Laurent Chambertin, ancien international de volley, est devenu coach mental : « Des besoins n’étaient pas satisfaits »
Laurent Chambertin, ancien international de volley, raconte ses attaches auvergnates, son activité de coach mental notamment auprès de la Clermontoise Eve Planeix.
Volley-ball, handball, BMX, natation artistique… Cela pourrait donner le tournis à plus d’un. Pas à Laurent Chambertin. Comme sur un terrain, l’ancien passeur de l’équipe de France de volley a les yeux partout, le regard aiguisé pour réaliser le meilleur choix.
Auvergnat de plus en plus régulier, il officie désormais comme coach mental des équipes de France de BMX Racing et de natation artistique, coach de la dimension mentale de l’Unité d’accompagnement de la performance à l’INSEP.
On vous connaît pour votre carrière de volleyeur international. Aujourd’hui, le cœur de votre métier, c’est le coaching mental. L’un a déclenché l’autre ?
Oui, mais cela n’a pas été immédiat, même si c’était dans mon esprit. J’ai d’abord enchaîné par le management d’équipe et de projet à la fin de ma carrière. Il y a eu cette capacité de me dire que des besoins n’étaient pas satisfaits en termes d’accompagnement de la performance. Cette ouverture sur la préparation mentale et le coaching mental a émergé en France.
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Au départ, on nous prend avec méfiance. Les entraîneurs avaient cette capacité à être un peu trop “contrôlant” par le passé. Cette prise de conscience que la dimension mentale n’était pas assez prise en compte dans le sport français m’a permis de faire le pas et d’intégrer plusieurs programmes.
Un chiffre : 1
Comme la Coupe d’Europe remportée en 1997 par Laurent Chambertin avec Ravenne. « J’en suis fier, parce que je suis le premier Français à avoir gagné une Coupe d’Europe en Italie avec un club italien. C’était une très belle période de ma carrière ».
Ainsi que le monde de l’entreprise ?
C’est un bon équilibre, ces deux univers se ressemblent. Il y a de la performance, l’atteinte d’objectifs. Je bascule entre l’accompagnement de chefs d’entreprise, de top manager, d’équipes opérationnelles avec des équipes d’athlètes, des entraîneurs de haut niveau, des programmes olympiques. C’est mon équilibre depuis six à sept ans.
Coaching individuel, séances collectives et tripartites
Vous travaillez avec l’Auvergnate Eve Planeix et l’équipe de France de natation artistique. Comment intervenez-vous ?
Dans l’accompagnement de la dimension mentale, il y a deux axes. Le premier est comprendre comment on fonctionne, qui on est par rapport à sa performance et quels leviers on utilise, qu’ils soient technico-tactique, physique, la personnalité. Comment je place ma personnalité dans ma performance. Il y a le sport de haut niveau mais aussi la vie, comment construire un équilibre.
Parallèlement, il y a tout ce qui est émotionnel. Comment je réussis et je construis cette capacité à gérer les émotions négatives, à traverser des contextes anxiogènes et à pression. Dans un sport collectif comme la natation artistique, il y a le relationnel. Comment je l’équilibre et je le construis pour que je puisse moi développer ma personnalité au sein d’un collectif. Cet accompagnement est important à mettre en place à une fréquence assez régulière pour noter les évolutions, les freins et les blocages et travailler dessus.
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La seconde partie, c’est vraiment la préparation mentale au jour J. Moi en tant qu’individu et nous en tant qu’équipe, on doit être les plus performants possible. A la marge, il y a la relation entraîneur-entraîné qui, à mon sens, n’est pas assez développée. Il faut accepter et comprendre les modalités de l’autre et co-construire une relation de performance. Il y a des séances de coaching individuel, des séances de coaching collectif et puis tripartites avec les entraîneurs.
Revenons au volley. Chamalières fait le pari de donner des responsabilités et du temps de jeu à de jeunes Françaises. Cela vous parle ?
Bien sûr. Ma compagne a fait partie de l’équipe de Chamalières quand elle jouait en nationale. Quand je suis arrivé en Auvergne, j’ai été en contact avec Atman Toubani. Il sait que je suis là et opérationnel. Il connaît mes compétences, avec qui et où je travaille. Je suis disposé à accompagner ce projet hyper-intéressant. Il n’y a pas assez de Françaises qui jouent. Ce que fait Atman en installant des jeunes et en les accompagnant dans leur capacité à générer de la performance, c’est bon pour le volley français.
En France, le sport féminin n’a pas le respect et la considération qu’il mérite.
On voit un petit boost avec l’arrivée d’Emile Rousseaux à la tête de l’équipe de France. Si on veut que notre équipe nationale soit performante, il faut que nos joueuses jouent. Atman est un levier. Je suis un militant du sport féminin. En France, il n’a pas le respect et la considération qu’il mérite.
Comme les masculins, ces athlètes s’engagent, sont dans l’ambition positive, s’investissent. Il n’y a aucune raison qu’elles soient traitées comme elles le sont aujourd’hui. J’espère que l’exposition avec les JO en France va définitivement faire prendre conscience aux instances nationales, même au niveau de l’État et des médias, de prendre encore plus et mieux en considération le sport féminin.
Consultant aux Jeux Olympiques de Paris
Laurent Chambertin vivra les Jeux de Paris au micro d’Eurosport dont il sera à nouveau le consultant sur le volley comme pour ceux de Tokyo. « Aujourd’hui, je peux dire que je fais partie de la famille Eurosport. Cela complète mon quotidien de coach ».
Il suivra les deux tournois olympiques et même s’il reste de nombreuses interrogations à lever, il donne son sentiment sur les espoirs des équipes de France.
« J’ai un tempérament optimiste. Du côté de l’équipe masculine, je la vois en demi-finale et ensuite cela va se jouer à trois fois rien. Les féminines vont sortir des poules et jouer un quart. Et après… ».
Laurent Chambertin a un lien fort avec l’Auvergne
Laurent Chambertin et l’Auvergne, une histoire qui ne date pas d’hier. L’ancien passeur de l’équipe de France de volley-ball (350 sélections) a régulièrement joué à la Maison des Sports avec les Bleus.
« Depuis plusieurs années, je suis le compagnon d’une Auvergnate et je suis donc régulièrement ici, sur des terres que j’adore ».
Sur le plan professionnel, son activité de coach mental de l’équipe de France de BMX Racing et de l’équipe de France de natation artistique l’amène à travailler avec Axelle Etienne (Lempdes) et la Clermontoise Eve Planeix.
« Je ne suis pas directement lié à l’accompagnement d’Axelle Etienne, mais en soutien. J’étais récemment avec Eve à la piscine Coubertin pour un gala. On va capitaliser sur ce beau moment. Eve est une athlète très touchante dans son approche de la vie et de la performance. Je travaille avec elle et toute l’équipe de France de natation artistique depuis trois ans ».
Jean-François Nunez
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