L’ayahuasca, un breuvage hallucinogène d’origine végétale, occupe une place centrale dans la vie des sociétés d’Amazonie occidentale, qui le mobilisent notamment à des fins esthétiques.
La première section de l’exposition met à l’honneur les représentations artistiques inspirées par les visions produites par l’ayahuasca chez les Shipibo-Konibo d’Amazonie péruvienne. Cette communauté autochtone pousse à son plus haut degré de raffinement un répertoire composé de rythmes graphiques et géométriques – les motifs kené -, qu’ils représentent sur différents supports : textile, poterie, sculpture, compositions de perles…
Une réflexion sur les usages sociaux de ces images
Au-delà de leurs qualités esthétiques cette substance psychédélique se révèlent alors non seulement vecteurs d’inspiration artistique, mais aussi vecteurs de pratiques thérapeutiques, d’émancipation politique, de développement personnel ou de nouvelles formes de religiosité.
L’émergence d’un art visionnaire d’Amazonie péruvienne
Privilégiant le mode d’expression pictural, une nouvelle génération d’artistes a récemment accédé à la notoriété et a intégré le marché de l’art international en participant à des expositions en Amérique du Sud et en Europe. On peut y voir l’acte de naissance d’une « peinture visionnaire amazonienne » qui puise ses thématiques dans les cultures et les problématiques contemporaines des groupes autochtones de la région. Pour la plupart de ces artistes, les visions induites par l’ayahuasca constituent une source d’inspiration de premier ordre.
Globalisation de l’ayahuasca et art psychédélique
La troisième section de l’exposition donne à voir l’art inspiré de la mondialisation des pratiques chamaniques. Longtemps cantonné au monde amérindien, l’usage ritualisé des hallucinogènes bénéficie depuis la seconde moitié du 20e siècle d’une importante diffusion transnationale. L’émergence du « tourisme chamanique » a donné naissance à une nouvelle iconographie, influencée par les expériences des participants aux rites chamaniques, parmi lesquels figurent de nombreux artistes occidentaux.
A noter qu’une place privilégiée est accordée dans l’exposition aux productions audiovisuelles – film, art digital, images de synthèse, réalité virtuelle – qui ont récemment marqué ce courant.
Commissariat
David Dupuis est docteur en anthropologie, chargé de recherche à l’INSERM (IRIS/ EHESS).
Élise Grandgeorge est doctorante en Histoire de l’art contemporain au laboratoire HAR (histoire des arts et des représentations) de l’Université Paris Nanterre.
Plus d’information sur le site du musée du Quai Branly – Jacques Chirac
Quelques œuvres à découvrir jusqu’au 26 mai 2024 :
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