Le plus poignant dans ce drame, c’est le regard de cet adolescent de 15 ans. Pour la première fois depuis près d’un an, il revoit sa mère ce jeudi après-midi. Vanessa, 51 ans, arrive dans le box des prévenus du tribunal de Créteil (Val-de-Marne).
Elle est en larmes. Elle supplie son fils de lui pardonner. L’adolescent serre les mains dans ses poches. Il la regarde, se tourne vers la présidente et montre un visage impassible. Dans la salle d’audience, tout le monde comprend qu’il restera marqué toute sa vie par cette scène.
À cause de sa mère, à peine arrivée à l’aéroport d’Orly (Val-de-Marne) en provenance de Cayenne (Guyane), il a été placé en rétention douanière. Avant de prendre l’avion, l’adolescent s’était inséré vingt-six ovules de cocaïne dans l’anus. Lui qui n’avait jamais mis les pieds en métropole vit depuis dans un foyer des Yvelines.
Son premier réflexe, c’est de tout prendre sur lui. « J’étais conscient de ce que je faisais, assume-t-il alors qu’il est là en tant que victime. On n’était pas bien financièrement. Ma mère a fait ça pour nous donner un avenir meilleur. »
Une dette de 1 800 euros
En août dernier, Vanessa a été interpellée à l’aéroport alors qu’elle avait dans ses bagages près de 4,5 kg de cocaïne. Ce qui sort de l’ordinaire, c’est qu’elle était accompagnée de son fils, lui aussi chargé, mais également de sa fille. La mère de famille avait inséré dans l’anus de cette fillette de 11 ans, qui a elle aussi été prise en charge par l’aide sociale à l’enfance, quatorze ovules de poudre blanche. Elle lui a également administré un médicament pour ralentir le transit intestinal. Récidiviste, la prévenue a été condamnée à sept ans de prison ferme.
Pourquoi faire courir un tel risque à ses enfants ? Pour une dette de 1 800 euros, reconnaît la maman : « Une de mes filles (elle a huit enfants au total) a eu un bébé. Il fallait trouver de l’argent. » D’après elle, chaque aller-retour en métropole lui rapportait 3 000 euros.
« J’ai l’impression d’être comme un monstre »
Le parcours de Vanessa ressemble à celui de beaucoup de mules. Elle grandit au Suriname, franchit le fleuve Maroni et se retrouve en Guyane française. Socialement, c’est mieux. Mais cela reste misérable. « Là-bas, nous avait confié il y a quelques mois un jeune homme, le seul moyen de gagner beaucoup d’argent c’est de faire la mule vers la métropole. » Simple, rémunérateur et mortel.
« En dix-huit mois, vous avez fait sept allers-retours », constate la présidente. « Je demande pardon pour tout ce que j’ai fait, s’excuse Vanessa. Je ne voyais pas d’autre solution pour ma famille. Je suis fatiguée. »
D’après le parquet, les deux enfants n’étaient pas d’accord pour transporter cette cocaïne in corpore. « Apparemment, vous avez promis des vêtements à votre fille et des affaires scolaires à votre fils qui entrait au lycée », pointe du doigt la représentante du ministère public. « Je ne leur ai pas dit ce qu’il y avait dans les ovules, balbutie la maman. J’ai l’impression d’être comme un monstre. »
Un comportement « odieux », confirme le parquet, qui a requis huit ans de prison, ajoutant : « En plus, quand on voyage avec des enfants, on a moins de risques d’être contrôlé. »
Vanessa avait déjà été condamnée en 2015 pour avoir transporté de la cocaïne en métropole. Lors de son séjour en prison, elle avait passé un CAP Hôtellerie. « Après ma peine, je veux rester en métropole pour travailler ici », dit-elle.
Crédit: Lien source


Les commentaires sont fermés.