La France et le Québec créent un comité conjoint sur la «découvrabilité»

À l’occasion du Festival du livre de Paris, dont l’invité est le Québec, la ministre française de la Culture Rachida Dati a annoncé la création d’un comité conjoint France-Québec destiné à combattre le manque de visibilité sur Internet des oeuvres et des sites en Français. Plus tôt, lors d’une rencontre au ministère de la Culture, rue de Valois, Rachida Dati et son homologue québécois Mathieu Lacombe avaient tous deux convenus de créer ce comité afin de s’attaquer d’urgence à ce problème qui rend les oeuvres en français plus difficiles à repérer dans la jungle du web.

L’annonce devait en être faite ce jeudi, le communiqué n’étant pas encore prêt. Mais c’était sans compter avec l’imprévisible ministre française de la Culture qui, à la plus grande surprise de la délégation québécoise, n’a pu se retenir de voler la vedette à son homologue et de divulguer la nouvelle dans son discours d’inauguration du Festival du livre.

Concrètement, ce groupe de travail présidé par les deux ministres, dit Mathieu Lacombe, vise à « mettre un poids politique » supplémentaire afin de faire inclure dans la Convention sur la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO un volet sur le numérique, où est diffusée aujourd’hui la plus grande partie des oeuvres culturelles.

« La création de ce comité s’inscrit dans le sprint final de notre action internationale » qui vise à faire modifier la convention de l’UNESCO pour y inclure le numérique, explique Mathieu Lacombe. Le ministre a bon espoir d’y parvenir d’ici environ un an. C’est d’ailleurs au Québec que se réunira en mai prochain le groupe de travail de l’UNESCO qui doit formuler ses recommandations d’ici le mois de décembre. « Le Québec est reconnu à l’étranger comme un leader dans ce domaine », dit-il.

Mathieu Lacombe ne cache pas son espoir que le Sommet de la Francophonie qui se tiendra en France, à Villers-Cotterêts, en octobre prochain aborde la question et en parle dans son communiqué final. À partir de décembre prochain, les pays qui sont partis de la Convention devront se faire une idée avant leur réunion en juin 2025 où la proposition pourrait être adoptée. « Ce combat n’est pas seulement un combat pour le français, c’est un combat pour toutes les cultures minoritaires », explique le ministre.

Un meilleur accès aux contenus culturels d’expression française ?

Le dossier de la « découvrabilité » est un combat mené depuis longtemps par l’ancienne ministre de la Culture et des Relations internationales du Québec, Louise Beaudoin. Le 31 janvier dernier, elle avait présenté au gouvernement un rapport intitulé « La souveraineté culturelle du Québec à l’ère du numérique » proposant 32 recommandations afin de protéger et promouvoir les contenus culturels d’expression française sur le web.

Les experts, dont Véronique Guèvremont et Patrick Taillon, de l’Université Laval, ainsi que l’ancien administrateur de l’Organisation internationale de la Francophonie Clément Duhaime suggéraient notamment que le Québec légifère afin de garantir le droit à un meilleur accès aux contenus culturels d’expression française. « Nous travaillons à une loi, dit le ministre. Mais cela est compliqué, car elle impliquerait une modification de la Charte des droits et libertés. »

Dans le passé, les groupes de travail conjoints France-Québec n’ont pas été inutiles. C’est l’un d’eux, créé par les premiers ministres Lionel Jospin et Lucien Bouchard en 1998, qui avait mené à l’adoption, d’abord par l’Organisation internationale de la Francophonie puis par l’UNESCO, de la Convention sur la diversité des expressions culturelles toujours en vigueur aujourd’hui.

À voir en vidéo


Crédit: Lien source

Les commentaires sont fermés.