Copropriétaire de la ferme pédagogique Va Mollo à La Motte-Ternant, Laurent Bulot s’apprête à vivre le voyage d’une vie. Ce mercredi 22 novembre, cet éleveur d’équidés, spécialiste de spectacles équestres, s’envolera pour l’Argentine. Jusqu’en mai 2024, soit durant six mois, il va traverser le pays à dos de cheval, entre San Miguel de Tucumán, au nord, jusqu’à Ushuaia, au sud.
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Aujourd’hui à 19:00
« Qui ménage sa monture ira loin ». C’est accompagné de ce célèbre adage équin que Laurent Bulot va découvrir, pour la première fois de sa vie, l’Argentine. Dans trois jours, le 22 novembre, ce Côte-d’Orien prendra la direction de Buenos Aires.
Une fois arrivé dans la capitale, cet habitant de La Motte-Ternant se rendra, avec l’ensemble de ses bagages et en bus, à San Miguel de Tucumán, le lieu du départ de son périple. Avant d’entamer une expédition longue de 170 jours, il sera alors l’heure d’acheter des montures : trois précisément. Car le périple, du nord du pays, jusqu’à Ushuaia, au sud, se fera entièrement à cheval.
Un rêve devenu réalité
« Ce sera sûrement des criollos (terme générique pour désigner plusieurs races de petits chevaux d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale), c’est ce qu’on trouve le plus facilement », souffle Laurent Bulot, propriétaire d’un centre équestre dans le nord pendant vingt ans. Trois fidèles accompagnateurs, car l’intéressé ne voyagera pas seul.
« Je rejoins un copain, Arnaud Maldague, qui est parti d’Alaska et qui voyage uniquement à l’aide de moyens non motorisés. En ce moment, il est à vélo. Avant, il a fait du ski, du bateau, il vient de finir la traversée de l’Amazonie en pagaie », rétorque celui qui avait anticipé ce voyage : « C’était prévu depuis deux ans. Je souhaitais aider mon ami mais le covid l’a retardé. Les gauchos argentins sont connus pour vivre avec leurs chevaux. Aller là-bas, c’est un peu le rêve de tout cavalier ».
Bien loin des villes, les deux hommes vont s’aventurer dans les coins les plus reculés du pays, pour se reconnecter avec la nature. Ils espèrent alterner entre nuits en tente et repos chez l’habitant.
« Si tout est programmé, il n’y a pas de magie »
« On est dans un pays qui est en plein bouleversement, il y a des élections présidentielles en ce moment, suivies d’une grosse inflation. Mais je ne m’inquiète pas, quand on est à cheval, il y a un lien social fort qui se crée », sourit ce diplômé en équitation éthologique, des étoiles plein les yeux. « Les rencontres, c’est de l’inattendu, le voyage est rempli de surprises tout le temps. Ce qui fait peur, c’est ce qu’on s’imagine. Si tout est programmé, il n’y a pas de magie. »
Si Laurent Bulot semble avoir pensé aux moindres détails (voir par ailleurs) , un paramètre le contrarie encore et toujours : la langue. « Le vrai grand défi pour moi, c’est cette barrière de la langue. C’est ma lutte depuis toujours, notre enseignement de la langue est plein de lacunes. C’est en étant dans le pays que l’on fait le plus de progrès », prolonge-t-il, lui qui croit en ses chances de progresser en espagnol.
Un retour le 13 mai, une prestation deux jours après
Les pieds encore en Côte-d’Or, Laurent Bulot connaît d’ores et déjà sa date de retour pour la France, le 13 mai 2024. Un décollage qui s’effectuera de Buenos Aires. À la fin du parcours, à Ushuaia, pointe la plus méridionale de l’Amérique du Sud, les chevaux seront donc vendus dans des haciendas (grande exploitation rurale en Amérique latine, ndlr).
« On ne devrait pas avoir de mal à les revendre, ils auront pris un peu de valeur, ils auront bien travaillé », fait savoir le guide, qui travaillera sans carte, mais bien à l’aide des indications des habitants.
Alors qu’il s’est fixé un objectif de temps, le passionné d’équitation n’a pas le droit à l’erreur, il sera en prestation dans le nord dès… le 15 mai. « Il faut que je sois rentré pour la course de la Bague (le 31 mai 2024, ndlr) », rigole celui qui a été le principal fournisseur de chevaux pour l’édition 2023. Avec une victoire à la clé ?
En totale autonomie, quelles affaires emporte l’explorateur ?
En s’offrant le défi de parcourir le pays argentin à cheval, Laurent Bulot a opté pour le confort le plus précaire. Pas d’extra ni de fioritures, le cavalier et ses chevaux porteront l’intégralité des bagages. En ce sens, le Côte-d’Orien a choisi d’emporter une seule sacoche avec des vêtements… pour six mois. Une tenue ou deux, avec un indispensable blouson de pluie.
Dans les valises, se trouvent également : un filtre à eau pour les boissons, un panneau solaire pour recharger le téléphone, un seau en plastique dépliable de vingt litres qui sert de salle de bains et de bac à eau pour les chevaux, un opinel de poche économe. Ou encore : une éponge créée à partir de collants, une pharmacie à la fois pour les chevaux et pour Laurent Bulot avec des huiles essentielles, tout le matériel pour ferrer un cheval…
« Nos limites, ce sont nous qui nous les mettons »
Sans oublier le fameux lexique et ses phrases toutes faites et son carnet avec les numéros d’urgence, parmi lesquels l’ambassade, le consulat, la police.
« L’adaptabilité est le maître-mot du voyage. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est le partage. Aussi, montrer qu’il n’y a pas de limites dans nos projets, nos limites, ce sont nous qui nous les mettons. Aujourd’hui, je travaille beaucoup avec des jeunes et je me rends compte que beaucoup ont peur de tout. On doit montrer l’exemple », confie celui qui est récemment parti tester son matériel dans le Morvan dans un voyage-test.
Grâce à une application, l’école de Thoisy-la-Berchère va suivre le périple étape par étape
À plus de 10 000 kilomètres de la position de Laurent Bulot, les enfants de l’école de Thoisy-la-Berchère en haute Côte-d’Or, vont suivre, à l’aide de photos et de l’application Polarsteps, le chemin parcouru par le cavalier. Un choix qui ne résulte pas du hasard, l’établissement est fréquenté par Gauvain, 5 ans, le fils de l’intéressé. Il va pouvoir suivre, pas à pas, les péripéties de son papa.
« Moi-même, je vais découvrir beaucoup de choses, j’en suis sûr ! »
« On va suivre géographiquement son périple. On va s’intéresser au relief, au climat, aux habitudes des gens là-bas. Moi-même, je vais découvrir beaucoup de choses, j’en suis sûr ! », s’exclame Catherine Communeau, l’institutrice de la structure, très heureuse de porter ce projet pédagogique très enrichissant auprès de ses élèves de 4 à 10 ans, qui sont répartis dans une classe unique.
« C’est une ouverture d’esprit. Les enfants étaient étonnés qu’il n’y ait pas de toilettes le long du parcours », sourit l’enseignante.
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