Publié le 7 sept. 2023 à 10:38Mis à jour le 7 sept. 2023 à 10:39
Le Mexique fait un immense pas en avant en faveur des droits des femmes. La dépénalisation de l’avortement, qui était déjà en vigueur dans une douzaine des 32 Etats qui composent le pays, vient en effet d’être élargie à l’ensemble de son territoire. Une décision qui va dans le sens d’autre pays d’Amérique latine et qui est à contre-courant du chemin emprunté par les Etats-Unis.
« Le délit d’avortement dans le Code pénal fédéral est inconstitutionnel », a estimé mercredi la Cour suprême mexicaine, le jugeant « contraire au droit à décider des femmes et des personnes en capacité de gestation ». « La criminalisation de l’avortement constitue un acte de violence et de discrimination pour raison de genre. »
Mexico, pionnière en Amérique latine
La Cour suprême mexicaine a en réalité commencé à s’attaquer à ce délit dès 2021. Le 7 septembre de cette année-là, elle avait estimé que « l’on ne pourra pas poursuivre une femme qui avorte », invalidant ainsi l’article du Code pénal du Coahuila (l’un des 32 Etats de la Fédération) prévoyant une peine de prison pour les femmes avortant volontairement. Pionnière dans la région, la capitale Mexico avait été, en 2007, la première juridiction du Mexique et d’Amérique latine à autoriser l’avortement.
Désormais, « toutes les femmes et les personnes en capacité de gestation pourront avoir accès à des avortements dans les institutions fédérales de santé », s’est félicité le Groupe d’information sur la reproduction choisie (Gire), qui avait saisi la Cour suprême.
Des Américaines au Mexique pour avorter
Cette décision est loin d’être anodine dans ce pays de près de 130 millions d’habitants, catholique à 80 %. Le Mexique imite ainsi l’Argentine, la Colombie, Cuba et l’Uruguay, pays où l’avortement est légal. L’interruption volontaire de grossesse reste en revanche illégale au Chili, sauf en cas de risque pour la santé de la mère, de viol ou de malformation du foetus. L’avortement est totalement interdit au Venezuela, au Salvador, au Honduras, au Nicaragua, en Haïti et en République dominicaine.
Ironie du sort : depuis juin 2022, et la décision de la Cour suprême des Etats-Unis d’annuler son arrêt Roe v. Wade qui garantissait le droit constitutionnel des Américaines à avorter, des femmes américaines vivant au Texas se rendent parfois à Monterrey, dans le nord du Mexique, pour avorter. Des réseaux mexicains livrent également des kits de médicaments abortifs de l’autre côté de la frontière.
Aux Etats-Unis, la décision de rendre à chaque Etat sa liberté de légiférer en la matière a fracturé le pays , marquant une séparation nette entre la vingtaine d’Etats ayant interdit ou strictement restreint l’accès à l’avortement, principalement situés dans le sud et le centre du pays, et ceux des côtes qui, à l’inverse, ont adopté de nouvelles garanties.
Preuve que rien n’est jamais gravé dans le marbre en la matière, en Argentine, le candidat libéral d’ultra-droite à l’élection présidentielle d’octobre, Javier Milei, envisage lui aussi de revenir sur la loi sur l’avortement.
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