L’hoazin, ce drôle d’oiseau qui rumine comme une vache

Ce n’est pas sa seule excentricité. Leurs petits, nourris d’une bouillie de feuilles prédigérée par les adultes, ressemblent à l’image que l’on se fait des dinosaures. « Les poussins ont des griffes sur leurs ailes, qui leur permettent de grimper aux troncs des arbres » ajoute Anick Abourachid. 

En cas d’attaque de prédateur, le petit hoazin se jette dans le fleuve en dessous du nid, nage jusqu’à trouver un abri, puis regagne finalement son nid grâce à ses griffes. À ce moment-là, l’oisillon se met à marcher à quatre « pattes », de façon coordonnée : patte droite, aile gauche, patte gauche, aile droite. Comme une salamandre. Un fait étonnant puisque « les oiseaux battent toujours des deux ailes en même temps pour se déplacer, sauf les bébés hoazins ». Cette capacité est éphémère : à l’âge adulte, les griffes des petits tombent, et l’hoazin utilise alors ses ailes comme tous les oiseaux, avec des battements synchrones des deux ailes.

Comment expliquer cette bizarrerie de la nature ? Pourquoi l’hoazin a-t-il évolué de la sorte, à savoir marcher comme un quadrupède quand il est oisillon, et ruminer comme un bovidé ? Son histoire est pleine de mystères. 

« Sa lignée est différente de tous les autres oiseaux depuis très longtemps » souligne la scientifique – sans doute depuis la disparition des dinosaures il y a plus de 60 millions d’années. L’hoazin est le seul oiseau qui ne possède aucune espèce cousine encore vivante. Et les quelques fossiles connus ne permettent pas d’expliquer ces mystères. Les chercheurs n’ont par exemple pas retrouvé de fossiles qui permettraient de savoir depuis quand les oisillons savent marcher à quatre pattes. 

Est-ce une capacité qui descend directement, sans discontinuité, des dinosaures ? Est-elle réapparue plus tard ?  Des questions pour l’instant sans réponse. Ainsi, tant qu’il restera assez de forêt à peupler (avec la déforestation galopante, l’habitat des hoazins ne cesse de se restreindre), l’oiseau à l’allure préhistorique, seul sur sa branche évolutive, continuera de défier notre curiosité, tranquille comme une vache dans son pré.

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