La Guinée-Bissau se prépare aux élections du 23 novembre, mais pour la militante guinéenne Sumaila Jaló, cet acte électoral n’est qu’une « façade » pour légitimer un régime autoritaire. Dans une interview exclusive avec DW, Jaló rappelle qu’il a toujours prévenu : « Il est presque impossible de combattre le régime par les urnes ». Pour le militant, l’exclusion des principales coalitions d’opposition confirme que le pays connaît « la consolidation d’une dictature ».
« Depuis 2020, Umaro Sissoco Embaló a déchiré la Constitution et détruit les institutions démocratiques. Tout est au service de l’autoritarisme », accuse Jaló, faisant référence à l’investiture unilatérale du président guinéen en février 2020.
Selon le militant, l’opposition n’a pas réussi à s’appuyer sur « des conférences de presse et des appels au dialogue », ignorant que le régime « a déjà fait preuve d’un mépris total pour les lois ».
« Nous nous dirigeons vers des élections conditionnelles sur tous les fronts. Après cela, la Constitution sera brisée », prévient-il, citant les récentes déclarations du secrétaire d’État à l’Ordre public, José Carlos Macedo, qui a déclaré qu’Embaló pourra rester au pouvoir « aussi longtemps qu’il le voudra ».
Pour Jaló, « l’avenir de la démocratie en Guinée-Bissau » est en jeu, appelant donc à la mobilisation populaire et à la pression internationale pour mettre fin à ce qu’il considère comme « un projet de dictature renouvelé pour les cinq prochaines années ».
« Le salut ne viendra pas de l’Union européenne »
Le militant rejette l’idée que la communauté internationale puisse résoudre la crise politique. « Hier, nous avons vu João Bernardo Vieira écrire à l’Union européenne pour demander une mission robuste pour sauver les élections. Mais croire que les partenaires internationaux élimineront cette dictature est une erreur de lecture », déclare Jaló.
Selon lui, la France, qui influence l’Union européenne, a des intérêts stratégiques en Afrique de l’Ouest et entretient des complicités avec Embaló. Jaló accuse également le Portugal d’avoir « soutenu des dictatures socialistes » dans le passé, remettant en question la neutralité de la CPLP.
« Ce ne seront pas ces organisations ni les institutions capturées par le régime – Cour suprême, CNE, Assemblée populaire nationale – qui garantiront des élections transparentes. Le salut passera toujours par la mobilisation populaire, pacifique mais ferme, pour défendre les institutions démocratiques », souligne-t-il.
Jaló prévient que le processus électoral est déjà compromis : les listes ont été mises à jour sans contrôle de l’opposition et l’impression des bulletins, auparavant assurée par l’Union européenne, a été transférée au contrôle du gouvernement. Pour lui, cela ouvre la voie à une « fraude massive ».
« Chaque jour où nous reportons la mobilisation, nous consolidons la dictature. Ce n’est pas une invitation à la violence, c’est une réaction légitime contre la destruction des institutions », conclut-il.
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