Les artistes Outre-mer présents à la Cité internationale des Arts à Paris ouvrent les portes de leurs studios

Elles et ils sont pour la grande majorité en résidence à la Cité internationale des Arts à Paris dans le cadre du programme Ondes, dédié aux artistes résidents ou originaires des Outre-mer. D’autres, issus de programmes différents, ont été intégrés à cette porte ouverte leur permettant de présenter leurs travaux au monde professionnel de l’art dans la capitale. 

C’est le cas par exemple d’Evrard Chaussoy, en résidence dans le cadre d’un programme initié entre la Polynésie et la Cité internationale des Arts. À travers ses tableaux, il « essaye de parler des cultures autochtones, de la culture polynésienne en l’occurrence, qui tendent à disparaître avec la modernité et la mondialisation, et aussi la nature ». Evrard Chaussoy s’est inspiré du travail ancestral du tapa : cette écorce frappée pour en devenir étoffe, peinte à l’aide de « planches de bois sculptées qu’on pressait comme un tampon » sur celles-ci. Dans une démarche toute singulière, Evrard Chaussoy a aussi sculpté une main à partir des cartons de colis envoyé par sa famille depuis Tahiti, comme une allégorie du don. 

Amérindienne Kalin’a de Guyane, Keywa Henri « fabrique des animations » dans lesquelles elle s’intéresse « à la matière, au temps, à l’image fixe et en mouvement », tout en y intégrant des « questionnements politiques et sociétaux ». « Le projet que je suis en train de mettre en place s’appelle wo salaha, qui veut dire « je reviens ». Ça part de la période de 1842 à 1892, celle des zoos humains. Période durant laquelle mes aïeux Kalin’a ont été exhibés ici à Paris », explique la jeune artiste franco-brésilienne. « Cette histoire est encore trop méconnu », ajoute-t-elle, utilisant des archives pour s’approprier sa propre histoire. 

Réalisatrice et photographe tahitienne, connue pour avoir réalisé en 2012 le premier documentaire biographique sur Pouvanaa a Oopa, Marie-Hélène Villierme s’est attachée à raconter, à sa manière, l’histoire et les mémoires des essais nucléaires, dans un documentaire sonore et visuel, grâce à ses longues années de terrain sur l’ensemble des archipels polynésiens. « Depuis 30 ans maintenant j’enregistre les gens pour collecter des histoires », des histoires qu’elle a agrémenté de ses propres photographies. « Mon champ de travail, c’est la mémoire, le temps et la notion de communauté ». Parmi les témoignages, celui d’une ancienne de l’atoll de Tureia, qui a mis au monde son enfant dans un bunker pendant le tir Canopus, première bombe H française : le ministre de la Recherche scientifique et des questions atomiques avait alors demandé aux parents d’appeler leur fils Canopus… 

Rémy Hnaije, né à Siloam, sur l’île de Lifou en Nouvelle-Calédonie, travaille au sein de la compagnie Nyan au Centre Culturel Jean-Marie Tjibaou. Mardi, cet artiste dramaturge a proposé une réflexion sur l’entre-deux, à la fois sonore, visuelle et olfactive. « Transcendant les frontières, chaque représentation sort des sentiers battus pour parler de coexistence entre traditions et modernités », dit de lui la Cité internationale. « Cette dualité en fait à la fois un lutin, un guerrier et un citoyen du monde qui bouleverse les règles établies. L’ensemble toujours en perpétuelle métamorphose met à l’honneur, en toute humilité, la culture Kanak et le monde océanien ».

Enfin, la rédaction a aussi pu découvrir un aperçu des réalisations de Roseman Robinot, artiste peintre guyanaise née en Martinique, qui a proposé aux quelques visiteurs de mardi un chemin à travers sa représentation de l’onde, hommage au programme de la Cité : « la propagation d’une perturbation produisant sur son passage une variation irréversible ».

L’ensemble des artistes Outre-mer présents à la Cité internationale des Arts dans le cadre du programme Ondes présenteront leurs œuvres le dimanche 19 novembre, de 18h à 21h30, au 18 rue de l’Hôtel de Ville, dans le 4ème arrondissement de la Capitale. Elles et ils viennent de Guadeloupe, de Saint-Martin, de Guyane, de La Réunion, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française :

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