À 92 ans, Georges Guillaume est l’un des plus vieux abonnés du Moustoir, à Lorient

Georges Guillaume a presque l’âge du Parc des sports de Lorient. À 92 ans, il est une mémoire des enceintes sportives lorientaises. Il a connu le Parc des sports en 1947, alors qu’il avait 15 ans : « Lorient était en division honneur ; comme le CEP d’ailleurs ! Il y a eu 9 000 spectateurs pour le derby », se souvient le nonagénaire, l’œil qui pétille.

Il habitait à 40 km de Lorient, pendant la guerre, et y observait les bombes qui pleuvaient. Le Parc des sports a été défiguré par ces bombardements. « Il y avait un énorme trou de bombe au niveau de la piste d’athlétisme et de cyclisme. Il n’y avait qu’une seule tribune, le reste c’était des gradins », se souvient-il. Il est abonné au stade du Moustoir depuis des lustres, entrecoupés d’absences pour raisons professionnelles, « mais au moins depuis 1998 », assure-t-il.

Je me souviens de « Tatane » Cuissard, c’était un demi-aile, comme on disait à l’époque. Il jouait en équipe de France alors que Lorient était en DH, c’était quelque chose.

9 000 personnes lors d’un derby face au CEP Lorient

Parler du Parc des sports, du stade d’avant, c’est faire remonter les souvenirs. « Il y avait le dancing Nedo à côté. J’allais au match et au dancing après, c’était en baraque, à l’époque ». Georges Guillaume a vécu de belles émotions au stade, comme « les arrivées du Tour de France », ou de grandes courses d’athlétisme avec Jean Vaillant, « un très bon » qui a couru aux côtés de Jazy, Mimoun ou Zatopek.

Le Lorientais a suivi tous les sports comme le basket, grâce à sa fille qui a joué à haut niveau, mais sa plus belle histoire sportive s’est sans nul doute écrite avec le FC Lorient. « Je me souviens de « Tatane » Cuissard, c’était un demi-aile, comme on disait à l’époque. Il jouait en équipe de France alors que Lorient était en DH [Division d’Honneur, devenue R1 NDLR]. C’était quelque chose ! Il y avait un grand entraîneur aussi, Snella ».

Avec une telle fidélité aux Tangos, Georges Guillaume peut se vanter d’avoir vu tous les grands noms du FCL jouer. Il retient « Seydoux Keita ou Gameiro, Abriel ». Difficile pour le Lorientais de retenir un seul souvenir dans ces stades mais la première montée en D1 reste marquante : « Le premier match était contre Monaco. Lorient avait perdu 2-1. J’ai encore la cassette. J’étais au match mais j’avais enregistré », relate Georges Guillaume.

La tribune Honneur, sa place préférée

Georges Guillaume a vu d’autres stades, comme celui de Marseille il y a trois ans, lors d’un match contre Lorient. En loge, il y avait rencontré le président, Loïc Féry ; le maire de Lorient, Fabrice Loher… Mais il préfère le Moustoir au Vélodrome, où « il faut des jumelles pour voir les joueurs ». Le nonagénaire a perdu son épouse en 2010, sa fille vit dans le sud de la France : ses sorties au stade sont importantes pour lui. Il a fait toutes les tribunes du stade et il est maintenant en Nord, à la place M178. « Parce que j’y avais des copains, mais soit ils ont disparu, soit ils ne viennent plus ».

Sa tribune préférée c’est la Honneur, la première construite en 1958 et ouverte en 1963. Georges espère la voir reconstruite. Les premiers coups de pioche sont prévus pour 2026. « Chaque année, je me dis que c’est peut-être ma dernière saison, que ma santé ne me le permettra plus. Et puis je reviens. Même si Lorient descend, je viendrai toujours ».