Ariane 5 boucle sa carrière sur un succès

C’est la fin d’une aventure. Après vingt-sept ans de service et deux reports de son ultime envol, la fusée Ariane 5 a tiré sa révérence mercredi à Kourou, en Guyane française. Ariane 5 a décollé avec succès à 19 heures locales (22 heures GMT) depuis le Centre spatial guyanais à Kourou.

L’engin a envoyé en orbite un satellite français et un allemand. Le satellite de communications militaires français (Syracuse 4B) et le satellite expérimental allemand se sont séparés du lanceur au bout d’une trentaine de minutes pour être placés en orbite.

Dans l’attente d’Ariane 6

La troisième fois a donc été la bonne après deux reports . Le premier, le 16 juin, était dû à des « non-conformités » sur les lignes de commandes impliquées dans la séparation des boosters de la fusée. Quant au second, qui s’est produit le 4 juillet, il a été provoqué par des « vents défavorables à haute altitude » au-dessus du Centre spatial, entraînant un délai de 24 heures.

L’ultime tir d’Ariane 5 s’est déroulé sans encombre sous les yeux de centaines de spectateurs réunis sur place, parmi lesquels des officiels locaux ou encore l’ancienne ministre française de la Justice, la Guyanaise Christiane Taubira. Certains collaborateurs d’Arianespace ont laissé éclater leur joie après le décollage réussi, tandis que des applaudissements ont salué la deuxième séparation.

Ce vol d’adieu d’Ariane 5 sera suivi de longs mois de vide en attendant la future Ariane 6 – au mieux fin 2023 -, dont le déploiement pâtit de retards cumulés. Plus puissante et plus compétitive, avec des coûts divisés par deux par rapport à Ariane 5, Ariane 6 a été conçue pour résister à la concurrence de la société américaine SpaceX d’Elon Musk, qui réalise plus d’un tir par semaine.

Les essais pour sa qualification battent leur plein, mais l’ambiance est morose à Kourou. La fin d’Ariane 5 va entraîner 190 suppressions de postes sur 1.600, la nouvelle fusée ayant des besoins réduits en main-d’oeuvre et en maintenance.

Des débuts difficiles mais seulement deux échecs

Pour l’heure, le succès de ce dernier envol d’Ariane 5, le 117e vol de la fusée, restera dans les mémoires. Et comme le point final d’une longue carrière, qui avait pourtant connu des débuts difficiles avec l’explosion juste après le décollage lors de son vol inaugural en 1996. L’appareil n’a ensuite subi qu’un seul autre échec, en 2002.

La suite de l’histoire est une succession de succès, Ariane 5 s’étant forgé une réputation de fiabilité telle que la Nasa lui avait même confié son emblématique télescope James Webb, d’une valeur de 10 milliards de dollars. Le lancement réussi le jour de Noël en 2021 a marqué l’apothéose pour celle qui envoya les sondes Rosetta sur la comète Tchouri (2004) et Juice vers Jupiter, en avril 2023.

Avec une capacité de lancement doublée par rapport à Ariane 4, la cinquième du nom a permis à l’Europe de s’imposer sur le marché des satellites, profitant d’un « creux » côté américain. Une situation inversée depuis.