Charles Michel appelle à réformer les Nations unies et propose des discussions interinstitutionnelles – EURACTIV.fr

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a profité de son discours à New York pour exprimer son soutien aux appels visant à limiter le droit de veto au sein du Conseil de sécurité des Nations unies en cas d’urgence et à élargir la représentation mondiale de cet organisme.

L’Union européenne possède le statut d’observateur permanent aux Nations unies et l’un des trois non-membres autorisés à s’exprimer lors de la réunion annuelle de l’organisme.

À New York, Charles Michel a fait valoir que l’absence d’une représentation mondiale appropriée au Conseil de sécurité des Nations unies reflétait des structures de pouvoir dépassées, lorsque certains pays étaient encore des puissances coloniales, et qu’elle entravait la capacité d’action de cette instance.

« Des pans entiers du monde : l’Afrique, l’Amérique du Sud, les Caraïbes et l’Asie sont peu ou pas représentés », a déclaré le président du Conseil européen, ajoutant que l’UE soutenait la réforme en profondeur du Conseil de sécurité afin d’amplifier la voix de ces régions.

L’une des propositions clés du débat de l’Assemblée générale a été la mise en place d’un mécanisme combinant la prise de décision à la majorité et un usage plus contrôlé et plus souple du droit de veto.

« Depuis 19 mois, un membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie, mène une guerre de conquête contre un pays voisin qui ne l’a jamais menacé », a déclaré M. Michel. « Elle peut même abuser de son droit de veto pour empêcher des sanctions contre elle-même et utiliser le Conseil de sécurité pour diffuser de la propagande, de la désinformation et des mensonges. »

Selon lui, le droit de veto a, dans sa forme actuelle, « conduit à l’impuissance du Conseil [de sécurité] ».

« La confiance s’érode, les tensions se multiplient et une dangereuse confrontation bipolaire nous menace. Le système des Nations Unies est aujourd’hui ankylosé, entravé par des forces hostiles », a-t-il affirmé.

Les remarques de M. Michel font écho à celles d’une série de dirigeants mondiaux qui ont soulevé la question de la réforme de l’organisation.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a pris la parole au Conseil de sécurité de l’ONU mercredi (20 septembre) a également lancé un appel à la réforme de l’organisation, faisant ainsi un clin d’œil aux pays du Sud qu’il espère rallier aux efforts de paix de Kiev.

Les membres occidentaux de l’ONU se sont fait l’écho des critiques du président ukrainien concernant le droit de veto de la Russie lors du débat et, au cours de la semaine, ils ont également formulé des remarques en faveur des réformes.

L’Albanie, qui assure actuellement la présidence tournante du Conseil, a également appelé à une réforme. Le représentant permanent du pays auprès de l’ONU, Ferit Hoxha, a déclaré que la situation était « désespérée » et que le Conseil n’était « pas dans sa meilleure période ».

« Chaque fois que le Conseil de sécurité est bloqué, qu’il est pris en otage, qu’un état oppose son veto, et chaque fois que cela se produit, le Conseil de sécurité laisse tomber ceux qu’il s’est engagé à aider, que ce soit au Moyen-Orient ou ailleurs », a déclaré M. Hoxha.

Bien qu’il soit peu probable que des appels soient lancés pour supprimer le droit de veto de certains membres ou pour modifier substantiellement la composition de cette organisation internationale, ces appels ne manqueront pas de toucher une corde sensible, en particulier chez les pays en développement du Sud qui ont le sentiment que leur voix n’est pas suffisamment entendue.

Lors de son discours, M. Michel a également proposé d’organiser un sommet institutionnel avec l’UE, les Nations unies, l’Union africaine (UA), la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).

« Nous discuterons de la manière dont nos organisations peuvent agir ensemble pour renforcer le système multilatéral dans le cadre de l’ONU et d’autres forums internationaux », a-t-il déclaré.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]


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