« Le CIO conserve son hégémonie sur la planète des sports olympiques »

Entre le Comité international olympique (CIO) et les fédérations internationales sportives (FIS), les relations ont rarement été une partie de plaisir. La chance du CIO est d’être apparu en 1894, avant que le sport international ne soit organisé. La plupart des FIS sont constituées entre 1904 et 1913, et les Jeux olympiques (JO) ont longtemps servi de championnats du monde pour bien des sports : jusqu’en 1928 pour le football et 1980 pour l’athlétisme. A trois reprises, les FIS ont réclamé de participer à la direction du CIO. A chaque fois, ce dernier est parvenu à les tenir à distance.

En 1921, jugeant le CIO trop peu démocrate, les présidents des fédérations des sports les plus professionnalisés s’allient au sein d’un bureau permanent pour tenter de placer l’organisation des compétitions internationales sous la tutelle de la récente Société des nations (1920-1946). Pierre de Coubertin tente d’éteindre le feu en proposant un congrès de conciliation à Prague en 1925. Le CIO concède alors aux FIS l’organisation et la réglementation de leur sport, mais ne conçoit pas de faire entrer les dirigeants dans son cénacle.

Jusqu’aux années 1970, le CIO peut mettre en concurrence les FIS en composant le programme olympique à sa guise, ou en excluant les fédérations qu’il juge trop permissives en vertu de son propre règlement de l’amateurisme sportif. Le rapport de force va s’inverser avec le développement du marché télévisuel sportif. Aiguillonnée par la fédération de cyclisme, liée aux médias et aux marques commerciales depuis l’origine, une Assemblée générale des FIS (Agfis) est créée en 1967.

Comme elles n’obtiennent pas satisfaction lors d’un nouveau congrès de conciliation à Varna (Bulgarie) en 1973, certaines FIS mettent en place de premiers contrats avec l’équipementier sportif allemand Adidas (football, athlétisme, natation). De son côté, le CIO est mis au pied du mur par les chaînes de télévision américaines qui financent l’essentiel des JO, et par la CIA qui veut propulser les athlètes professionnels américains devant ceux des pays de l’Est.

Juan Antonio Samaranch (président du CIO de 1980 à 2001) est obligé d’adopter un nouveau modèle économique et sportif. Sous l’influence de Horst Dassler, patron d’Adidas et de la société de marketing suisse International Sport and Leisure, et avec l’aide de deux avocats d’affaires, le Suisse François Carrard et le Canadien Richard Pound, Samaranch lance en 1985 « The Olympic Partner », un programme de sponsoring qui donne l’exclusivité à une dizaine de firmes multinationales américaines, japonaises et sud-coréennes.

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