« Chaque coin de rue était un émerveillement » : rencontre avec Kévin Barbet, e-commerçant en Thaïlande

Quand on évoque la Thaïlande, les touristes du monde entier ont souvent tendance à se précipiter vers les îles ou encore les plages paradisiaques de sable blanc que compte le sud du pays. Rares sont ceux qui s’aventurent au nord. Une région plus sauvage, typique et à la fois authentique où le tourisme reste embryonnaire.

Ce sont pourtant ces critères qui ont charmé Kévin Barbet :  » En 2009, quand je suis arrivé pour la première fois sur le continent asiatique en compagnie de mon meilleur ami, Mehdi, notre point d’ancrage fut la capitale de la Thaïlande, Bangkok. Nous nous sommes ensuite rendus dans le sud et personnellement, ça ne m’a pas plu. C’était trop touristique et j’irais même jusqu’à employer le terme “dénaturalisé”. Sur place, j’ai fait la rencontre d’un Thaïlandais qui m’a parlé du nord du pays et de la ville de Chiang Mai en particulier. J’ai écouté mon instinct et ce fut un véritable coup de cœur. J’y vis depuis plus de 14 ans désormais. « 

Un parc d’attractions à l’Orée de Sologne refusé

Pourtant, le parcours de Kévin Barbet est loin de s’apparenter à un long fleuve tranquille. Vierzonnais de naissance, il a toujours eu une grande appétence pour le voyage. Après une scolarité au lycée Édouard-Vaillant et un DUT techniques de commercialisation à Tours (Indre-et-Loire), il se rend un an en Angleterre, à Coventry.  » J’ai 20 ans et je prends vite goût au voyage « , confie-t-il. C’est peu dire…

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Après une licence effectuée outre-Manche, il s’envole pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande afin de peaufiner son anglais neuf mois durant.  » À mon retour à Vierzon, j’avais pour projet de créer un lieu d’attractions pour enfants à l’Orée de Sologne qui venait juste de sortir de terre, explique-t-il. Aucune banque n’a voulu m’accompagner prétextant que la ville n’était pas assez attractive. Ce fut une grosse déception.  » Un échec qui aura son importance par la suite.

« En arrivant à Chiang Mai, j’ai pris une grosse claque sur le plan culturel. Chaque coin de rue était une nouvelle découverte »

Mais en attendant, l’appel du grand air est trop fort pour Kévin Barbet qui décide de boucler ses valises afin de s’envoler pour la Thaïlande.  » J’ai toujours reçu le soutien de mes parents qui m’ont poussé à voyager et être curieux, étaye le jeune Vierzonnais. À la base, j’avais planifié un périple dans le sud-est du continent asiatique, mais ça ne s’est pas passé comme prévu. En arrivant à Chiang Mai, j’ai pris une grosse claque sur le plan culturel. Chaque coin de rue était une nouvelle découverte, voire un émerveillement. J’ai tout de suite adoré cette ville.  » 

Mais pour s’implanter définitivement dans celle que l’on surnomme la « Rose du Nord », Kévin Barbet a dû faire preuve d’une persévérance sans faille :  » Les procédures de visas sont extrêmement complexes en Thaïlande, j’ai dû m’inscrire à une université, ce qui m’a permis de commencer à apprendre la langue, pour obtenir un visa étudiant d’un an. Pour vivre, c’était de la débrouille, j’avais quelques économies et je vendais quelques produits thaïlandais sur internet, que l’on ne trouvait pas en France, par l’intermédiaire de colis. Ensuite, la volonté d’entreprendre a repris le dessus. « 


Une volonté d’entreprendre qui le pousse à créer une marque de vêtements via un concept de store-bar.  » Cela a duré un an, mais ça n’a pas très bien fonctionné, se souvient-il. À ce moment-là, mes parents me rendent visite pour la première fois. Devant cet échec, ils évoquent la possibilité de réaliser ce lieu d’attraction pour enfants que nous avions imaginé à l’époque, à Vierzon. Tous deux fonctionnaires, ils ont pris une disponibilité d’un an et nous nous sommes lancés.  » 

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Le projet prend forme et fonctionne assez bien à ses débuts.  » C’était rentable, mais le changement fut assez difficile pour mes parents. Ils se sentaient isolés, loin de notre famille et ils se posaient beaucoup de questions quant à leur avenir et leur retraite. Au bout d’un an, on décide de tout vendre et mes parents sont rentrés en France. « 

Une prise de conscience en Amérique du Sud

 

Une fois n’est pas coutume, Kévin Barbet doit repartir de zéro :  » J’ai douté mais je ne me suis jamais découragé. J’ai pris la décision de passer un diplôme qui allait me permettre d’être professeur d’anglais en Thaïlande. Après avoir obtenu ce dernier, l’académie revient vers moi assez rapidement pour m’annoncer qu’un poste venait de se libérer dans le lycée qui est situé à 500 mètres de chez moi. Un énorme coup de chance. « 

C’est également à ce moment-là qu’il rencontre son épouse et future mère de ses deux enfants.  » Mon destin était tracé. J’avais enfin réussi à trouver une situation professionnelle, stable et dans ma vie personnelle tout était au beau fixe. Mais il me manquait quelque chose. En 2014, je décide de quitter la Thaïlande pour voyager en Amérique du Sud, ce fut très dur comme décision car j’étais très attaché à ce pays et à ma compagne. Mais je ressentais ce manque, très fort, de ne pas voyager. « 

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Baroudeur dans l’âme, il effectue un voyage de sept mois, sac à dos sur les épaules, avec deux amis, qui les a menés du Brésil au Mexique, en passant par le Paraguay, l’Argentine, l’Uruguay, le Chili, la Bolivie, le Pérou, l’Équateur et la Colombie. Ce périple, de plus de 30.000 kilomètres, fait office de prise de conscience pour Kévin Barbet :  » Ce fut exceptionnel, mais j’ai compris que ma place était en Thaïlande aux côtés de ma compagne.  » 

Rebelote, il retourne à Chiang Mai et retrouve un emploi en tant que professeur d’anglais. À 35 ans désormais, il a cessé de donner des cours depuis peu pour se consacrer au e-commerce.  » Un parcours atypique, j’en suis conscient, mais qui m’a mené à vivre des choses exceptionnelles, comme celle d’être désormais père de famille dans la ville où j’ai toujours voulu vivre. « 

 

Bastien Poupat

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