Les Miss, le coup de boost tant attendu en Guyane

Si les candidates de la promotion 2024 ont eu droit à un carnaval de bienvenue, c’est que l’office du tourisme et le comité régional de Miss Guyane avaient de quoi faire la fête, eux qui faisaient de l’œil à la société Miss France depuis trois ans pour que le voyage des Miss se tienne ici. Les dernières éditions avaient eu lieu en Polynésie, à la Réunion, puis en Guadeloupe, des DOM-TOM où les touristes affluent chaque année, peu importe si les Miss ont paradé en maillot quelques mois plus tôt. Mais en Guyane, le passage des candidates – en maillot ou non – peut avoir un impact sur l’économie locale. Du moins, c’est bien ce qu’espère Jean-Luc Le West…

Alicia Aylies appelée en renfort

« La Guyane a besoin de visibilité. Cette opération a pour but de montrer une autre image de la région, de promouvoir sa biodiversité, sa faune et sa flore, mais aussi les femmes et les hommes qui vivent sur ce territoire, dans un multiculturalisme fort. Il est important pour nous de rappeler que la Guyane est une terre française, européenne, que c’est une porte d’entrée et de sortie de l’Amérique du Sud et de l’Amazonie. Nous sommes le poumon de la France”, commente celui qui a judicieusement négocié avec France Télévisions la diffusion de l’émission « Echappée Belle » consacrée à la Guyane deux semaines avant l’arrivée des Miss, et celle de « Nos terres inconnues », sur le même thème, deux jours plus tôt.

Autre porte-parole de choix, Alicia Aylies, Miss Guyane 2016 élue Miss France 2017, elle aussi présente pour accueillir les candidates dimanche soir à Cayenne. « C’est important pour nous de montrer notre belle Guyane. Beaucoup sont sceptiques quand on évoque notre région. Les Miss sont là pour parler de leur expérience sur leurs réseaux sociaux, pour en parler avec leur famille, leurs amis… »

Sa « petite soeur » Audrey Ho-Wen-Tsaï, Miss Guyane 2023, est elle aussi en mission immersive. Elle tient d’ailleurs un discours de campagne bien rodé : « On souffre de cette image d’’enfer vert’ et le voyage va permettre de redorer l’image de la région. Je veux la promouvoir auprès des autres candidates, qu’elles aient des étoiles dans les yeux pour qu’elles puissent ensuite en parler autour d’elles », annonce celle qui joue les guides touristiques avec plaisir, même quand il s’agit de rassurer ses camarades sur la menace des « petites bêtes ».

C’est pas la petite bête qui va manger la grosse

Serpents, insectes et araignées grosses comme la main (d’adulte) peuvent elles aussi faire partie du comité d’accueil. Visiter la porte d’entrée de l’Amazonie oui, passer des vacances façon Mike Horn, à réfléchir… « Les petites bêtes, il y en a, mais je pense qu’il faut mettre tout ça très à la marge. Il y a des moyens pour les repousser, non pas les éradiquer », rassure Jean-Luc Le West. Et les grosses ? « Les animaux ont plus peur de vous que vous avez peur d’eux. Le plus grand danger en forêt, ce sont nous, les humains. Il n’y a jamais eu d’attaque de jaguar sur un être humain, jamais, il n’attaque que les quadrupèdes. »

Objectif 250 000 touristes d’ici à 2030

Jean-Luc Le West

La faune inquiétante, l’image peu reluisante du bagne qui vient tout de suite à l’esprit quand on parle de la Guyane, le manque d’infrastructures, l’absence de plages avec de l’eau translucide… Autant d’éléments qui freinent les réservations des touristes. Mais le département compte bien s’ouvrir à un tourisme, non pas de masse, mais de niche, tourné vers la biodiversité.

« Nous avons aujourd’hui 110 000 touristes par an, pour 300 000 habitants. Objectif 250 000 touristes d’ici à 2030. Au-delà ? Je ne sais pas si on en a envie. On veut faire du tourisme, mais du tourisme de qualité. Beaucoup de mes compatriotes aimeraient avoir, comme les Antilles, un million de touristes par an, mais nous n’avons pas les infrastructures, ni le pays pour le faire », nuance le président du comité du tourisme, qui soutient le développement de lodges ou de logements chez l’habitant.

Le comité du tourisme, le comité régional de Miss Guyane et la société Miss France ont, main dans la main, conçu un programme dense pour la semaine des candidates : rencontre avec les animaux d’un zoo-refuge, nuit de camp en pleine forêt, visite du centre spatial de Kourou et des Iles du Salut, atelier cuisine… Autant d’activités durant lesquelles les Miss devront, non pas seulement briller pour tenter de remporter la couronne, mais faire briller la Guyane.