi au gouvernement, au Parlement, dans l’administration et les délégations spéciales. De ces discussions devront émerger les orientations pour une nouvelle Constitution, appelée à remplacer celle du 26 mars 1991, modifiée neuf (9) fois en 32 ans, au point d’avoir perdu tout substrat. Sont aussi attendues, les grandes lignes d’une réforme du cadre électoral en vue de «l’organisation des élections locales et nationales libres, démocratiques et transparentes». Eu égard à l’ampleur de la tâche, les participants devront faire montre de méthode. Au-delà de leurs qualités respectives, ils devront accepter de regarder la réalité en face.
Les problèmes sont connus. Les causes et sous-causes aussi. Tout au long de son interminable règne, le Parti démocratique gabonais (PDG) s’était assimilé à l’Etat, plaçant les intérêts partisans et privés au-dessus de l’intérêt général. Soucieux de conserver le pouvoir, il avait érigé la fraude électorale en norme, s’adonnant à l’achat des consciences, au clientélisme et à toutes les formes de corruption. Voulant s’assurer de l’allégeance de l’administration, il privilégiait l’affiliation partisane dans la cooptation des élites. Pour permettre aux nervis d’accomplir leurs basses besognes, il avait assujetti l’appareil judiciaire, faisant le lit à une justice à la tête du client tout en assurant ses ténors d’une totale impunité. Loin de tout parti pris, ces rappels visent à faciliter l’identification d’objectifs précis et consensuels. Au Dialogue national inclusif, les uns et les autres devront avoir à l’esprit ce principe simple : comme en médecine, toute thérapie doit être fonction du diagnostic.
Un narratif commun et des ambitions partagées
Pour l’heure, cette maxime ne semble pas partagée par tous. Même si le composition du bureau du Dialogue national inclusif a ravivé la flamme de l’espoir, le CTRI a jusqu’ici donné l’impression d’avoir une lecture particulière des événements. Comme s’il avait un agenda caché ou nourrissait des desseins inavoués, il a tout mis en œuvre pour avoir le plus grand nombre de délégués, quitte à dissimuler certains sous d’autres casquettes. Pour ces seules raisons, nombre d’observateurs affichent leur scepticisme. Or, pour «bâtir des Institutions fortes, crédibles et légitimes», il faut placer l’intérêt général au-dessus de tout. Il faut y aller sans calcul ni arrière-pensée. Sans sombrer dans la naïveté, il faut se délester de toute appréhension et raisonner sur la base de faits ou principes universellement admis. Si chacun met en avant sa qualité, si les représentants des FDS se considèrent d’abord comme tel, l’opportunité offerte par le 30 août pourrait s’en trouver gâchée.
Pour autant, il ne faut ni céder au défaitisme ni faire dans le procès d’intention. Il faut en revanche miser sur l’abnégation, la loyauté et le sens de l’honneur des hommes en armes. A eux comme aux autres, chaque participant devra parler franchement, avec précision et sur le fondement de données ou notions vérifiées et vérifiables. Volens nolens, ces assises doivent aussi déboucher sur un narratif commun et des ambitions partagées. Sur les chemins de la restauration des institutions, le Dialogue national inclusif peut encore être le début, nonobstant les réserves entendues durant la phase préparatoire. En tout cas, les délégués doivent se le tenir pour dit : l’Histoire portera un jugement sans complaisance sur leur action. De ce point de vue, chacun doit songer non pas à lui-même ou à sa chapelle mais à la nation. Si on doit se soucier du sort des citoyens vivants, on doit surtout penser aux enfants et petits-enfants, véritables bénéficiaires et légataires légitimes de ce travail.
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