la Banque européenne d’investissement met en garde contre un « colonialisme 2.0 » – EURACTIV.fr

Le président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Werner Hoyer, a souligné l’importance de l’action climatique tout en mettant en garde contre les risques d’exploitation des pays du Sud lors de son discours au sommet sur l’ambition climatique organisé dans le cadre de la 78e Assemblée générale des Nations unies.

Le président de la BEI a souligné la nécessité d’une action climatique ambitieuse en tant que force motrice du développement dans les années à venir, ainsi que le rôle des énergies renouvelables dans l’indépendance énergétique.

« L’action ambitieuse en faveur du climat sera le grand moteur du développement dans les années à venir : l’énergie propre est maintenant bien moins chère, plus rapide à produire et plus fiable », a déclaré M. Hoyer.

Toutefois, le développement de l’énergie propre ne doit pas se faire aux dépens des pays du Sud riches en ressources, l’UE cherchant à s’assurer un accès aux matières premières essentielles à la fabrication de produits tels que les batteries pour les véhicules électriques ou les aimants utilisés dans les turbines éoliennes.

« Il ne saurait être question d’une démarche à sens unique. L’action en faveur du climat ne doit pas mener au colonialisme 2.0. », a averti M. Hoyer, évoquant les risques d’un accord injuste avec les pays en développement.

« Nous, les Européennes et les Européens, ne pouvons pas simplement utiliser les ressources du Sud pour produire de l’hydrogène vert — ou les matières premières critiques dont nous avons besoin pour les batteries et l’électrification », a-t-il ajouté, affirmant le besoin « de coopérer sur un pied d’égalité » serait nécessaire pour que les deux parties en tirent profit.

L’UE a reconnu qu’elle ne serait jamais autosuffisante en termes de matières premières essentielles et a déclaré qu’elle cherchait à établir des « partenariats gagnant-gagnant » avec les pays producteurs dans le cadre de sa législation européenne sur les matières premières critiques (Critical Raw Materials Act, CRMA), présentée au début de l’année.

Le modèle commercial proposé par l’UE est présenté comme une alternative à la Chine, perçue comme impitoyable dans ses relations avec les pays africains riches en ressources.

La BEI s’est engagée à soutenir l’action climatique et la durabilité environnementale à hauteur de 1 000 milliards d’euros pour la période 2021-2030. La banque investira dans des projets qui permettront aux pays en développement d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud d’abandonner progressivement les technologies polluantes et de s’adapter à des infrastructures durables et à des solutions fondées sur la nature.

Lors du sommet sur l’ambition climatique, M. Hoyer a déclaré que les projets technologiques et les capitaux financiers ne manquaient pas pour répondre aux besoins d’investissement de la transition verte.

«Il importe d’orienter ces capitaux vers des projets novateurs, en particulier dans les économies émergentes et en développement », a-t-il ajouté.

Les banques multilatérales de développement (BMD) peuvent contribuer de manière significative à l’octroi de financements pour des projets environnementaux et soutenir les clients des secteurs public et privé, a commenté le chef de la BEI.

« Les banques multilatérales de développement doivent faire davantage. Elles doivent s’attacher à faire ce qu’il faut. Mais elles doivent aussi le faire comme il faut », a-t-il également affirmé.


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