À la Une: la presse malmenée en Guinée

Le bandeau barre la Une de plusieurs sites d’information guinéens, notamment Ledjely ou encore Guinée 7. On peut y lire : « Tous unis contre la censure en Guinée : un média de moins c’est une liberté de moins. » Et en effet, alors que le chef de la junte qui dirige le pays, le colonel Doumbouya, assoit son pouvoir – il vient d’être élevé au grade de général de corps d’armée, les médias guinéens sont étouffés. Ledjely résume la situation : « La presse guinéenne vit depuis environ deux mois la plus sombre page de son histoire (…). Depuis fin novembre, les attaques contre la pratique du journalisme sont allées crescendo de la part des autorités guinéennes. Cela a commencé par le brouillage des principales radios du pays. Dans la foulée, il y a eu la restriction de l’accès aux réseaux sociaux vers lesquels les articles de la presse en ligne sont relayés. Le décrochage des principales télévisions du pays des bouquets Canal+ et StarTimes est intervenu dans le même sillage. Et depuis jeudi dernier, relève encore le site d’information guinéen, plusieurs journalistes, membres du SPPG, le Syndicat des professionnels de la presse en Guinée dont son secrétaire général, Sékou Jamal Pendessa, ont été arrêtés et poursuivis pour avoir appelé à manifester. Des agissements contre lesquels s’élèvent les associations de presse qui, parallèlement, s’activent à trouver une sortie de crise, en vue de tourner cette période peu glorieuse pour la presse guinéenne. »

Attroupement illégal et troubles à l’ordre public

Le 22 janvier, Sékou Jamal Pendessa a été placé sous mandat de dépôt après trois jours de garde à vue. Le tribunal l’a inculpé pour attroupement illégal et troubles à l’ordre public. Pour son avocat, Me Salifou Béavogui, interrogé par Aminata, autre site d’information guinéen, « le dossier devrait être purement et simplement classé : la manifestation non autorisée qu’on lui reproche n’a jamais eu lieu. Il était à la maison de la presse, au contraire c’est lui qui a été séquestré pendant plusieurs heures ». Pour sa part, le ministre de la Justice et des droits de l’homme, Alphonse Charles Wright a réagi devant la presse. Ses propos sont rapportés notamment par Guinée7 : « Montrer des vidéos partout à travers le monde pour dire que la liberté d’expression est agressée en Guinée, ce n’est pas ce qui est important pour moi, affirme-t-il. Quand on veut discuter des choses sereinement, ce n’est pas dans la rue qu’on peut trouver la solution. (…) On ne peut pas faire de l’État son adversaire. »

La partie de bras-de-fer se poursuit

« Visiblement, soupire Ledjely, il ne faut pas s’attendre de sitôt à un dénouement du bras de fer entre les autorités et la presse guinéenne. » Pour Ibrahima Kalil Diallo, secrétaire général adjoint du SPPG, interrogé par le site, « c’est une journée noire pour la Guinée (…). La lutte ne fait que commencer. Ils ont déclaré une guerre à la presse, nous sommes prêts à la mener, même si c’est au prix de notre sang », conclut le syndicaliste qui appelle à manifester mardi prochain.

En attendant, la Haute autorité de la communication a décidé d’entamer des consultations, relève AfricaGuinée. L’organe de régulation des médias en Guinée a invité les associations de presse signataires de la note adressée au gouvernement à une réunion d’échanges hier. Les associations de presse qui dénoncent la censure, les coupures et qui craignent pour la pérennité de l’emploi dans leur secteur. « Va-t-on vers la levée des restrictions imposées à certains médias ? », s’interroge encore le site AfricaGuinée. Pour l’instant, aucune avancée.

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