Confronté à un niveau de violence insoutenable, il commence en tâtonnant et connaît une série d’échecs. Après avoir tenté de négocier avec les deux principaux gangs, Salva Trucha (MS13) et Barrio 18 (aujourd’hui divisé en deux factions), sans succès, et à la suite du massacre de 83 personnes par les gangs, il fait adopter par le parlement l’état d’urgence et se lance dans des arrestations de masse qui concernent en quelques mois près de 60 000 personnes. Il réussit à arrêter tous ceux qui sont liés de près ou de loin aux gangs. Les autres, en nombre non négligeable, fuient le pays ou se réfugient dans les campagnes. À la différence des autres opérations mano dura, il ne relâche pas après quelques mois les petits délinquants, ou ceux qui ont collaboré de loin avec un gang, il les garde tous en prison, au prix de l’arrestation d’un grand nombre d’innocents. Son opération a été tellement rapide et tellement brutale qu’elle semble avoir réussi à désorganiser profondément la structure des gangs et à avoir paralysé les réseaux de corruption qui les protégeaient. Cette brutalité et la prolongation de l’état d’urgence sur une longue période sont l’une des raisons du succès de Bukele. Un succès qui s’est opéré au détriment du respect des droits humains et de la démocratie.
Selon le think tank américain InSight Crime, spécialisé dans la criminalité en Amérique latine, la réussite de Nayib Bukele dans sa lutte contre la criminalité est liée à trois facteurs : l’application de mesures légales extrêmes – l’état d’urgence, une interprétation très large de l’appartenance à un gang et une extrême concentration du pouvoir de décision dans la lutte contre les gangs entre les mains du président et de quelques-uns de ses proches.
Les mesures d’urgence votées par le parlement sous le choc des massacres à répétition menés par les gangs sont extrêmes et suspendent les droits constitutionnels des citoyens, notamment le droit à une défense légale et à la liberté de circulation : elles permettent aux forces de sécurité d’arrêter des suspects sans mandat d’arrêt et de les emprisonner sans jugement. Dans certains cas, les arrestations se sont faites sur la base de rumeurs ou de dénonciations douteuses. Des quotas auraient été mis en place sur le minimum d’arrestation que la police devait faire par jour. La définition d’organisation criminelle a été étendue à ceux qui aspirent à joindre un groupe criminel ou à ceux qui les aident de quelque façon que ce soit. L’état d’urgence voté par le parlement pour un mois a été prolongé 24 fois. Le gouvernement Bukele a fait construire une nouvelle prison pour accueillir 40 000 détenus, il y en aurait eu au total à peu près 75 000 et autour de 65 000 demeurent toujours en prison, un pourcentage conséquent de la population du pays, où le taux d’incarcération est aujourd’hui le plus haut du monde.
Cependant, pour l’opinion publique, les résultats sont là. Le nombre d’homicides est passé de 87 pour 100 000, un des taux les plus hauts d’Amérique latine, à 2,4 pour 100 000, le taux le plus bas, en 2023, grâce à l’accession au pouvoir de Nayib Bukele. Du jamais vu sur ce continent. Le plus étonnant est que ce très faible taux s’est maintenu depuis presque deux ans maintenant. Les quartiers reprennent vie et la vie sociale se réorganise. L’extorsion à considérablement baissé, même si quelques cas persistent.
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