A Blanquefort, l’ancien site de Ford se convertit aux piles à combustible pour l’hydrogène

Pas mécontent du symbole, Damien Havard montre les sheds de sa future usine. Des toitures en dents de scie, typiques de la révolution industrielle du XIXe siècle, pour laisser passer la lumière du jour. L’entreprise Hydrogène de France (HDF Energy) – société privée, contrairement à ce que son nom laisserait penser, dont le fondateur détient un peu moins de la moitié des parts – s’installera bientôt dans ce long rectangle déjà en voie d’achèvement. Fin du chantier attendue pour janvier 2024, moins d’un an après la première pierre.

Nous voilà au milieu d’une friche de Blanquefort (Gironde), dans la banlieue de Bordeaux, mais pas tout à fait n’importe où. Ce terrain vague, dit des circuits, appartenait naguère au groupe américain Ford. Le constructeur automobile y pratiquait des essais pour ses boîtes de vitesses. La métropole de Bordeaux l’a ensuite récupéré, puis en a vendu environ un tiers à Hydrogène de France.

L’usine de Ford Aquitaine Industries, fermée en 2019 sur une parcelle non loin de là, a maintenant disparu. Détruite près d’un demi-siècle après son inauguration, en 1973. De « ce superbe vaisseau », comme l’appelait Jacques Chaban-Delmas, alors maire de Bordeaux, il ne subsiste plus rien. Si ce n’est un vaste terrain à dépolluer – avant un possible « village industriel », selon le groupe immobilier Axtom. Une usine voisine existe encore, dont la firme américaine s’est désengagée en 2021. Elle se trouve dans le portefeuille de la société allemande d’investissement Mutares.

Une technologie au stade des promesses

En vis-à-vis, Hydrogène de France disposera de 7 000 mètres carrés. Une partie pour ses bureaux administratifs (qui se trouvent pour le moment à Bordeaux), une plus grande encore pour ce qui sera l’activité principale : l’assemblage en série de piles à combustible de forte puissance, dans une halle sans pilier, en principe à partir du deuxième trimestre 2024. « Même si nous n’avons pas encore de commande ferme de clients extérieurs », les projets « dépassent déjà la capacité » du site, assure M. Havard. Des projets avant tout destinés à l’export.

Ces piles géantes, une fois dans des containers de 12 mètres de long, pourront alimenter des centrales électriques. Elles portent en elles la promesse d’enfin stocker des énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire, pour les convertir en hydrogène bas carbone. « L’énergie étant un sujet très politique, nous sommes déjà amenés à traiter directement avec les gouvernements des pays où nous voulons nous développer », poursuit l’entrepreneur. Outre la région française de Guyane, plusieurs Etats sont intéressés : la Barbade, l’Indonésie, la Namibie et l’Afrique du Sud, qui entend se passer peu à peu du charbon.

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