Le monde à l’envers ? Sans doute, si on rembobine le film de la riche histoire du château de Lauzun. Il y a trente-cinq ans, un projet de rachat de l’auguste demeure des ducs de Lauzun avait déjà été mené. Porté par l’association des Amis du Château, dont le président était Jean-Pierre Barjou, l’actuel maire du village, il avait capoté faute d’appuis…
Le monde à l’envers ? Sans doute, si on rembobine le film de la riche histoire du château de Lauzun. Il y a trente-cinq ans, un projet de rachat de l’auguste demeure des ducs de Lauzun avait déjà été mené. Porté par l’association des Amis du Château, dont le président était Jean-Pierre Barjou, l’actuel maire du village, il avait capoté faute d’appuis locaux, bien que l’État eût garanti la moitié de la somme nécessaire à la transaction. Tout l’inverse d’aujourd’hui. Jean-Pierre Barjou, encore à la manœuvre mais cette fois-ci à la tête de la municipalité, se heurte pour l’heure au refus de l’État d’abonder à hauteur de 300 000 euros l’achat du château, cédé par les actuels propriétaires au prix de 2 millions d’euros.
Forte des appuis de toute une région (plus d’une dizaine de communes environnantes, la Communauté de communes, le Département et la Région), Lauzun pensait bien obtenir cet appui. Après tout, il y a trente-cinq ans, la décentralisation n’était qu’à ses balbutiements. À l’évidence, la préfecture a une autre lecture de l’Histoire.
Une situation incompréhensible aux yeux d’un soutien avisé au rachat du château : Jean Guérard. L’ancien premier fédéral du PS et conseiller régional est celui qui avait obtenu, au début du deuxième mandat de François Mitterrand, l’accord de l’Élysée pour investir dans la pierre lauzunaise. Proche du président et de Danielle Mitterrand, avec laquelle il contribua à créer la fondation France Libertés, Jean Guérard, aujourd’hui galeriste, se souvient de la venue de Gilles Ménage, le directeur de cabinet de François Mitterrand, lors d’un « grand banquet » organisé au sein d’un château – cela a dû inspirer l’intéressé qui plus tard a acheté le château de Noaillac à Penne.
« Un enjeu régional »
« J’avais vendu le dossier comme celui d’un investissement dans une zone rurale profonde mais également en rappelant l’importance historique du château. L’histoire du Duc de Lauzun, ce n’est pas rien. L’histoire de la Guerre d’indépendance de l’Amérique non plus… Je n’avais eu aucune difficulté à le faire accepter. Mais la vente avait échoué en raison de l’hostilité du Département de Jean François-Poncet et du refus d’agir du maire de l’époque. Aujourd’hui, le dossier est soutenu par tout l’environnement local et c’est désormais l’État, à qui on demande de mettre un peu plus de 10 % de la somme, de bloquer le rachat quand, en 1988, il avait accepté de mettre 50 %… Cherchez l’erreur ! »
“L’histoire du Duc de Lauzun, ce n’est pas rien. Je n’avais eu aucune difficulté à le faire accepter”
Et Jean Guérard de juger la situation « incompréhensible ». « À l’heure où on parle de décentralisation culturelle, l’État rechigne ici à être cet aménageur du pays ? ! Le précédent préfet avait dit d’Houeillès qu’elle était le trou du cul du Lot-et-Garonne. L’actuel représentant de l’État doit comprendre que Lauzun n’est pas non plus le trou du cul du département. Il y a un enjeu régional. L’État a l’opportunité de créer des points d’ancrage ailleurs que sur le littoral. C’est à croire qu’il ne connaît pas le dossier. Et il ne faut pas me faire croire que l’État est impécunieux à 300 000 euros ! Les communes, le Département et la Région qui soutiennent financièrement ce projet n’ont pas ses moyens ! »
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