A Jazz à La Villette, les croisements stylistiques du jazz britannique

MUSIQUE

Depuis plusieurs années, le festival Jazz à La Villette, dans le parc du même nom à Paris, met à son programme annuel des musiciennes et des musiciens de ladite « nouvelle scène britannique du jazz », apparue peu ou prou au milieu des années 2010. Des artistes qui se retrouvent dans divers collectifs, jouent parfois dans plusieurs groupes, mettent le jazz en jeu avec d’autres genres, la soul, l’électro, les musiques des Antilles britanniques, la pop, le rap…

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Ainsi sont déjà venus au festival les groupes Maisha, Kokoroko mené par la trompettiste Sheila Maurice-Grey, GoGo Penguin (qui revient samedi 9 septembre), la saxophoniste Nubya Garcia, la chanteuse Zara McFarlane, et le saxophoniste Shabaka Hutchings − probablement le plus connu. Samedi 2 septembre, le festival recevait sous la charpente métallique de la Grande Halle deux formations, Steam Down, fondée en 2017, et Ezra Collective, née en 2016.

Au cœur de Steam Down, qui mêle à l’improvisation jazz des éléments d’afrobeat (popularisé dans les années 1970 par le Nigérian Fela Kuti, mort en 1997) et du rap, il y a le saxophoniste et chanteur Wayne Francis, dit Ahnansé. Durant le concert, il évoque l’importance pour lui du saxophoniste américain Wayne Shorter (1933-2023). Ce qui s’entend par moments dans la construction de ses interventions solistes, dont le lyrisme peut aussi évoquer celui de Pharoah Sanders (1940-2022). Ses phrases trouvent un complément dans la force vocale du chanteur Afronaut Zu. Un passage vers le reggae, un autre vers le souvenir d’un voyage en Colombie mènent la musique du groupe vers d’autres terrains, plaisants, mais sans se montrer très créatifs.

Afrobeat et soul jazz

C’est également un peu ce qui ressort de la prestation du quintette Ezra Collective. A sa tête, le batteur Femi Koleoso. Là aussi, l’afrobeat est une source évidente, avec des ajouts de musique cubaine. Sans vraiment, en tout cas lors de ce concert, aller au-delà de la référence stylistique, la développer. Quelques parties solistes du claviériste Joe Armon-Jones et du trompettiste Ife Ogunjobi relancent l’intérêt. A plusieurs reprises, l’élan de cette musique, certes euphorisante, est coupé par des monologues de Femi Koleoso. « Ezra Collective veut vous rendre heureux (…), la joie est la plus belle chose au monde. » Dans la salle, en accord avec ces déclarations, on danse, on chante « lalalala » à la demande.

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Entre les formations britanniques, le festival a reçu, pour la deuxième fois, l’Organ Trio de l’Américain Delvon Lamarr, fondé à Seattle en 2015. Soul jazz de la fin des années 1950, début des années 1960, et funk dominent. A l’orgue Hammond, avec cabine Leslie (système d’amplification et de modulation du son par rotation), jeu de basse au pédalier de l’orgue, Delvon Lamarr ne fait pas passer sa virtuosité au premier plan. Les membres actuels du trio, le guitariste Josh Perdue, en jeu surtout rythmique, subtil dans l’emploi de la pédale d’effet wah-wah, et le batteur Sam Groveman, sont de précis accompagnateurs.

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