Mort de l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé, figure de la littérature française

Originaire de Guadeloupe, l’autrice vient de mourir à l’âge de 90 ans en France où elle vivait depuis plus de quarante ans. Son œuvre aborde avec précision l’esclavage et les ravages du post-colonialisme en Afrique et dans les Caraïbes.

Maryse Condé, ici en Guadeloupe en 1986, a commencé sa carrière d’écrivaine à 42 ans. Photo Philippe Giraud/Gamma-Rapho

Par Télérama, avec AFP

Publié le 02 avril 2024 à 10h49

Grande voix de la littérature française, l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est décédée dans la nuit de lundi à mardi à l’hôpital d’Apt (Vaucluse), où elle s’est éteinte dans son sommeil, a indiqué à l’AFP son mari, Richard Philcox.

Née à Pointe-à-Pitre le 11 février 1934, Maryse Condé a abordé dans une trentaine de livres l’Afrique, l’esclavage et les multiples identités noires. Elle était également très connue aux États-Unis, où elle a vécu vingt ans à New York et ouvert et dirigé à l’université de Columbia un centre d’études francophones.

« J’ai toujours travaillé avec elle dans ses différentes maisons d’édition, et j’étais profondément admiratif de son rayonnement, de son courage. Elle a donné l’envie à énormément d’écrivains de se lancer et de combattre avec elle », a réagi auprès de l’AFP son éditeur, Laurent Laffont.

Ce n’est qu’à l’âge de 42 ans, après douze années de vie et d’épreuves, en Afrique et grâce à son nouveau compagnon, Richard Philcox, qui deviendra son traducteur, qu’elle se met à écrire. En 1976, elle publie Hérémakhonon, puis Ségou (1984-1985), un best-seller sur l’empire bambara au XIXe siècle au Mali. Elle est aussi l’autrice de Desiderada et son nom avait été cité plusieurs fois pour le prix Nobel de littérature.

L’amie de Christiane Taubira

« Maryse a d’abord été mon professeur. Puis, nous nous sommes retrouvées quelques années après, en Guadeloupe », avait témoigné Christiane Taubira à l’occasion de deux journées de rencontres et lectures organisées autour de l’écrivaine au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille en novembre 2022. « C’est une amitié qui s’est nourrie de rencontres à Paris, en Guyane », avait ajouté la femme politique guyanaise.

Maryse Condé vivait à Gordes, petit village provençal du Vaucluse, dans le sud de la France. Atteinte d’une maladie neurodégénérative, elle y avait posé ses valises avec son mari dans les années 1980. C’est là qu’elle avait dicté son dernier livre à une amie, L’Évangile du nouveau monde, sa réécriture du Nouveau Testament.

En 2018, à l’âge de 81 ans, elle remporte le Prix de la Nouvelle Académie. Ces romans, récits ou essais ont eu une influence significative dans les Caraïbes et en Afrique. Son œuvre « décrit avec précision les ravages du colonialisme et le chaos post-colonial, dans une langue qui mêle également la magie, le rêve, la terreur et l’amour », avait souligné à l’époque La Nouvelle Académie dans un communiqué.

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