À Méli’môme, le festival jeune public de Reims, « on n’est pas là pour divertir les enfants avec un nez rouge »

Signe des temps, pour la première fois cette année, la question de l’inceste va traverser l’un des spectacles de Méli’môme, le festival jeune public de Reims qui débute ce mardi 2 avril et dure jusqu’au 16 avril. Bien sûr, plaisir, partage et beauté seront, comme chaque année depuis plus de 30 ans, au menu de la programmation toujours aussi poétique réservée aux tout-petits. Mais « on n’est pas là pour divertir les enfants avec un nez rouge, rappelle Joël Simon, le chef d’orchestre du festival. On souhaite les interroger, générer une réflexion. Petit à petit, on arrive à traiter des sujets forts. C’est la force du spectacle jeune public, il peut parler de tout, à condition qu’il y ait de l’espoir. »

« Vive » le spectacle proposé par la compagnie de Saône-et-Loire Superlune expose, le temps d’un procès d’assises, le destin d’une jeune cheffe abusée par son père. L’inceste est abordé au fil du spectacle par son avocat ou son entourage. « C’est un choix qu’on assume, confirme Joël Simon. Le texte de Joséphine Chaffin est très beau, ce n’est pas morbide. À travers le spectacle, ce sont des petites gouttes que l’on distille. On est très attentifs aux sujets de société car c’est l’essence même de notre festival. On le fait déjà depuis plus de dix ans sur la question de l’exil et des réfugiés. » Depuis sa création en 1989, Meli’Mômes n’a cessé de se positionner face à l’actualité mondiale. Harcèlement, guerre, immigration… autant de sujets abordés dans les précédentes éditions du festival qui fête son 34e anniversaire.

Ce n’est ni un hasard, ni un détail si la marraine de cette édition, Anaïs Llobet, est journaliste. « Ce festival n’est pas si éloigné de mon métier. Ce n’est ni superficiel, ni creux, ça va provoquer une réflexion. Quand on est journaliste on a à cœur d’aider les gens à se questionner sur le monde qui les entoure. Dans les spectacles programmés, on fait appel à l’intelligence de la jeunesse et à sa capacité à comprendre les enjeux actuels », souligne la jeune femme. Également écrivaine, elle a notamment été récompensée par le Prix Méditerranée 2022 pour son roman « Au café de la ville perdue ».

Tout un symbole d’ouverture sur le monde qui sied bien au festival pour enfants. « C’est une femme du monde, elle a exercé son métier aux Philippines, à Moscou, à Chypre. Son statut de journaliste fait écho à ce qu’on propose. La force du spectacle jeune public c’est sa capacité à aborder des thématiques difficiles, même si ça peut gêner ou déranger », résume Joël Simon. Les compagnies peuvent aborder des sujets liés à la séparation ou au rejet de l’autre, poursuit-il, même si la plupart des spectacles sont plus souvent des petites bulles de bonheur à l’état pur ». Entre 12 000 et 15 000 spectateurs viennent assister chaque année à la trentaine de représentations proposées par des compagnies du monde entier.

Rappelons que cet événement réunit entre 12 000 à 15 000 spectateurs chaque printemps dans la cité des Sacres. Au total, plus d’une trentaine de représentations seront proposées jusqu’au 16 avril par des compagnies venues du monde entier (entrée : 3 à 8 € jusqu’au 16 avril)

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