Amérique latine : un laboratoire politique pour l’Europe ?

C’est presque une tradition en l’Amérique Latine.

La figure du dirigeant charismatique, s’adressant directement au peuple, récoltant les voix en fustigeant les élites et par la promesse de réformes radicales ; puis une fois au pouvoir sautant par-dessus les corps intermédiaires, en réinterprétant librement les contraintes de la démocratie.

Du péronisme au fujimorisme, du chavisme au bolsnonarisme, les exemples ne manquent donc pas sur le continent. Mais comment expliquer cette culture politique particulière ? Pourrait-elle gagner l’Europe ?

Ce sont les questions que nous soulevons dans ce podcast avec Olivier Dabène, professeur des universités en science politique à Sciences Po et chercheur au Centre de Recherches Internationales (CERI, FNSP). Ses travaux portent sur l’état de la démocratie et l’intégration régionale en Amérique latine. Il est l’auteur notamment de L’Amérique latine à l’époque contemporaine aux éditions Armand Colin, de l’ Atlas de l’Amérique latine : polarisation politique et crises et de l’ Atlas du Brésil (avec Frédéric Louault) aux éditions Autrement et il a coordonné, avec Vincent Geisser et Gilles Massardier,  Autoritarisme démocratique et démocraties autoritaires aux éditions de la Découverte en 2008.

La carte du territoire

L'Amérique Latine, un continent politiquement en phase ? Et que pouvons nous conclure des expériences populistes (Milei, Maduro...) ?
L’Amérique Latine, un continent politiquement en phase ? Et que pouvons nous conclure des expériences populistes (Milei, Maduro…) ?

– Institut EGA / Nato Tardieu

« Cette série est très intéressante parce qu’elle montre bien qu’il y a des vagues de changements politiques en Amérique latine qui sont spectaculaires, parce qu’ils concernent pratiquement la totalité des pays. En 1999, l’Amérique latine connaît une période néo-libérale (La Fujimori, Menem, Collor), avec le camp conservateur. Et toute l’Amérique du Sud, à l’exception du Chili, du Venezuela et du Mexique est concernée. Et ce qui est spectaculaire, c’est qu’entre cette carte de 1999 et la suivante, qui date de 2008, on voit l’ensemble du continent basculer vers la gauche, vers le secteur progressiste. Les deux dernières cartes qui datent de 2021 et 2023, plus récentes donc, montrent elles une plus grande diversité. Il devient compliqué de décrire l’hégémonie d’un courant politique… Il y a en 2023 beaucoup plus de pays progressistes qu’au début des années 2020, mais ce n’est pas aussi net qu’avant. Ce qu’il faut souligner et qui est assez unique au monde : on a du mal à penser à un autre continent où, tout d’un coup, en l’espace de quelques années, on voit les électeurs aller tous dans la même direction. Ils ont cru massivement au néolibéralisme, puis à la fin des années 90, ils ont été déçus et ils ont massivement voté à gauche. C’est ce qu’on a appelé le tournant à gauche de l’Amérique latine. Et depuis, on a des petites vagues vers la droite, des petits retours balanciers vers la gauche. C’est plus diversifié. Reste que la variable la plus importante ici, c’est bien la volonté de changement.« 

France Culture va plus loin le samedi

43 min

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