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Dans ce petit logement de fonction de la gendarmerie de Saint-Georges-du-Vièvre (Eure), près de Pont-Audemer, les cartons s’entassent un peu partout. L’adjudant-chef Denis Aubert et sa compagne Marie-Josée sont dans les derniers préparatifs. Vingt-neuf ans après leur arrivée dans la brigade locale, ils s’apprêtent tous deux à déménager.
Je suis le gendarme le plus ancien de la compagnie de gendarmerie de Pont-Audemer (qui regroupe plusieurs brigades, comme Saint-Georges, NDLR). Peut-être même du département ! Mais je ne vais pas trop m’avancer…
Une chose est sûre : c’est une sacrée page de sa carrière qui se referme tout à coup. Même s’il ne quitte pas encore la gendarmerie, Denis Aubert, 57 ans, s’en va pour une ultime aventure. Devenu adjudant-chef en décembre 2022, sa nouvelle fonction l’oblige à la mobilité. Il va donc partir, pour quelques mois seulement, à L’Aigle, dans l’Orne, dès le 1er août. Un poste qu’il va occuper jusqu’à la fin de l’année 2023. Ensuite, « je prendrais ma retraite et j’irais sûrement m’installer du côté de Quimper », indique-t-il.
Bercé par la saga « Le Gendarme »
De ses années à Saint-Georges, le militaire garde un souvenir heureux : « Travailler dans une brigade départementale, ça correspond à l’image que je me faisais de la gendarmerie. » Bercé depuis son plus jeune âge par Louis De Funès et la saga « Le Gendarme » et le Cadre Noir de Saumur (un corps de cavaliers d’élite français), que son père habillait, Denis Aubert a rapidement trouvé sa vocation.
D’abord formé dans la marine, au centre de formation maritime d’Hourtin, près de Bordeaux, il intègre en 1989, juste avant la chute du Mur, l’école de gendarmerie de Berlin. Sa première assignation est dans la gendarmerie mobile, du côté de la région parisienne. Il y fait « du maintien de l’ordre, des gardes devant des ministères ou des ambassades. Et aussi des escortes de camions blindés de banque. » Mais ce qu’il préfère par-dessus tout, c’est le travail de proximité. En août 1994, donc, il débarque à Saint-Georges-du-Vièvre.
Des missions dans les Caraïbes
Normalement, il n’était pas censé faire la majeure partie de sa carrière ici. « Avant 2001, il y avait la loi mobilité qui nous obligeait à nous déplacer, peu importe notre grade. Mais elle a sauté. Donc je suis resté. » Toutefois, en presque 30 ans, l’adjudant-chef effectue des missions ponctuelles à l’étranger. Il y a 3 ans, il est parti effectuer trois mois de renfort à Saint-Martin, dans les Caraïbes. Avant d’arriver à Saint-Georges, il avait aussi été déployé en Nouvelle-Calédonie en 1990 et en Guyane française en 1992.
Dans cette vaste expérience, il retire « des choses plus ou moins agréables ». La plus dure étant certainement « la découverte de cadavres. Il faut se blinder face à ça. » Mais aussi quelques anecdotes qui prêtent à sourire : « Par exemple, je peux vous dire que j’ai déjà verbalisé les grands-parents, les parents et les enfants d’une même famille. »
Dernièrement, la grosse affaire qui lui reste en tête est l’incendie de la forêt de Montfort, en août 2022. Grâce à une enquête de voisinage poussée, lui et d’autres enquêteurs ont retrouvé la personne à l’origine du départ de feu.
Et puis, en dehors de la gendarmerie, Denis Aubert est un grand sportif.
C’est important d’être en forme quand on est gendarme.
Amateur de cyclisme et d’astronomie
Grand amateur de cyclisme, il parcourt régulièrement des dizaines de kilomètres. « C’est une addiction », lâche, rieuse, sa compagne Marie-Josée. Il a déjà gravi le col du Tourmalet, fait quatre fois la course « Paris-Honfleur » (son record est de 8 h 40 pour faire 216 km) et a même déjà participé à la classique Paris-Camembert.
Pour sa retraite, il rêve de dévaler « la plus grande piste cyclable d’Europe » qui relie la Norvège au Portugal. Et puis, Denis Aubert adore observer les étoiles avec sa lunette astronomique. « J’ai plein de livres sur l’astrophysique et j’ai pu observer des décollages de fusées quand j’étais en Guyane. »
Enfin, on ne dira pas « que je suis une légende », s’amuse-t-il, mais après autant de temps à Saint-Georges, il a forcément marqué les esprits. Et certainement ceux des automobilistes avec « environ 4 500 PV distribués pour des infractions au Code de la route », lâche-t-il enfin avec un léger sourire au coin des lèvres.
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