Du gel attendu sur une large partie de la France jusqu’à fin avril, des craintes pour la végétation

Ce scénario compte parmi les plus redoutés dans les vergers et les vignes françaises. Après un hiver et un début de printemps très chauds, le froid s’est installé sur la France depuis le 15 avril. Déjà très marqué, il devrait encore s’intensifier ces prochains jours. Conséquence : un épisode de gel plus ou moins massif n’est pas exclu. « Ce gel étant multifactoriel, il est très difficile d’anticiper sa survenue », prévient sur X l’agroclimatologue Serge Zaka. Il n’empêche, le risque est là, et il est relativement important.

Masses d’air polaire…

Ce risque de gelées est d’abord dû aux masses d’air froides qui, ces prochains jours, continueront à descendre jusque dans le ciel français.

« L’anticyclone sera bien installé sur les îles britanniques et pilotera un flux venu du Nord, qui partira du 60e parallèle, descendra vers la Norvège, la mer du Nord puis la Manche, et amènera de l’air froid jusqu’en France », explique à Ouest-France Yann Amice, météorologue pour Weather & Co.

… et ciel clair

La possible survenue de gel sera également favorisée par le fait que le ciel nocturne devrait s’avérer peu nuageux ces prochains jours.

Les nuages jouent en effet un rôle très important dans la définition des températures minimales, observées en fin de nuit. Quand ils sont présents, ils permettent de conserver dans l’atmosphère un peu de la chaleur que le sol restitue la nuit, après l’avoir emmagasinée dans la journée. En revanche, quand il n’y a pas de nuages, cette chaleur s’évacue plus directement dans les hautes sphères de l’atmosphère, ce qui aboutit à des températures au sol plus froides. Ce phénomène est par ailleurs renforcé lorsque le vent est faible, comme ce sera le cas ces prochains jours.

La moitié Nord, le Grand Est et les massifs très exposés

Ce risque de gelées se matérialisera dès ce vendredi 19 avril, et ce pour plusieurs jours. « On sera exposé tant qu’on sera sous ce flux de nord-est peu nuageux », explique Yann Amice. Du gel, plus ou moins intense, pourrait donc potentiellement être observé jusqu’aux derniers jours d’avril, même si certaines journées, comme celle du mercredi 24, semblent moins à risques.

Cet épisode de gel devrait surtout être prégnant dans le Nord, l’Est et le centre de la France, massif central compris. « On sera un peu moins exposé sur les bordures côtières », explique Yann Amice. L’inertie de l’océan (dont la température change moins vite que celle des sols) et des vents plus marqués sont les principales causes de ce moindre refroidissement.

Ce schéma est particulièrement visible sur la carte ci-dessous. Issue des données du modèle européen, elle présente les températures minimales attendues mardi 23 avril au matin. Les zones où les températures minimales avoisinent 0 °C sont affichées en vert turquoise ou en bleu pâle.

Les températures minimales attendues mardi 23 avril au matin par le modèle européen de prévision. | METEOLOGIX / WEATHERNCO

Les températures minimales attendues mardi 23 avril au matin par le modèle européen de prévision. | METEOLOGIX / WEATHERNCO

D’importantes conséquences agricoles

Alors que, incitée par les chaleurs du mois de mars, la végétation a commencé à se développer, ces hypothétiques gelées pourraient avoir d’importantes conséquences pour les viticulteurs et arboristes des régions touchées. « Un phénomène de froid sur un départ de végétation, c’est ce qu’il y a de plus dangereux, car la végétation n’a pas eu le temps de forcir et elle est alors très très fragile », relève Yann Amice.

« Selon la nébulosité, le vent et la phénologie (date d’apparition des bourgeons, ndlr), il existe un risque non nul de perte totale de récolte par cumul de nuits de gel », explique sur X l’agroclimatologue Serge Zaka.

« Sur une végétation très en avance, le p otentiel de perte sera important même avec de faibles gelées… », confirme sur X l’association Météo Centre.

« Les vins du Beaujolais, de Champagne, de Bourgogne, mais également l’arboriculture du Limousin, des contreforts Ouest du Massif central et de toutes les zones d’altitude sont actuellement particulièrement à risque », conclut Serge Zaka.

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