L’histoire des Noirs en France n’est « pas dans nos manuels scolaires, nos rues et notre espace public »
Notre France Noire, par Alain Mabanckou, Pascal Blanchard et Abdourahman Waberi, retrace l’histoire de la France noire de A à Z. Le livre réussit à faire le grand-écart d’Adoption à Zoulou en passant par Banania, Diop, Mbappé, Nakamura, Noah ou Taubira. Artistes, soldats, sportifs, hommes et femmes politiques, des pages sur la publicité, sur le déboulonnage des statues, l’interdiction du mariage mixte sous Napoléon Bonaparte ou encore le code noir, ce livre d’une grande richesse se veut juste sans être sombre ou triste. Pour preuve la photo de couverture et ses sourires, montrant les trois auteurs en train de se marrer. Pourquoi l’être ? « Cette histoire est riche de 1 milliard de choses comme toutes les histoires, il n’y a pas de raisons qu’elle soit plus malheureuse que heureuse. Elle est faite de multiplicités, de diversité, de richesses, de musiques, d’expositions (…), c’est cette diversité qu’on voulait raconter, qui a ses côtés fun et ses moments difficiles ».
Pour chercher des célébrités noires aux États-Unis ?
Des élu.e.s cherchent un nom de rue, de place, d’école ou de musée à donner ? Pourquoi trop souvent aller chercher des personnalités noires célèbres ou marquantes aux États-Unis ? La France a sa propre histoire faite de politiques, d’artistes, chanteurs, acteurs, écrivains, poètes ou encore de sportifs. Autre parallèle avec les USA, il y a plus de mariage dits mixte de notre côté de l’océan. L’histoire de la France noire est « incroyablement inscrite dans le récit national depuis plus de deux siècles« . Le problème est que cette richesse n’est pas dans les livres, n’est pas dans la rue ou l’espace public. Il a fallu rassembler cette richesse pour la transposer et la raconter. On peut et doit souligner des progrès ici et là : une promenade Edouard Glissant, un métro Aimé Césaire, et non des moindres, Joséphine Baker entrée au Panthéon, femme noire parmi les grands Hommes.
Remettre en lumière des oublis de l’histoire de France
On oublie en parallèle qu’un certain Gaston Monnerville a été pendant des années le 2è personnage de l’État en France, un homme noir né en Guyane. Ou encore l’histoire de Severiano de Heredia au 19è siècle, communard d’origine cubaine qui étudie en France et prend la nationalité française, sera élu du 17è arrondissement de Paris, maire, député, 1er ministre et inventeur des bibliothèques municipales sous la IIIè République. Ces personnalités sont mises en miroir avec des sujets plus sombres comme le sourire de Banania. Ceci pour expliquer les époques et l’histoire, dire ce qui se cachait derrière, pour « rappeler que Léopold Senghor disait dans son poème « j’irai déchirer le rire Banania » qui symbolisait le prototype du libérateur, pourtant noir, mais réincarné par ce genre de sourire qui allait nous (noirs) coûter très cher« .
« Ce n’est pas un livre pour venir confronter, pour venir gueuler, c’est un livre ludique, un livre historique populaire, pour dire à n’importe quel Français que l’histoire de France est aussi cousue de fil blanc » : tous les moments constitutifs de celle-ci ne sont mis pas en évidence dans les manuels ou la société et ainsi pas assez connus ou reconnus.
Poursuivez et découvrez l’histoire de la France noire avec Alain Mabanckou, Pascal Blanchard et Abdourahman Waberi au micro de Léa Salam pour leur ouvrage Notre France noire, de A à Z (éditions Fayard, 2023).
Le téléphone sonne
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