On purge bébé !
Jean-Sébastien Bou (M. Follavoine), Jodie Devos (Mme Follavoine), Denzil Delaere (M. Chouilloux), Sophie Pondjiclis (Mme Chouilloux), Orchestre symphonique de la Monnaie, Bassem Akiki (direction).
Inspiré du vaudeville de Georges Feydeau sur les déboires d’un couple qui se débat entre deux impératifs – l’homme cherche à devenir le « fournisseur exclusif de l’armée française en pots de chambre » et la femme à régler le problème de constipation de son bambin –, On purge bébé ! constitue le huitième et dernier opéra de Philippe Boesmans (1936-2022). Le compositeur belge n’aura pas pu mener jusqu’au bout cet ultime défi, car il est mort avant d’avoir achevé la partition. Créée au Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, en décembre 2022 (avec une scène finale écrite par Benoît Mernier à partir des esquisses laissées par Boesmans), l’œuvre aurait dû être reprise en juin à l’Opéra de Lyon, dont le directeur, Richard Brunel, a signé le livret et la mise en scène. Des restrictions budgétaires ont repoussé le projet sine die. Un « manque de pot », si l’on nous autorise ce raccourci irrévérencieux dans l’esprit de ceux que pratique musicalement Boesmans (de Mendelssohn à Wagner), qui confère au présent enregistrement (effectué lors des représentations de Bruxelles) une grande valeur documentaire. On peut y apprécier l’art d’un compositeur qui sait faire tourner la mappemonde lyrique sur un fond paysager renouvelé par l’orchestre. Les chanteurs sont excellents (Jodie Devos dans l’éclat hystérique, Jean-Sébastien Bou dans la bonhomie d’opérette) et leur implication théâtrale donne beaucoup à « voir ». Pierre Gervasoni
Fuga Libera/Outhere Music.
Seetu
Seetu (« miroir » et « reflet », en langue wolof) est magique : troisième station (en studio,
celle-ci) d’un projet qui remonte à 2009. Cinq musiciens d’exception (Simon Goubert à la batterie, Ablaye Cissoko à la kora, Sophia Domancich au piano, Jean-Philippe Viret à la contrebasse, Ibrahim « Ibou » Ndir aux calebasses), ça ne fait pas forcément un ensemble. Ici, dès le premier air enregistré en une prise, la musique respire, se promène, ne sent jamais l’effort ni le calcul. Pure circulation des inconscients. Cinq musiciens se devinent, donnent l’illusion d’avoir joué demain ce qu’ils jouent dans l’instant. Musiciens assez musiciens pour ne pas chercher à « faire du jazz » quand ils viennent d’Afrique, et vice-versa. Ces cinq compagnons d’idées et de sonorités ont été réunis à l’invitation de Vincent Mahey, ingénieur du son et artisan du Festival de jazz de Saint-Louis, au Sénégal. Ils jouent quoi ? Ils jouent leur rencontre, leur amitié, une certaine idée de l’échange. Superbe. Francis Marmande
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