Place aux femmes dans la programmation du Festival international Présence autochtone

La place des artistes femmes issues des Premières Nations occupera une place importante cette année. Choix ou heureux hasard? Ni l’un ni l’autre, c’est une réalité, nous confie en entrevue le cofondateur du festival et directeur artistique de Terres en vues, André Dudemaine.

« Il y a un leadership des femmes dans le mouvement de renaissance culturelle et dans les différentes revendications territoriales. Partout dans le monde, les femmes autochtones sont à l’avant-garde. On ne fait que refléter la réalité des Premières Nations. »

— Une citation de  André Dudemaine, cofondateur de Présence autochtone

Le film Twice Colonized de la cinéaste Lin Alluna lancera les festivités au Cinéma Impérial le mardi 8 août. Le documentaire, qui a été présenté plus tôt cette année au Festival du film de Sundance, retrace la quête d’Aaju Peter, une avocate inuk, pour récupérer sa langue et sa culture. Cette dernière sera d’ailleurs présente à la représentation.

La réalisatrice réussit à explorer le sujet en profondeur, affirme M. Dudemaine, en conférence de presse, mardi. La caractéristique des leaders féminines, c’est qu’elles ne cachent pas leur fragilité et leurs émotion, au contraire, elles en font une force.

Quant au film de clôture, ce sera le documentaire The Doctrine, présenté dans une version avancée mais non achevée, en présence de la réalisatrice Gwendolen Cates. Le film relate l’histoire de la « doctrine de la découverte », promulguée au XVe siècle, et qui a souvent été utilisée durant l’époque coloniale pour justifier la saisie de territoires qui appartenaient à des peuples autochtones.

Les artistes Kewna Boivin, Owen Mayo et Nehirah ont offert aux journalistes une performance avant la conférence de presse. Le trio sera présent tous les jours sur le site du festival.

Photo : Myriam Boulianne

Du 9 au 14 août, la Place des Festivals verra fouler sur son sol des artistes autochtones venus des quatre coins du globe. Le 9 août, l’artiste multidisciplinaire métisse Moe Clark (aussi chroniqueuse à Espaces autochtones), originaire d’Alberta mais basée à Montréal, et Victoria Hunt, chorégraphe australienne, ouvriront le bal. Le lendemain, ce sera au tour de l’artiste innue Soleil Launière d’offrir une performance qui alliera le chant, le théâtre et les arts visuels.

Portrait d'une femme.

L’artiste multidisciplinaire métisse Moe Clark.

Photo : Festival international Présence autochtone

Et le 14 août, c’est le spectacle inédit intitulé Femmes puissantes qui devrait captiver les spectateurs grâce à une performance préparée par des femmes issues des Premières Nations de Guyane française et des femmes des communautés mi’kmaw des provinces de l’Atlantique du Canada.

On voit une fois de plus que le mot « international » n’est pas là seulement pour faire joli, ajoute M. Dudemaine.

Witi Ihimaera, invité d’honneur

L’auteur maori de reconnue internationale Witi Ihimaera, originaire de la Nouvelle-Zélande, sera l’invité d’honneur du festival. L’homme, aujourd’hui âgé de 79 ans, connaît un succès littéraire depuis les années 1970.

Un homme est assis sur des marches d'escalier.

L’auteur māori Witi Ihimaera.

Photo : Festival international Présence autochtone

[Au Québec], la littérature autochtone fleurit depuis une dizaine d’années, tout au plus, fait savoir M. Dudemaine. En Nouvelle-Zélande, grâce à Witi, il y a des portes qui se sont ouvertes pour les populations maories [bien plus tôt].

Le festival ne manquera pas de célébrer la carrière du célèbre écrivain, puisque cinq films basés sur ses œuvres seront présentées. Et Witi Ihimaera y participera pour commenter et discuter. Ces activités commenceront le 6 juin à la Cinémathèque québécoise, soit quelques jours avant l’envoi officiel du festival, afin d’accommoder l’horaire de l’écrivain.

Les organisateurs prévoient également le visionnement en plein air du film tiré d’un livre de l’œuvre de l’auteur, Whale Rider, sorti en 2002, qui a été acclamé par la critique et qui s’est même mérité une nomination aux Oscars dans la catégorie de la meilleure actrice.

Aussi, comme à chaque année, les organisateurs du festival n’ont pas hésiter à inclure des nouveaux talents dans la programmation.

« L’élan artistique autochtone est encore en développement, donc il y a plein de nouvelles voix qui doivent trouver leur place. Le festival peut être un tremplin pour ces jeunes. »

— Une citation de  André Dudemaine, cofondateur de Présence autochtone

La révélation musicale Radio-Canada de l’année, Joseph Sarenhes, performera sur la Place des Festivals le 11 août. Le jeune artiste québécois d’origine guinéenne et autochtone mélange les sons hip-hop, rock et R&B. Puis le 13 août, l’artiste émergente mohawk Shawnee Kish partagera la scène avec l’autrice-compositrice-interprète atikamekw Laura Niquay.

Joseph Sarenhes lors de sa performance au concert des Révélations en juin 2023.

Joseph Sarenhes lors de sa performance au concert des Révélations Radio-Canada 2023.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Catafard

Retour du volet gastronomique

Le chapitre gastronomique du festival revient cette année avec une nouvelle formule, après une absence depuis l’édition 2019. Du 9 au 14 août, Présence autochtone s’est associé avec Le Central, une cour alimentaire située sur la rue Sainte-Catherine, afin d’installer un comptoir qui servira des plats autochtones. Ce sera au chef Jacques T. Watso, du restaurant Sagamité Watso, qui aura pour mission de faire découvrir aux visiteurs le patrimoine culinaire des abénakis d’Odanak.

Il y aura de la musique, du cinéma, du militantisme, et aussi de la nourriture!, conclut M. Dudemaine.

Crédit: Lien source

Les commentaires sont fermés.